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mercredi, 11 mars 2020

Quelle cible après la Syrie ?

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Quelle cible après la Syrie ?

par Thierry Meyssan

Ex: http://www.zejournal.mobi

 
 

Les événements qui se sont produits au « Moyen-Orient élargi » depuis 2001 suivent une logique implacable. La question actuelle est de savoir si le moment est arrivé d’une nouvelle guerre en Turquie ou en Arabie saoudite. La réponse dépend notamment de la relance des hostilités en Libye. C’est dans ce contexte que doit être interprété le Protocole additionnel négocié par les présidents Erdogan et Poutine pour résoudre la crise d’Idleb.

19 ans de « guerre sans fin »

Le président George W. Bush décida de transformer radicalement les missions du Pentagone, ainsi que l’expliqua, le 13 septembre 2001, le colonel Ralph Peters dans la revue de l’Armée de Terre, Parameters. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, nomma l’amiral Arthur Cebrowski pour qu’il forme les futurs officiers. Celui-ci passa trois ans à faire le tour des universités militaires de sorte qu’aujourd’hui, la totalité des officiers généraux ont suivi ses cours. Sa pensée a été vulgarisée pour le grand public par son adjoint, Thomas Barnett.

Les zones touchées par la guerre US seront livrées au « chaos ». Ce concept doit être compris au sens du philosophe anglais Thomas Hobbes, c’est-à-dire comme l’absence de structures politiques capables de protéger les citoyens de leur propre violence (« L’homme est un loup pour l’homme »). Et non pas au sens biblique de faire table rase avant la création d’un ordre nouveau.

Cette guerre est une adaptation des Forces armées US à l’ère de la mondialisation, au passage du capitalisme productif au capitalisme financier. « La guerre est un racket » (War is a racket), disait avant la Seconde Guerre mondiale le général le plus décoré des États-Unis, Smedley Butler [1]. Désormais, les amis et les ennemis ne compteront plus, la guerre permettra une simple gestion des ressources naturelles.

Cette forme de guerre suppose de nombreux crimes contre l’humanité (notamment des nettoyages ethniques) que les Forces armées US ne peuvent pas commettre. Le secrétaire Donald Rumsfeld engagea donc des armées privées (dont Blackwater) et développa des organisations terroristes tout en prétendant les combattre.

Les administrations Bush et Obama ont suivi cette stratégie : détruire les structures étatiques de régions entières du monde. La guerre US n’a plus pour objectif de vaincre, mais de durer (la « guerre sans fin »). Le président Donald Trump et son premier conseiller de Sécurité nationale, le général Michael Flynn, ont remis en cause cette évolution sans parvenir à la changer. Aujourd’hui, les tenants de la pensée Rumsfeld/Cebrowski poursuivent ses objectifs non pas tant au travers du secrétariat à la Défense que de l’Otan.

Après que le président Bush a lancé la « guerre sans fin » en Afghanistan (2001) et en Iraq (2003), une forte contestation surgit au sein des élites politiques de Washington à propos des arguments qui avaient justifié l’invasion de l’Iraq et du désordre qui y régnait. Ce fut la Commission Baker-Hamilton (2006). Jamais, la guerre ne cessa ni en Afghanistan ni en Iraq, mais il fallu attendre cinq ans pour que le président Obama ouvre de nouveaux théâtres d’opération : la Libye (2011), la Syrie (2012) et le Yémen (2015).

Deux acteurs extérieurs ont interféré avec ce plan.
- En 2010-11, le Royaume-Uni a lancé le « Printemps arabe », une opération calquée sur la « Révolte arabe » de 1915 qui permit à Lawrence d’Arabie de placer les wahhabites au pouvoir dans la péninsule arabique. Il s’agissait cette fois de placer les Frères musulmans au pouvoir avec l’aide non pas du Pentagone, mais du département d’État US et de l’Otan.
- En 2014, la Russie est intervenue en Syrie, dont l’État ne s’était pas effondré et qu’elle a aidé à résister. Depuis lors, les Britanniques —qui y avaient tenté d’en changer le régime durant le « Printemps arabe » (2011-début 2012),— puis les États-Uniens —qui cherchaient à y renverser non pas le régime, mais l’État (mi-2012 à aujourd’hui)— ont dû s’en retirer. La Russie, qui poursuit le rêve de la Tsarine Catherine, se bat aujourd’hui contre le chaos, pour la stabilité —c’est-à-dire pour la défense des structures étatiques et le respect des frontières—.

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Le colonel Ralph Peters, qui avait révélé en 2001 la nouvelle stratégie du Pentagone, publia en 2006 la carte des objectifs de l’amiral Cebrowski. Elle montrait que seuls Israël et la Jordanie ne seraient pas atteints. Tous les autres pays du « Moyen-Orient élargi » (c’est-à-dire du Maroc au Pakistan) seraient progressivement privés d’État et tous les grands pays (dont l’Arabie saoudite et la Turquie) disparaîtraient.

Constatant que son meilleur allié, les États-Unis, prévoyait de couper son territoire en deux afin de créer un « Kurdistan libre », la Turquie tenta vainement de se rapprocher de la Chine, puis adopta la théorie du professeur Ahmet Davutoglu : « Zéro problème avec ses voisins ». Elle se distancia d’Israël et commença à négocier la paix avec Chypre, la Grèce, l’Arménie, l’Iraq, etc. Malgré le différend territorial sur le Hatay, elle créa un marché commun avec la Syrie. Cependant, en 2011, alors que la Libye était déjà isolée, la France convainquit la Turquie qu’elle pourrait échapper à la partition si elle se joignait aux ambitions de l’Otan. Le président Recep Tayyip Erdogan, un islamiste politique de la Milli Görus, adhéra à la Confrérie des Frères musulmans dont il ne faisait pas partie, en espérant récupérer à son profit les fruits du « Printemps arabe ». La Turquie se retourna contre l’un de ses principaux clients, la Libye, puis l’un de ses principaux partenaires, la Syrie.

En 2013, le Pentagone adapta la « guerre sans fin » aux réalités rencontrées sur le terrain. Robin Wright publia deux cartes rectificatives dans le New York Times. La première portait sur la division de la Libye, la seconde sur la création d’un « Kurdistan » ne touchant que la Syrie et l’Iraq et épargnant la moitié orientale de la Turquie et l’Iran. Elle annonçait aussi la création d’un « Sunnistan » à cheval sur l’Iraq et la Syrie, la partition de l’Arabie saoudite en cinq et du Yémen en deux. Cette dernière opération débuta en 2015.

Très heureux de ce rectificatif, l’état-major turc se prépara aux événements. Il conclut des accords avec le Qatar (2017), Koweït (2018) et le Soudan (2017) pour y installer des bases militaires et encercler le royaume saoudien. Lequel finança en 2019 une campagne de presse internationale contre le « Sultan » et un coup d’État au Soudan. Simultanément, la Turquie soutint le nouveau projet de « Kurdistan » épargnant son territoire et participa à la création du « Sunnistan » par Daesh sous le nom de « Califat ». Cependant, les interventions russe en Syrie et iranienne en Iraq firent échouer ce projet.

En 2017, le président régional Massoud Barzani organisa un référendum d’indépendance au Kurdistan iraquien. Immédiatement, l’Iraq, la Syrie, la Turquie et l’Iran comprirent que le Pentagone, revenant à son plan initial, s’apprêtait à créer un « Kurdistan libre » en charcutant leurs territoires respectifs. Ils se coalisèrent pour y faire échec. En 2019, le PKK/PYG annonça qu’il préparait l’indépendance du « Rojava » syrien. Sans attendre, l’Iraq, la Syrie, la Turquie et l’Iran se concertèrent à nouveau. La Turquie envahit le « Rojava », pourchassant le PKK/YPG, sans grande réaction des armées syrienne et russe.

En 2019, l’état-major turc acquit la conviction que le Pentagone, ayant renoncé provisoirement à détruire la Syrie, du fait de la présence russe, s’apprêtait désormais à détruire l’État turc. Pour repousser l’échéance, il tenta de réactiver la « guerre sans fin » en Libye, puis de menacer les membres de l’Otan des pires calamités : l’Union européenne de subversion migratoire et les États-Unis d’une guerre avec la Russie. Pour ce faire, il ouvrit aux migrants sa frontière avec la Grèce et attaqua les armées russe et syrienne à Idleb où elles bombardaient les jihadistes d’Al-Qaïda et de Daesh. qui s’y étaient réfugiés. C’est cet épisode que nous vivons aujourd’hui.

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La carte rectificative du projet de « remodelage du Moyen-Orient élargi », publiée par Robin Wright.

Le Protocole additionnel de Moscou

L’armée turque a occasionné des pertes russes et syriennes en février 2020, tandis que le président Erdo?an multipliait les coups de téléphone à son homologue russe, Poutine, pour faire baisser d’une main la tension qu’il provoquait de l’autre.

Le secrétaire d’État US, Mike Pompeo, s’est engagé à contenir les appétits du Pentagone si la Turquie aidait ce dernier à relancer la « guerre sans fin » en Libye. Ce pays est divisé en un millier de tribus qui s’affrontent autour de deux leaders principaux, agents patentés de la CIA, le président du Conseil présidentiel, Fayez el-Sarraj, et le commandant de l’Armée nationale, Khalifa Haftar.

La semaine dernière, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la Libye, le professeur Ghassan Salamé, a été prié de démissionner pour « raison de santé ». Il a obtempéré, non sans avoir exprimé sa mauvaise humeur lors d’une conférence de presse. Un axe a été constitué pour soutenir al-Sarraj par la Confrérie des Frères musulmans autour du Qatar et de la Turquie. Une seconde coalition est née autour d’Haftar avec l’Égypte et les Émirats arabes unis, mais aussi l’Arabie saoudite et la Syrie.

C’est le grand retour de cette dernière sur la scène internationale. La Syrie est auréolée de ses neuf années de Résistance victorieuse à la Confrérie et aux États-Unis. Deux ambassades libyenne et syrienne ont été ouvertes en grande pompe, le 4 mars, à Damas et à Benghazi.

Par ailleurs, l’Union européenne, après avoir solennellement condamné le « chantage turc aux réfugiés », envoya la présidente de la Commission observer le flux de réfugiés à la frontière gréco-turque et le président du Conseil sonder le président Erdogan à Ankara. Celui-ci confirma qu’un arrangement était possible si l’Union s’engageait à défendre l’« intégrité territoriale » de la Turquie.

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Avec un malin plaisir, le Kremlin a mis en scène la reddition de la Turquie : la délégation turque se tient debout, contrairement à l’habitude où l’on fournit des chaises aux invités ; dans son dos, une statue de l’impératrice Catherine la Grande rappelle que la Russie était déjà présente en Syrie au XVIIIème siècle. Enfin, les présidents Erdo?an et Poutine sont assis devant une pendule commémorative de la victoire russe sur l’Empire ottoman.

C’est donc sur cette base que le président Vladimir Poutine a reçu au Kremlin, le président Recep Tayyip Erdogan, le 5 mars. Une première réunion, restreinte, de trois heures a été consacrée aux relations avec les États-Unis. La Russie se serait engagée à protéger la Turquie d’une possible partition à la condition qu’elle signe et applique un Protocole additionnel sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Idleb [2]. Une seconde réunion, également de trois heures mais ouverte aux ministres et conseillers, a été consacrée à la rédaction de ce texte. Il prévoit la création d’un corridor de sécurité de 12 kilomètres de large autour de l’autoroute M4, surveillé conjointement par les deux parties. En clair : la Turquie recule au Nord de l’autoroute qui est rouverte et perd la ville de Jisr-el-Chogour, bastion des jihadistes. Surtout, elle doit appliquer enfin le mémorandum de Sotchi qui prévoit de ne soutenir que l’opposition armée syrienne, censée être démocratique et non pas islamiste, et de combattre les jihadistes. Or, cette « opposition armée démocratique » n’est qu’une chimère imaginée par la propagande britannique. De fait la Turquie devra soit tuer elle-même les jihadistes, soit poursuivre et terminer leur transfert d’Idleb (Syrie), vers Djerba (Tunisie), puis Tripoli (Libye) comme elle avait commencé de le faire en janvier.

En outre, le 7 mars, le président Poutine a contacté l’ancien président Nazerbayev pour étudier avec lui la possibilité de déployer sous les auspice de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) des « chapkas bleues » kazakhs en Syrie. Cette option avait déjà été envisagée en 2012. Les soldats kazakhs ont la particularité d’être musulmans et non pas orthodoxes.

L’option de s’en prendre désormais à l’Arabie saoudite plutôt qu’à la Turquie a été activée par le Pentagone, croit-on savoir à Riyad, bien que le président Trump lui impose de délirantes commandes d’armement en échange de sa protection. La dissection de l’Arabie saoudite avait été envisagée par le Pentagone dès 2002 [3].

Des missiles ont été tirés cette semaine contre le palais royal à Riyad. Le prince Mohamed ben Salmane (dit « MBS », 34 ans) a fait arrêter son oncle, le prince Ahmed (70 ans), et son ancien concurrent et ex-prince héritier, le prince Mohamed ben Nayef (60 ans), ainsi que divers autres princes et des généraux. La province chiite de Qatif, où plusieurs villes ont déjà été rasées, a été isolée. Le prix du baril de pétrole a chuté à 31 dollars, menaçant la viabilité de l’industrie du pétrole de schiste aux USA. Les explications officielles sur les querelles de succession et le coronavirus ne suffisent pas [4].

Notes:

[1] « J’ai effectué 33 ans et 4 mois de service actif, et durant cette période, j’ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j’étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme. J’ai aidé à sécuriser le Mexique, plus particulièrement la ville de Tampico, au profit des groupes pétroliers américains en 1914. J’ai aidé à faire de Haïti et de Cuba un endroit convenable pour que les hommes de la National City Bank puissent y faire des profits. J’ai aidé au viol d’une demi-douzaine de républiques d’Amérique centrale au bénéfice de Wall Street. J’ai aidé à purifier le Nicaragua au profit de la banque américaine Brown Brothers de 1902 à 1912. J’ai apporté la lumière en République dominicaine au profit des entreprises sucrières américaines en 1916. J’ai livré le Honduras aux entreprises fruitières américaines en 1903. En Chine, en 1927, j’ai aidé à ce que l’entreprise Standard Oil fasse ses affaires en paix. » in War Is a Racket, Smedley Butler, Feral House (1935)

[2] “Additional Protocol to the Memorandum on Stabilization of the Situation in the Idlib De-Escalation Area”, Voltaire Network, 5 March 2020.

[3] "Taking Saudi out of Arabia", Powerpoint de Laurent Murawiec pour une réunion du Défense Policy Board (July 10, 2002).

[4] “Two Saudi Royal Princes Held, Accused of Plotting a Coup”, Bradley Hope, Wall Street Journal ; “Detaining Relatives, Saudi Prince Clamps Down”, David Kirkpatrick & Ben Hubbard, The New Yok Times, March 7, 2020.


- Source : Réseau Voltaire

mardi, 10 mars 2020

Ankara versus Damas. La guerre dans la guerre

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Ankara versus Damas. La guerre dans la guerre

Ex: https://geopolintel.fr

Pendant que tous se polarisent sur la progression du coronavirus, ce n’est pas encore tout à fait la guerre entre l’agressive Turquie islamo-kémaliste et la Syrie baasiste, mais cela commence à y ressembler furieusement. Alors que la bataille fait rage dans le ciel de la région d’Idlib – zone de désescalade au terme des Accords de Sotchi1 – un groupe aéronaval de la Marine américaine encadrant le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower à propulsion nucléaire de classe Nimitz, est entré le 29 février par le détroit de Gibraltar [marinetraffic.com], escorté par plusieurs croiseurs lance-missiles, en direction de la Méditerranée orientale. La veille, le 28, deux frégates russes, Amiral Makarov et Amiral Grigorovitch, dotées de systèmes Kalibr-NK (un redoutable missile de croisière à longue portée2) prirent le même chemin via les détroits du Bosphore et des Dardanelles avec pour mission (en principe ou au prétexte) d’assurer sur zone l’équilibre des forces… l’ex commandant de la Flotte de la Baltique, Vladimir Valouïev, précisant que les frégates pourraient le cas échant utiliser leurs missiles afin d’assurer la protection des bases et des positions russes en Syrie. À bon entendeur, salut !

L’Armada yankee constituerait - à en croire le sénateur Alexeï Pouchkov sur Twitter - un signe évident de « soutien à Ankara », membre de toute évidence peu fiable de l’Otan et qui a, dans l’affaire syrienne, peut-être vu plus grand que son ventre… car le président Erdogan ne peut désormais plus reculer, l’escalade étant amorcée de façon irréversible, sauf à se déjuger gravement. Là réside certainement un vrai danger sachant qu’en Orient il n’est pas envisageable de perdre la face sans essuyer aussitôt de cuisants dommages collatéraux. Or si actuellement les pertes turques sont officiellement d’une cinquantaine de morts, la réalité serait toute autre et le chiffre de 250 militaires tombés à l’occasion de l’actuelle offensive en territoire syrien serait plus en accord avec l’information disponible.

L’escalade vertigineuse autour de la poche djihadiste d’Idlib

Le 27 février, des éléments du groupe takfiriste Hayat Tahrir al-Cham3 (antérieurement connu sous le label Front al-Nosra, si estimé pour leur « bon boulot » par le ministre des Affaires étrangères, actuel président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, par ailleurs célèbre pour la sinistre affaire dite du “sang contaminé” et pour les frasques de son joueur de fils) lançaient une attaque contre les positions de l’Armée arabe syrienne (loyaliste). La riposte de l’armée syrienne fut sévère et 33 soldats turcs qui se trouvaient là – certainement par hasard – trouvèrent la mort4. Reste qu’en fonction des informations transmises par Ankara, aucune unité de l’armée turque « n’était présente ou n’aurait dû se trouver dans la zone concernée aux côtés des formations terroristes qui ont été pilonnées » à proximité du village de Bekhoun, comme le précise un communiqué du ministère russe de la Défense du 28 février. En outre « Le 1er mars, les forces de défense aérienne syrienne détruisaient six drones offensifs de l’armée turque agissant en soutien aux groupes terroristes » [sputniknews.com1ermars20].

La Turquie a depuis multiplié (le samedi 29) les frappes de drones contre les positions de l’armée syrienne, mais pour la première fois Ankara reconnaît ouvertement que celles-ci s’inscrivent dans le cadre d’une opération offensive générale dénommée “Bouclier de printemps”… dont le lancement a pris pour prétexte les bombardements syriens du 27 février. Damas déplore ainsi : « À 13h25, deux avions de chasse syriens [Su-25] ont été abattus dans l’espace aérien syrien lors de leur mission de combat contre des groupes terroristes dans la région d’Idlib » … Lesquels, selon Ankara, s’en seraient pris à des appareils turcs ! Les pilotes réussirent néanmoins à s’éjecter et sont saufs. Au reste des chasseurs-bombardiers F-16 turcs ne s’étaient pas gênés pour violer à deux reprises l’espace aérien du pays alors que ce 1er mars la Syrie venait de fermer son espace aérien au nord-ouest du pays, le ministère turc de la Défense prétendant sur Twitter avoir détruit trois systèmes de défense aérienne antimissiles. L’Aéroport d’Alep aurait été lui aussi dévasté. Le ministre de la Défense nationale turque, Hulusi Akar se vantait le 1er mars des succès de “Bouclier du printemps” avec la « neutralisation d’un drone, de huit hélicoptères, de 103 chars, de 72 obusiers [artillerie de 150], de trois systèmes de défense aérienne et de 2.212 militaires du régime [syrien] ». Rien que ça !

Guerre sur le terrain diplomatique

La Turquie avec une formidable bonne foi – celle de l’agresseur se faisant passer pour une victime - qualifie la réplique syrienne du 27 février d’attaque contre l’Otan et bat le rappel de ses alliés. Le Département d’État américain ne se faisait pas tirer l’oreille et apportait aussitôt son soutien au gentil allié turc. Erdogan, sollicitait directement l’appui de l’Hexagonie et joignait le Petit Chose élyséen par téléphone. Pourtant, la réplique syrienne, en toute logique aurait due être considéré comme un acte de légitime défense. Les forces turques sont entrées sur le territoire d’un État souverain sans y avoir été invitées (a contrario des Russes, des Iraniens et du Hezbollah, Parti libanais de gouvernement), par le pouvoir légal, seul légitime et unique représentant de la Syrie dans les cénacles de l’Organisation des Nations Unies. La Syrie ne s’expose donc à aucun blâme de la part du Conseil de Sécurité et bien entendu l’article V de la Charte atlantique (secours mutuel assuré en cas d’agression de l’un des membres du Pacte) ne peut en aucun cas être invoqué !

Par ailleurs une “déclaration” de l’Otan visant à soutenir (moralement) la Turquie a été bloquée par la Grèce qui entendait voir figurer dans ce document le respect de l’obligation faite à Ankara de retenir sur son territoire les réfugiés syriens, cela suivant l’accord Union européenne/Turquie de mars 20165. Migrants, parmi lesquels beaucoup d’Afghans, qui se concentrent aujourd’hui par milliers devant les barbelés de la frontière grecque, tandis qu’en Ionie, à Lesbos, particulièrement, les autochtones manifestent violemment contre l’installation de camps de rétention sur leurs îles. Trop, c’est trop, une situation explosive ! La proposition grecque s’est heurtée à l’hostilité du Royaume-Uni, de l’Allemagne, des États-Unis et de la France compradore. Athènes déboutée, a, en conséquence, mis son véto à la satisfaction des exigences d’Ankara qui demande par le truchement de son ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, d’entamer le processus de consultation politique prévu à l’article IV du Traité de Washington : « Les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée » [sputniknews.com29fev20]. C’est ainsi que le Loup se saupoudre le museau de farine pour mieux se faire passer pour l’agneau innocent… c’est avec la lâche complicité des Européens, qu’Erdogan tente de se réfugie dans les jupes de l’Alliance… par crainte assurément des S400 Triumph de la Fédération de Russie.

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En passant l’on voit bien dans quel camp se positionne l’Union européenne, à savoir dans celui du terrorisme international dont l’islamisme radical n’est qu’un faux nez et un instrument. On le voit bien avec M. Lévy qui, de média en média, arrache des sanglots aux foules à propos des « femmes et des enfants » pris en otage par les combats. C’est oublier les indissolubles liens de parenté qui unissent les djihadistes et leur famille (qui les suivraient en enfer : on l’a bien vu avec ces françaises partant rejoindre leurs compagnons sur les champs de bataille de l’État islamique – voir infra), ces mêmes islamistes qui égorgeaient à qui mieux mieux le 13 novembre 2015 au Bataclan.

Nos chers djihadistes sont ici chez eux

“Un ancien porte-parole du groupe islamiste syrien Jaysh Al-Islam soupçonné d’actes de barbarie et de crimes de guerre, a été interpellé le 31 janvier en possession d’un visa parfaitement en règle” !

Arrêté à Marseille, le djihadiste syrien Majdi Mustafa Nema, ex tortionnaire de l’État islamique, séjournait en France avec un visa totalement en règle… “Cet homme, né en 1988, se trouvait sur le sol français nanti d’un visa Erasmus”… Comment un individu de ce calibre est-il parvenu à se faire passer pour un étudiant ? Mystère ! L’Europe sans frontières des DDH est devenue un gruyère habité de courants d’air, mais à ce point ? Il vient, at last, d’être arrêté à Marseille par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCHGCG), la section de recherches de Marseille et le GIGN.

L’enquête conduite par le pôle “Crime contre l’humanité” du parquet national antiterroriste et l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre s’orientent vers ses innombrables contacts, les circonstances de son entrée en France et ses voyages en Europe, notamment en Italie. Ayant obtenu un visa Schengen délivré par le consulat de France à Istamboul, Majdi Mustafa Nema se trouvait, ici, chez nous, en situation régulière ! Dès le début de la révolution syrienne en 2011 (comprendre la guerre civile ethno-confessionnelle opposant les sunnites – en l’occurrence les Frères musulmans - aux Alaouites– assimilés à des chiites - et aux chrétiens), cet officier déserteur de l’armée gouvernementale avait rejoint les rebelles de la faction radicale islamiste Jaysh al-Islam (Armée de l’islam). Un parcours exemplaire en quelque sorte. Les quelque 20.000 combattants de Jaysh al-Islam ont tenu sous leur impitoyable férule la Ghouta orientale6, dans la grande banlieue de Damas. Ils sont entre autres soupçonnés d’avoir enlevé et torturé quatre militants des droits humains, dont une des têtes de file de la révolution syrienne, Razan Zaitouneh, tous aujourd’hui présumés morts, dont les corps n’ont cepndant jamais été retrouvés. C’est sous le nom de guerre d’Islam Alloush que Nema deviendra porte-parole de son organisation et recruteur hors pair d’enfants soldats [lemonde.fr1fév20].

En 2016, il rejoint la Turquie, considéré dans les milieux diplomatiques occidentaux comme étant l’une des marraines politico-militaires de l’Armée de l’islam. Sans se cacher le moins du monde, il se présentait sur les réseaux sociaux en tant que géopolitologue spécialiste des conflits au Proche-Orien, fréquentant – à ses dires - le « Toran Center for strategic studies » d’Istamboul. En France, le groupe Jaysh al-Islam n’étant pas catalogué comme terroriste – et pour cause – lors de la délivrance de son visa, Majdi Mustafa Nema n’était à ce titre visé par aucun mandat d’amener ! C’est donc depuis Istamboul qu’il va solliciter, sous sa véritable identité, la délivrance d’un visa pour étudier en France après avoir rédigé une lettre de motivation destinée à l’Institut de recherche sur le monde arabe et musulman (Iremam) de l’université Aix-Marseille, celui-ci dépendant du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

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Le djihadisme sanguinaire comme branche de recherche subventionnée par l’État, cela ne manque pas de sel. Certes après les « études de genre » plus rien ne doit surprendre ! Il obtient sans difficulté l’exeat valable à partir du 5 novembre 2019, délivré « sur la base d’un dossier complet » ainsi que l’a confirmé ce jeudi 27 la porte-parole du Quai d’Orsay après consultation du ministère de l’Intérieur [leparisien.fr6fév20]. Qu’en déduire ou qu’en conclure ? Majdi Mustafa Nema était-il un agent des Services français à l’instar du petit gars qui logea une balle dans la tête de Mouammar Kadhafi à l’occasion de son lynchage le 20 octobre 2011 à Syrte, sa ville natale, par une foule déchaînée… et qui vint mourir dans les bras des infirmières de l’hôpital militaire Val de Grâce ?

La veulerie occidentale a de beaux jours devant elle

En tout cas, il est ardu d ene pas voir dans une telle complaisance comme un aveu de complicité de la part de la France qui ne regardait pas – rappelons-le - les tueurs de Jaysh al-Islam comme des terroristes, mais comme des alliés dans la sourde lutte de nos démocraties libérales contre tous les intolérables souverainismes du monde arabe… ceux qui n’avaient pas fait allégeance à la République universelle comme Al Sissi en Égypte. Toutefois pour un djihadiste mis temporairement hors d’état de nuire - victime de la guerre des polices et des Services ? - trop nombreux sont ceux qui demeurent opérationnels… Car, le fait est formellement documenté, plusieurs dizaines de djihadistes français combattent en ce moment même en Syrie sur le front volcanique d’Idlib… France 24 diffusait ce vendredi 28 des images accablantes d’hommes – des ressortissants français, apparaissant dans une séquence vidéo d’une quarantaine de secondes - tirant au moyen d’armes automatiques sur un ennemi invisible et s’exprimant très clairement dans la langue fleurie du 9-3. Ces gens sont « présents sur zone depuis 2013, ont établi un camp à la frontière turco-syrienne » rapporte le journaliste, Wassim Nasr, après s’être entretenu deux heures durant sur Skype avec le recruteur français Omar Omsen, chef de cette unité djihadiste.

Femmes et enfants sont évidemment sur place et l’un des fils d’Omar Omsen figuerait parmi les tireurs faisant les beaux dans ce bout de film. Ayant prêté allégeance à Al-Qaïda à son arrivée en Syrie, ces djihadistes français auraient soi-disant « repris leur autonomie en 2018 », toujours à en croire Omar Omsen, lequel, bien sûr, ne nous dira pas pour qui, in fine, tout ce petit monde travaille vraiment : en faveur de l’islam radical wahhabite ou, joignant l’utile à l’agréable, pour l’État profond transnational ?

2 mars 2020

lundi, 09 mars 2020

The West is Falling Apart

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The West is Falling Apart

While the US officials continue to claim that the US-Europe alliance is functioning as usual, the fact that the post-World War Two arrangement is falling apart is becoming evident with each passing day. This was pretty obvious at the latest Munich security conference. While this even has traditionally the current administration… For we know that this shift began a while ago, and it will continue even after this administration.”

France, very much like Germany, made a clearly dissenting note when its president said, while clearly countering Mike Pompeo’s assertions with regards to the ‘West’s victory’, that the US is actually doing “a rethink of its relationship with Europe”, adding further that the European continent must take ‘its destiny’ in its own hands.

The division rests significantly on how to handle China. Whereas the US policymakers have been reiterating warnings against allowing Chinese telecoms firm Huawei any role in 5G technology, countries like even Britain, otherwise considered to be the US’ closest ally, recently announced that it would allow Huawei to build parts of its 5G mobile network. The decision was taken despite the US officials spending months lobbying against it.

For instance, in the last week of January 2020, some US Congressmen wrote to the members of the British National Security Council to urge them to bar Huawei from playing a role in their next-generation telecom networks. Their letter clearly said that “The facts on Huawei are clear. We hope that your government will make the right decision and reject Huawei’s inclusion in its 5G infrastructure.” Earlier in the second week of January 2020, a US delegation presented the UK with ‘new evidence’ claiming to show security risks posed by using the Chinese firm. None of this has worked of course to wean Britain away from China.

Even in the Munich conference, it became evident that the EU leaders do not share the US idea of China as an enemy. Therefore, the US attempts at manging global issues through unilateral confrontation— be it with Russia and China or Iran and Venezuela — are increasingly failing to strike a chord with Europe, the majority of whom are averse to any form of confrontation, least of all with Beijing.  “We cannot be the United States’ ‘junior partner,” said Macron, citing recent failures in the West’s policy of defiance. German Foreign Minister Heiko Maas echoed the sentiment, warning that China and Russia were ascendant in a new world order where the United States is taking a more confrontational role.

For Europe, confronting China and Russia is increasingly pointless. For one thing, despite decades of confrontation and so-called ‘containment’, the US/West has not been able to really contain either of the two powers. On the other hand, it is the very failure of the policy of containment that is pushing the US towards even more confrontation. For Europe, Russia and China are increasingly becoming important centres of global decision making. “Decisions about the future of the Middle East are made in Astana or Sochi instead of in Geneva or New York,” said German Foreign Minister, referring to the capital of Kazakhstan, now known as Nur-Sultan, and the Black Sea resort of Sochi in Russia.

With the Munich conference thus ending on an even increasing divisions within the West, it is becoming increasingly possible that the US dominated world is dying and there is an increasing acceptance of Russia and China as countries that can be worked with and, in fact, looked towards for investment and new security arrangements—something that shows that the disintegration of the transatlantic alliance is not merely a result of the Trump administration’s policies; it is a result of the changing global geo-political dynamics.

More specifically, it is the inevitable rise of China and Russia that is making it extremely difficult for Europe to remain locked in the binary of East-West rivalry when the world has already become multipolar. Europe’s assertion of its “sovereignty” is only an expression of its own transformation from a US ally to one of the multiple ‘poles.’

Salman Rafi Sheikh, research-analyst of International Relations and Pakistan’s foreign and domestic affairs, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

dimanche, 08 mars 2020

La fin de l’occupation américaine fera de l’Afghanistan un allié de la Russie

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La fin de l’occupation américaine fera de l’Afghanistan un allié de la Russie

L’humain sera t-il un jour capable de vivre en paix ? Les USA vont-il tenir leur promesse?

***

Source Observateur-Continental

Les Etats-Unis se sont engagés à quitter l’Afghanistan d’ici le 1er mai 2021. C’est le terme central de l’accord signé par les autorités américaines avec les talibans, les véritables gouverneurs de la majeure partie de ce pays montagneux. Mais qu’arrivera-t-il après le retrait de l’Otan d’Afghanistan?

L’accord signé la semaine dernière dans la capitale du Qatar entre l’administration américaine et le gouvernement taliban peut être résumé à un seul point – les forces étrangères quitteront l’Afghanistan dans 14 mois. En effet, cela arrivera si les talibans n’attaquaient pas les occupants et les forces gouvernementales, et s’entendaient sur la gestion conjointe du pays avec les protégés des Américains.

Mais c’est néanmoins la reconnaissance par Washington de l’évidence –après presque vingt ans l’occupation de l’Afghanistan les Américains se retirent en transférant le pouvoir à ceux qui dirigeaient le pays avant leur invasion. En d’autres termes, les Etats-Unis ont perdu la guerre après avoir dépensé 2.000 milliards de dollars avec une rotation totale d’effectifs de plus de 700.000 soldats.

Il était inutile d’attendre vingt ans pour s’en convaincre que les talibans ne peuvent pas être battus – l’absence de perspectives des tentatives de créer à Kaboul un gouvernement fantoche était claire dès le départ. Les Américains sont parvenus à occuper l’Afghanistan, mais pas à contrôler le pays: les talibans ont simplement quitté Kaboul et les centres provinciaux au profit des protégés des forces américaines et de leur propre armée – aux représentants de l’Alliance du Nord, essentiellement des Tadjiks et des Ouzbeks, tout en conservant le contrôle de la majeure partie du pays. Les talibans n’étaient pas seulement un « pouvoir de la nuit » – pendant toutes ces années ils restaient le pouvoir réel au moins pour les Pachtounes, le peuple le plus nombreux de l’Afghanistan.

Les Américains se sont enlisés en Afghanistan ne pouvant ni partir ni rester. Les activités militaires contre les talibans sont insensés – les Afghans ne veulent pas combattre des Afghans, malgré tous les différends interethniques et intertribaux. Se racheter constamment contre les talibans? Mais la guérilla des talibans ne cesserait alors jamais. Les talibans contrôlent déjà la majorité du pays, alors que les Américains sont bloqués dans leurs bases et à Kaboul.

La signature en soi de l’accord à Doha paraissait symbolique – des deux côtés il a été signé par des Pachtounes. Non, la paix avec les talibans n’a pas été signée par le gouvernement afghan, qui n’est pas reconnu par les talibans. Simplement du côté des Etats-Unis l’accord sur le retrait des troupes a été signé par le représentant spécial pour l’Afghanistan Zalmay Khalilzad, un Pachtoune, tout comme le chef adjoint des talibans Abdul Ghani Baradar, qui a signé l’accord du côté du pouvoir de la nuit.

La paix est signée à présent. Sera-t-elle respectée, les Américains partiront-ils? Eu égard à toutes les complexités de la répartition des forces afghanes et aux divergences parmi les talibans, aux conditions que les talibans doivent se séparer et mettre les choses au clair avec Daech et Al-Qaïda (ce qui pourrait toujours être un prétexte pour faire échouer l’accord), la disposition en soi des Américains à se retirer ne fait aucun doute. Le président américain Donald Trump veut quitter l’Afghanistan non seulement parce qu’il avait promis de le faire, mais également parce qu’il n’y a rien à en tirer.

La signification stratégique de l’Afghanistan est immense – dans la partie contre la Chine et la Russie elle pourrait, avec le temps, offrir des possibilités uniques. Mais les Américains ne peuvent pas en profiter – le pouvoir de Kaboul est aux prises avec des querelles intestines, d’année en année les talibans deviennent plus forts.

Certes, les Etats-Unis voudraient partir en maintenant leur influence avec un pouvoir ami, des conseillers militaires, voire une grande base. Mais les talibans ne toléreront aucun soldat américain sur le territoire afghan, sinon la guerre éclatera de nouveau.

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Mais ne commencerait-elle pas quoi qu’il arrive après le départ des Américains? Il est évident que le chemin de la paix ne sera pas facile, et le nouveau pouvoir afghan devrait être dans un premier temps une coalition – c’est précisément ce qui fera l’objet des négociations qui commenceront dans une semaine entre Kaboul et les talibans. D’abord sur la libération des prisonniers, la trêve, puis un accord sur la gouvernance conjointe.

Les Pachtounes, les Tadjiks, les Ouzbeks, les Hazaras, les Turkmènes et les autres peuples du pays doivent s’entendre aussi bien en leur sein qu’entre eux – le pays aurait alors une chance de mener une vie pacifique. Certes, il serait merveilleux si les forces extérieures les laissaient tranquilles, mais, hélas, c’est impossible. Sachant qu’ils seront influencés non seulement par les Etats-Unis, mais également par le Pakistan, l’Iran, la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite et d’autres forces intéressées. Dans tous les cas il faut aider les Afghans à trouver un terrain d’entente entre eux, et non les confronter.

Alors qu’un Afghanistan calme et paisible obtiendrait les garanties de sa sécurité de la part des voisins, ceux qui souhaitent la pacification réelle de ce pays, notamment la Russie et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). L’Afghanistan possède le statut d’observateur à l’OCS depuis 2012 – il ne peut pas devenir membre à part entière de l’organisation tant que des troupes de l’Otan demeurent sur le sol afghan. Après leur retrait et le renforcement du nouveau pouvoir, le pays pourra adhérer à l’OCS, qui entoure déjà l’Afghanistan de tous les côtés.

Observateur-Continental

samedi, 07 mars 2020

Poutine sur la mondialisation, les élites débiles et la classe moyenne en déclin

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Poutine sur la mondialisation, les élites débiles et la classe moyenne en déclin

par Mike Whitney
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
La mondialisation est l’un des grands problèmes de notre temps. L’effacement des frontières nationales, l’affaiblissement des gouvernements souverains et l’appauvrissement des travailleurs dans le monde développé ont déclenché une réaction patriotique massive qui menace de faire reculer le schéma d’intégration économique qui a placé le capital à la tête d’un nouvel ordre mondial.  
 
Les troubles sociaux généralisés, l’approfondissement de la polarisation politique et la montée incessante des partis de droite ont mis un frein à un processus visant à transformer le monde en une zone de libre-échange non réglementée supervisée par des banquiers centraux et des mandarins d’entreprises. L’avenir de ce projet est désormais très incertain.

Le problème fondamental de la globalisation n’est pas difficile à saisir. Les multinationales géantes ont externalisé des millions d’emplois manufacturiers bien rémunérés vers des plateformes à bas salaires à travers l’Asie, laissant derrière eux des milliers d’usines fermées et des communautés brisées, une forte augmentation de la dépendance aux opiacés et l’érosion constante du niveau de vie. L’auteur Paul Craig Roberts a prédit les retombées dévastatrices de la globalisation il y a quinze ans dans une série d’articles sur Counterpunch. Voici un extrait de l’un de ces articles :

«Les sociétés ont délocalisé ou externalisé à l’étranger leur production manufacturière, dissociant ainsi les revenus américains de la production des biens qu’ils consomment. La prochaine étape du processus a profité de l’Internet haut débit pour déplacer des emplois de services professionnels, tels que l’ingénierie, à l’étranger. La troisième étape consistait à remplacer les restes de la force de travail domestique par des étrangers, payés au tiers du salaire, avec des visas H-1B, L-1 et autres visas de travail.

Ce processus par lequel le capital financier a détruit les perspectives d’emploi des Américains a été masqué par des économistes du «marché libre», qui ont été stipendiés par des entreprises offshores en échange d’une propagande prétendant que les Américains bénéficieraient d’une «nouvelle économie» basée sur les services financiers, et par des complices dans le secteur de l’éducation, qui ont justifié les visas de travail pour les étrangers sur la base du mensonge selon lequel l’Amérique manque d’ingénieurs et de scientifiques….
La paupérisation des travailleurs n’est pas le résultat de l’aggravation d’une crise de surproduction de biens et de services, mais plutôt de la capacité du capital financier à forcer la délocalisation de la production destinée au marché intérieur vers des pays étrangers. Les pressions de Wall Street, y compris les pressions des OPA forcées, ont obligé les entreprises manufacturières américaines à «augmenter les bénéfices des actionnaires». Cela a été fait en substituant une main-d’œuvre étrangère bon marché à la main-d’œuvre américaine. » – «Marx et Lénine reconsidérés», Paul Craig Roberts, Counterpunch.


En 2016, le matraquage du discours anti-commerce radical de Trump l’a propulsé à la Maison Blanche. Malheureusement, ses actions n’ont pas correspondu à sa rhétorique. Trump a déclenché un tollé avec sa guerre commerciale contre la Chine, mais les gains ont été, au mieux, minimes. Les partisans de Trump pensaient qu’il augmenterait les droits de douane et ramènerait des emplois manufacturiers aux États-Unis, mais cela ne s’est pas produit et ne se produira probablement pas. En vérité, la guerre commerciale de Trump n’a pas vraiment pour but d’aider le petit prolétaire, elle est conçue pour décourager les transferts de technologie forcés et le vol de propriété intellectuelle. C’est un cadeau pour la Silicon Valley, pas pour les travailleurs. Trump a également promis de renégocier l’ALENA qu’il a qualifié de «cauchemar» et qui a entraîné des pertes d’emplois massives aux États-Unis. Mais le nouvel accord n’apporte que des modifications superficielles au projet de loi qui ne devraient pas augmenter l’emploi aux États-Unis. Voici comment le Wall Street Journal l’a résumé :

«L’ALENA nouveau ne l’est pas tant que ça – L’essentiel de l’accord États-Unis-Mexique-Canada, ou USMCA, est une version modifiée, et renommée, de l’Accord de libre-échange nord-américain, qui est entré en vigueur en 1994, ainsi que certaines dispositions plus récentes que l’administration Obama avait négociées dans un pacte commercial autour du Pacifique, que M. Trump a quitté. L’USMCA et l’ALENA garantissent essentiellement le commerce hors droits de douane et l’intégration économique en Amérique du Nord….
La Commission bipartite – républicains et démocrates – du commerce international des États-Unis a déclaré que l’accord entraînera un gain minime du produit intérieur brut américain – une augmentation de 0,35% au total à long terme – en grande partie parce que l’USMCA supprime l’incertitude de la politique commerciale pour les industries clés.» «USMCA: l’accord a été signé, mais le débat continue» Wall Street Journal.


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La réécriture de l‘ALENA par Trump est un tour de passe-passe destiné à tromper ses partisans, ce n’est pas une tentative sérieuse d’empêcher la fuite des emplois. Trump n’a pas non plus changé la position du gouvernement sur la globalisation, en fait, il l’a intensifiée. Il suffit de regarder la manière dont l’administration a intimidé l’Allemagne au sujet de l’achat de gaz à la Russie (Nordstream2), ou comment une dirigeante de Huawei a été arrêtée à Vancouver, ou comment des pays ont été condamnés à des sanctions unilatérales qui sont clairement interdites par les règles de l’OMC. Où que vous regardiez, Washington utilise des moyens plus coercitifs pour imposer son propre modèle économique au reste du monde. Le problème n’est pas le «marché libre» proprement dit, mais un modèle d’intégration économique qui favorise un petit groupe de pays occidentaux dont les entreprises récoltent une part injuste des avantages et qui souhaitent conserver un contrôle absolu sur les manettes du pouvoir. C’est pourquoi la globalisation connaît un rejet si répandu, car les récompenses sont principalement allées au 1% supérieur de la population tandis que tout le monde reçoit des miettes. Le président russe Vladimir Poutine, qui a passé pas mal de temps à analyser la mondialisation à l’occidentale, a déclaré ceci :

«Quelqu’un a-t-il déjà pensé à qui cela a réellement profité et quels avantages ont été tirés de la globalisation, que nous avons observée et au développement de laquelle nous avons participé au cours des 25 dernières années ? La Chine a profité de la globalisation pour sortir des millions de Chinois de la pauvreté… Aux États-Unis, les principales sociétés américaines, leurs dirigeants, leurs actionnaires et leurs partenaires ont profité de ces avantages. Mais la classe moyenne aux États-Unis n’a pas profité de la globalisation. Elle a été laissée de côté lorsque ce gâteau a été partagé.»

Poutine fait valoir un bon argument, mais il est systématiquement ignoré dans les médias grand public, où l’évocation des inconvénients nocifs de la globalisation est évitée comme la peste. Les médias ont effectivement interdit toute discussion publique sur un sujet critique qui anime désormais notre politique et alimente la montée du populisme d’extrême droite. Heureusement, la censure n’a pas atténué le malaise grandissant du public avec un système qui a infligé de graves dommages à la nation. Voici à nouveau Poutine :

« Il semble que les élites ne voient pas l’approfondissement de la stratification dans la société et l’érosion de la classe moyenne… [mais la situation] crée un climat d’incertitude qui a un impact direct sur l’humeur publique. Des études sociologiques menées à travers le monde montrent que les gens dans différents pays et sur différents continents ont tendance à voir un avenir sombre et sinistre. C’est triste. L’avenir ne les séduit pas, mais les effraie. Dans le même temps, les gens ne voient aucune opportunité ou moyen réel de changer quoi que ce soit, d’influencer les événements et de façonner la politique. Quant à l’affirmation selon laquelle la frange des populistes a convaincu la minorité sensible, sobre et responsable, elle est irrecevable, nous ne parlons pas de populistes ou de quelque chose comme ça, mais de gens ordinaires, de citoyens ordinaires qui perdent confiance dans la classe dirigeante. C’est le problème… »

Poutine a raison. Des enquêtes récentes montrent que la confiance dans la démocratie et les institutions publiques n’a jamais été aussi faible. De plus, la plupart des personnes âgées acceptent maintenant que le niveau de vie continue de baisser et que leurs enfants soient confrontés à une réalité plus sombre que celle qu’ils ont connue. Tout cela a ajouté au sentiment croissant de désespoir qui a saisi de grandes parties du pays et qui s’exprime dans des sentiments d’impuissance, d’hyper-nationalisme et de ressentiment fiévreux envers les immigrants. Poutine continue :

«Les gens ressentent un fossé toujours plus grand entre leurs intérêts et la vision, par l’élite, de la seule voie correcte, une voie que l’élite a elle-même choisit. Il en résulte que les référendums et les élections créent de plus en plus souvent des surprises pour les autorités. Les gens ne votent pas comme les médias officiels et respectables leur ont conseillé de le faire, ni comme les partis traditionnels l’ont conseillé. Les mouvements publics qui, récemment encore, étaient trop à gauche ou trop à droite occupent le devant de la scène et marginalisent les poids lourds politiques.»

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Encore une fois il a raison. Trump a concouru contre sept politiciens chevronnés du Parti républicain, tous auraient pu le battre en temps normal. Mais après sept ans de fausse reprise économique d’Obama, de nombreux électeurs ont commencé à rejeter les politiciens traditionnels et se sont tournés vers des candidats plus extrêmes, comme Trump. Hillary Clinton a fait face à la même fureur anti-establishment. Des millions de Démocrates ont changé de camp et voté pour Trump non pas parce qu’ils n’ont pas remarqué ses lacunes évidentes mais parce que leur situation financière misérable nécessitait un remède plus radical. Voici à nouveau Poutine :

«Au début, ces résultats gênants [des élections] ont été qualifiés, à la hâte, d’anomalie ou de hasard. Mais quand ils sont devenus plus fréquents, certains ont commencé à dire que la société ne comprenait pas ceux qui étaient au sommet du pouvoir et n’avait pas encore suffisamment mûrie pour pouvoir évaluer le travail des autorités pour le bien public, alors que d’autres ont sombré dans l’hystérie et déclaré que la situation est le résultat d’une propagande étrangère, généralement russe. »

C’est vrai, encore une fois. Maintenant que les élites se rendent compte qu’il y a un rejet généralisé de leurs politiques, en particulier de la globalisation, elles éloignent leurs détracteurs en disant «ils n’apprécient tout simplement pas les merveilleuses choses que nous faisons pour eux». Les élites sont passées du déni à l’illusion, sans désemparer. Mais alors que leur compréhension du problème s’améliore, ils sont toujours aussi obstinément opposés au changement du système, ce qui nous ramène aux remarques finales de Poutine qui suggèrent, de manière surprenante, que le système – la globalisation – peut être corrigé avec quelques ajustements. Voici ce qu’il a dit :

«À la fin des années 80 et au début des années 90, il y avait une chance non seulement d’accélérer le processus de globalisation mais aussi de lui donner une qualité différente et de le rendre plus harmonieux et durable par nature. Mais certains pays qui se considéraient comme les vainqueurs de la guerre froide, non seulement se voyaient ainsi mais le disaient ouvertement, et ont simplement remodelé l’ordre politique et économique mondial pour répondre à leurs propres intérêts.
Dans leur euphorie, ils ont essentiellement abandonné un dialogue substantiel et égal avec les autres acteurs de la vie internationale, choisi de ne pas améliorer ou créer des institutions universelles, et ont plutôt tenté de mettre le monde entier sous la férule de leurs propres organisations, normes et règles. Ils ont choisi la voie de la globalisation et de la sécurité pour eux-mêmes, pour quelques privilégiés, mais pas pour tout le monde. » – Réunion du Valdai International Discussion Club.


Ce n’est pas un échec du marché, c’est un échec de l’itération «hybride» particulière de la globalisation qui a émergé après la dissolution de l’Union soviétique. Ce modèle d’exploitation économique et d’intégration est progressivement remplacé par un modèle sino-russe qui reliera les principales villes métropolitaines d’Asie à l’Europe, au Moyen-Orient et à certaines parties de l’Afrique. Le nouveau système multipolaire protégera la souveraineté des États-nations contre le pouvoir intrusif des entreprises tout en créant des amortisseurs sociaux – aide de l’État-providence, formation professionnelle, etc. – qui empêchent le saccage généralisé qui a frappé les communautés à travers les États-Unis. Poutine et Xi sont déterminés à créer un régime de libre-échange qui distribue la richesse de manière plus équitable et produit moins de perdants.

Bravo pour ça.

Mike Withney

Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

vendredi, 06 mars 2020

Coronavirus: quelles crise?

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Coronavirus: quelles crise?

Par Michel LHOMME

Ex: https://metainfos.fr

Qu’on se le dise et qu’on le comprenne pour nos analyses, qu’elles soient européennes, africaines ou moyen-orientales, le système international est complètement reconfiguré, d’ailleurs depuis Obama, autour d’un nouveau centre de gravité: l’Asie du Sud-Est. Ce nouveau centre de gravité a remplacé le Moyen-Orient comme terrain de jeu des grandes puissances au point que les Etats-Unis laissent la Turquie « ottomane » de Erdogan faire le sale boulot des alliés. Le détroit de Malaca est aujourd’hui la zone la plus stratégique du monde, d’ailleurs la France vient d’y envoyer ses forces navales en observation. Dans cet espace, les États-Unis et la Chine déploient toutes leurs ressources pour faire pencher la balance mondiale en leur faveur. Dans un tel contexte, le coronavirus ne paraît-il pas pour les Occidentaux un don des Dieux ?

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En effet, quelques semaines avant sa propagation, le temps de chercher des compromis, des accommodements avait été laissé de côté et même carrément abandonné. Les États-Unis avaient carrément appuyé sur le bouton rouge pour reprendre à zéro, rédéfinir complètement leurs relations avec la Chine, ne les percevant plus comme une menace bilatérale, mais comme un véritable défi à l’ordre libéral international, à leur puissance pour ne pas dire à leur décadence. Le résultat? Un effort effréné de tous les acteurs de la politique étrangère américaine – la Maison Blanche, le Département d’État, le Congrès – pour tenter de développer une stratégie cohérente efficace mais offensive envers la Chine dans le cadre mondialiste et libéral incontournable de l’économie américaine, sachant que quelle que soit les velléités protectionnistes de l’Etat profond américain, ce sont les multinationales qui gouvernent le monde. Avant la propagation du covid-19, il est bon de se rappeler que la tension sino-américaine était alors à son comble.

Avec Donald Trump, les « faucons » règnent toujours et de nouveau sur Washington. Ils n’ont cessé du coup d’encourager une confrontation artificielle avec Pékin en ignorant des décennies de compréhension, de conciliation, d’habileté diplomatique. Or, aux yeux de tous les stratèges américains, il est maintenant trop tard pour arrêter ou contenir la Chine, sauf, écrivait très opportunément quelques-uns, si survenait par exemple une crise sanitaire ou environnementale, dans un pays encore désorganisée par la corruption, le mercantillisme et sans aucun souci réel souci de préservation de la nature ou d’enrayer les pollutions de l’air, de traiter par exemple les déchets chimiques, les pesticides ou autres.

En transformant la Chine en ennemie, en déclenchant une guerre d’abord psychologique avec l’Empire du Milieu, on anticiperait et éviterait alors la confrontation militaire inévitable qui paraissait se profiler. Alors quel scénario aurait-on décidé en coulisses, à huis clos dans les tink thank de défense américains ? Un bon scénario, nuisant à l’économie mondiale, et puis au passage et en priorité à celle de l’Europe qu’il s’agit de dynamiter rapidement, d’où le Brexit déclenché en première ligne par les « amis » anglais, atlantistes de toujours.

Face à une telle situation extrapolée ou non mais bien descriptive des faits d’aujourd’hui, prise au milieu de cette rivalité croissante, exponentielle des Etats-Unis et de la Chine, l’Union européenne doit et devrait décider en urgence de se lever ou alors elle devra se résigner, hélas, à n’être qu’une étape de la bataille, l’étape sans doute d’ailleurs la plus « meurtrière ».

L’Inde, dans son coin, fait face à un dilemme similaire, forcée de maintenir l’équilibre entre Pékin, sa puissante voisine et son alliée stratégique, tout en cherchant à s’établir en tant que puissance régionale. Et les plus petits voisins de la Chine en Asie du Sud-Est ressentent également ce choc des plaques tectoniques sino-américaines. L’explosion de l’épidémie de coranovirus a ébranlé le muscle économique, militaire, politique et technologique de l’Asie du Sud-Est, la Chine plus ou moins garante de la stabilité régionale. La peur qui se généralise dans la région est alors moins une peur sanitaire qu’une peur géopolitique.

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N’oublions pas que les services secrets américains ont aussi levé d’autres fronts en Chine et très habilement des fronts « domestiques » comme ceux de Hong Kong et de Taiwan, la question musulmane avec les Ouïghours afin de casser des rapprochements éventuels entre les pays du Golfe, l’Iran et l’Empire du Milieu, de briser la route de la soie, sans oublier les désormais classiques revendications des droits de l’Homme, par artistes ou journalistes interposés, liés en particulier à la liberté de la toile et d’Internet.

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La pandémie qui a pris naissance très curieusement à Wuhan, proche d’un laboratoire « militaire » financé en partie par la France est certes une crise sanitaire, économique et géopolitique pour la Chine mais elle est peut-être même une crise existentielle pour Xi Jinping, une tempête, un typhon de niveau 5 qui en fait ne prédit rien de bon pour la paix mondiale, cette paix que le grand péruvien Xavier Perez de Cuellar qui vient de mourir à l’âge de cent ans avait su défendre à tous ses postes d’ambassadeur et à celui le plus prestigieux de Secrétaire Général des Nations Unies (http://www.perouenfrance.com/la-trajectoire-de-lun-des-pe... )

 

Massenmigration als Waffe

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Stefan Schubert:

Massenmigration als Waffe

Ex: https://kopp-report.de

Es gibt Bücher, die sind ihrer Zeit voraus. Beim Buch der Harvard-Absolventin Kelly M. Greenhill, Massenmigration als Waffe: Vertreibung, Erpressung und Außenpolitik, ist dies sicherlich der Fall.

Als im KOPP Verlag 2016 die amerikanische Übersetzung veröffentlicht wurde, war das Geschrei im Mainstream groß. »Verschwörungstheorie« und »Stimmungsmache« hallte es von den Qualitätsjournalisten. Nun, im Jahr 2020 ist die Existenz und der gezielte Einsatz der Migrationswaffe vor der Öffentlichkeit nicht länger zu verbergen.

Bevölkerungsexplosion, Kriege, militärische Interventionen, Bürgerkriege, islamistische Milizen und Terrororganisationen wie der Islamische Staat, destabilisierte Staaten in Afrika, geostrategische Interessen und dazu skrupellose Staatenführer wie ein Muammar al-Gaddafi oder ein Recep Tayyip Erdoğan, diese Gemengelage bildet eine wahrlich toxische Mixtur. Ein Erpresser wird jedoch erst dann zu einem Erpresser, wenn er Personen und Organisationen ins Visier nimmt, die sich nur allzu bereitwillig erpressen lassen.

Leichte Opfer, von denen obendrein bekannt ist, dass sie ihre Politik nach Umfragen und den Claqueuren im Feuilleton ausrichten, machen sich umso angreifbarer.

Angela Merkel und die EU-Administration sind sicherlich aus vielfachen Gründen geradezu ideale Opfer für die Migrationswaffe. Der Cicero-Autor Alexander Grau hat in seinem Buch Hypermoral eine perfekte Feststellung über unsere Zeit formuliert:

»Wir leben im Zeitalter der Hypermoral. Moral ist zur Leitideologie und zum Religionsersatz unserer postreligiösen Gesellschaft mutiert. Moral ist absolut geworden, sie duldet keine anderen Diskurse neben sich. So wird aus Moral die Tyrannei der Werte: Minderheitenkult, Kränkungsfetischismus, Gleichheitsideologie. Politik, Wirtschaft, Kunst – alles wird auf moralische Fragen reduziert.«

Deutschlands Sicherheit in die Hände eines Verbrechers gelegt

Ein leichtes Spiel haben diese Verbrecher zudem, wenn eine Erpressung bereits einmal erfolgreich war und die Kriminellen ferner erkennen, dass sie mit keinerlei Sanktionen rechnen müssen. Stattdessen werden sie mit Milliarden Euros überschüttet und können gleichzeitig ihre geostrategischen Interessen widerstandslos umsetzen. Selbst ein völkerrechtswidriger Angriffskrieg der Türkei gegen Syrien ruft keinerlei diplomatische Verwerfungen hervor, hingegen sendet der deutsche Außenminister Heiko Maas dem türkischen Aggressor noch öffentliche Solidaritätsadressen über Twitter.

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Anstatt die EU-Außengrenzen und Deutschlands Grenzen konsequent zu sichern, hat Angela Merkel die Sicherheit des gesamten europäischen Kontinents in die Hände des Erpressers Erdoğan gelegt. Und wie jetzt im März verfügt Erdoğan über keinerlei Skrupel, die Migrationswaffe auf Deutschland abzufeuern. Geladen ist die Waffe mit rund 3,7 Millionen syrischen Flüchtlingen, die in der Türkei Unterschlupf gefunden haben. Während Griechenland bereit ist, seine Grenzen, die Sicherheit seiner Bürger und die Identität des Landes auch mit Tränengas, Schlagstöcken und Warnschüssen gegen ein illegales, gewalttätiges Stürmen der Grenzen zu verteidigen, hätte Merkel aus Angst vor »unschönen Bildern« längst eine vollkommene Destabilisierung Deutschlands hingenommen.

Mit Falschmeldungen über offene Grenzen befeuert Erdoğan zudem gezielt den Sturm auf Europa. Türkische Sicherheitsbeamte in Zivil wurden dabei gefilmt, wie sie Migrantengruppen auf Schwachstellen der griechischen Grenze hinwiesen, ihnen vor Ort Busse zur Verfügung stellten und über Bootsablegeplätze über den kleinen Grenzfluss informierten. Längst stehen sich an der türkisch-griechischen Grenze Militäreinheiten feindselig gegenüber. Die Weigerung der Bundesregierung, die eigenen Landesgrenzen zu schützen, kann jederzeit zu einer militärischen Konfrontation in Europa führen. Diese instabile Lage ist 2020 zur nicht mehr zur verleugnenden Realität geworden.

Der Sturm auf Europa!

Erdoğans Propaganda und der offene Gebrauch der Migrationswaffe bergen zusätzlich das Potential, weitere massive Völkerwanderungen auszulösen. Laut dem GASIM-Report 02/2020 halten sich allein in Libyen bis zu einer Million Migranten auf, die nur auf einen geeigneten Moment warten, das europäische Festland zu erreichen. Der Hauptzielort der Masse der bis 3,7 Millionen syrisch-türkischen und der 1 Million Migranten in Libyen wird Deutschland mit seinen offenen Grenzen und Sozialkassen sein, dies lehrten uns die vergangen Jahre.

Sollte diese zusätzliche Flüchtlingswelle jemals Deutschland erreichen, dazu in geballter Form, dann scheint die Zerstörung Deutschlands die unausweichliche Folge zu sein, und es hieße endgültig Finis Germania.

Angesichts der aktuellen Bilder aus Griechenland wird deutlich, von welcher Brisanz das Buch Massenmigration als Waffe ist. Es handelt sich in diesem Komplex sicherlich um das Standardwerk.

Kelly M. Greenhill studierte an der University of California (Berkley), an der Harvard University und am Massachusetts Institute of Technology (MIT) Politische Ökonomie, Skandinavistik, Internationales Management und Politikwissenschaften, ihre Abschlüsse sind Bachelor of Arts (B.A.) mit dem weiterführenden Certificate of Special Studies (CSS), Master of Science (M.Sc.) sowie Doctor of Philosophy (Ph.D).

Greenhill bekleidet derzeit eine Stellung als Associate Professor auf Lebenszeit für Politikwissenschaften und internationale Beziehungen an der Tufts University in Boston.

In ihrem Buch analysiert Kelly M. Greenhill, wie die Entstehung der Migrationswaffe überhaupt erst möglich wurde und dokumentiert deren Einsatz. Über 50-mal im letzten halben Jahrhundert wurde die Waffe bereits abgefeuert, ohne dass Politik und Medien ihren Bevölkerungen diesen Modus Operandi eingestanden. Das Buch scheut trotz seines wissenschaftlichen Backgrounds nicht davor zurück, regelmäßig die politische Korrektheit zu durchbrechen und belegt, wie Flüchtlinge gezielt als »demografische Bombe« eingesetzt werden.

Allein die Einleitung des Buches würden im eingeschränkten Meinungskorridor Deutschlands wohl nur wenige andere Verlage abdrucken. Nach Kelly M. Greenhill heißt es:

»Ein Flüchtling ist etwas Besonderes, zehn Flüchtlinge sind langweilig, hundert Flüchtlinge eine Bedrohung.«

Im Gegensatz zu Deutschland haben sich in Amerika zudem zahlreiche Wissenschaftler vor die Autorin und ihr Buch gestellt und es öffentlich gelobt. So auch Michael S. Teitelbaum von der Harvard-Universität:

»Dieses scharfsinnige Buch zeigt eine unkonventionelle und nicht-militärische Methode der Nötigung unter Staaten auf – warum und wie schwache Staaten zunehmend die Drohung oder Realität einer >strategisch gesteuerten Migration< einsetzen, um politische Ziele durchzusetzen, die ansonsten für sie unerreichbar wären.«

Und Prof. Michael Barnett, Universität von Minnesota, schreibt:

»Kelly M. Greenhills Buch Massenmigration als Waffe wirft ein helles Licht auf die strategisch gesteuerte Migration.«

In einigen Kapiteln holt die Autorin durchaus weit aus, wie bei den ausführlich besprochenen Beispielen Kuba, Kosovo, Nordkorea und Haiti, der Erkenntnisgewinn ist umso größer. Auch der Bereich, bei dem die Herkunftsstaaten massiv durch die Migration profitieren, ist gerade für eine deutsche Sichtweise und die (noch) prall gefüllten Sozialkassen ein entscheidender Hintergrund.

Wichtig zu verstehen ist, dass eine Flüchtlingswelle nicht zufällig entsteht, sondern in der Vergangenheit bereits strategisch geplant und eingesetzt wurde. Der Angegriffene der aktuellen Migrationswaffe ist ohne Zweifel Westeuropa und damit aus bekannten Gründen hauptsächlich Deutschland. Man kann den kriegerischen Aspekt der Migrationswaffe nicht oft genug benennen, um vor den gravierenden Folgen in den jeweils betroffenen Ländern zu warnen. Samar Sen, der indische Botschafter bei den Vereinten Nationen, hat dies in beispielloser Klarheit getan:

»Wenn Aggression gegen einen fremden Staat bedeutet, dass sie dessen Gesellschaftsstruktur belastet, dass sie seine Finanzen ruiniert, dass er Territorium für die Aufnahme von Flüchtlingen bereitstellen muss … wo liegt dann der Unterschied zwischen dieser Art der Aggression und der anderen Art, der klassischen Art, bei der jemand einen Krieg erklärt?«

Bestellinformationen:

» Kelly M. Greenhill: Massenmigration als Waffe, 432 S., 22,95 Euro 9,99 Euro – hier bestellen!

» Alexander Gau: Hypermoral, 128 Seiten, 14,00 Euro – hier bestellen!

» Rolf Peter Sieferle: Finis Germania, 128 Seiten, 8,50 Euro – hier bestellen!

Mittwoch, 04.03.2020

jeudi, 05 mars 2020

Les empreintes de la France sont partout sur les groupes terroristes à Idlib

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Les empreintes de la France sont partout sur les groupes terroristes à Idlib

par Steven Sahiounie 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le soutien de la France aux groupes extrémistes en Syrie, en particulier près d’Idlib, remonte aux premiers jours de la rébellion anti-gouvernementale soutenue par la CIA en 2011.

Wassim Nasr, de France 24, spécialiste des réseaux djihadistes, s’est récemment entretenu via Skype avec le recruteur français Omar Omsen, le chef du groupe djihadiste Furkat-al-Ghuraba, une filiale d’Al-Qaïda à Idlib.

De nombreux terroristes français se trouvent aujourd’hui à Idlib, luttant pour établir un État Islamique à partir d’une petite partie de la Syrie laïque. Leur rêve est une utopie sunnite à la frontière turque, où ils peuvent bénéficier du plein soutien du Président turc Erdogan, à la tête du parti AK, un parti des Frères Musulmans qui domine la Turquie depuis une vingtaine d’années.

Le fait d’être à la frontière turque leur offre le luxe d’être nourris et vêtus par des organismes d’aide internationale, tels que le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies, et d’autres groupes humanitaires qui distribuent des fournitures aux civils, ainsi que par leurs fils, frères, époux ou père qui sont à la solde d’Al-Qaïda financé par le Qatar et certaines monarchies du Golfe Arabe. Les groupes humanitaires, dont les Nations Unies, travaillent comme des facilitateurs, prolongeant la souffrance des innocents en continuant les approvisionnements. Si les besoins quotidiens des familles des terroristes avaient été coupés, ces derniers auraient été contraints de fuir en Turquie, et éventuellement en Europe, pour bénéficier d’une plus grande partie des avantages gratuits offerts par la « Mère Merkel », en référence à la chancelière allemande Angela Merkel.

Les terroristes français ont été recrutés en France, et non en ligne. Le réseau Sevran, un réseau de recrutement de terroristes à Sevran, près de Paris, opérait à partir d’une salle de prière informelle, car il ciblait des jeunes hommes avec un mélange sophistiqué de tactiques psychologiques et, selon certains, de tactiques d’hypnose acquises par Al-Qaïda au cours des décennies passées en Afghanistan, un pays bien connu pour ses compétences d’hypnose perfectionnées qui existaient avant les agents de terrain de la CIA ; mais qui ont été utilisées par la CIA dans son programme de djihad pour contrer la présence soviétique sur place.

Le recruteur djihadiste français, Omar Omsen, a simulé sa mort en août 2015, pour réapparaître des mois plus tard dans une interview télévisée. On ignore combien de terroristes ont simulé leur mort pour effacer leur identité et se réinventer plus tard en Europe ou aux États-Unis.

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Une photo non datée du recruteur français d’ISIS, Omar Omsen

Le gouvernement français a commencé à soutenir les terroristes en Syrie à partir de 2011, lorsque la CIA a ouvert son premier bureau à Adana, en Turquie, juste après la frontière d’Idlib. Les présidents français, de Sarkozy à la Hollande, en passant par Macron, ont tous suivi le projet de « changement de régime » ordonné par les États-Unis en Syrie. En 2017, le Président américain Trump a mis fin au programme de soutien de la CIA à Al-Qaïda en Syrie. Cependant, Al-Qaïda est pleinement opérationnel à Idlib et bénéficie d’un soutien très évident au plus haut niveau, sous forme d’armes, de munitions, de missiles anti-aériens, de drones et de salaires.

Les rebelles modérés de Syrie

En septembre 2015, le Président syrien Assad a imputé la crise des réfugiés en Europe au soutien de l’Occident aux terroristes. En référence à la photo virale en ligne d’un enfant syrien échoué sur une plage turque, il a déclaré :

« Comment pouvez-vous être triste de la mort d’un enfant dans la mer et ne pas avoir de sentiments pour les milliers d’enfants qui ont été tués par les terroristes en Syrie ? Et, aussi pour les personnes âgées, pour les femmes et les hommes ? Ce deux poids, deux mesures européen n’est plus acceptable ».

Il a ajouté : « L’Occident soutient les terroristes depuis le début de cette crise, lorsqu’il a déclaré qu’il s’agissait d’un « soulèvement pacifique » – comme ils l’ont appelé. Ils ont dit plus tard que c’était une opposition modérée et maintenant ils disent que ce sont des terroristes comme Al-Nusra et ISIS ». Jibhat al-Nusra est la filiale d’Al-Qaïda en Syrie et contrôle Idlib.

En juin 2015, le procès à Londres d’un Suédois, Bherlin Gildo, accusé de terrorisme en Syrie, s’est effondré après qu’il soit devenu clair que les services de renseignement britanniques avaient armé les mêmes groupes que ceux que l’accusé était accusé de soutenir. L’accusation a abandonné l’affaire, apparemment pour éviter d’embarrasser les services de renseignements. Les agents des services de renseignement français travaillaient main dans la main avec les États-Unis et le Royaume-Uni en Syrie.

Un an après le début de la rébellion syrienne, les États-Unis et leurs alliés ne se sont pas contentés de soutenir et d’armer une opposition qu’ils savaient dominée par des groupes sectaires extrêmes ; ils étaient prêts à approuver la création d’une sorte « d’État Islamique ».  L’habitude occidentale de jouer avec les groupes djihadistes, qui reviennent ensuite pour les mordre, remonte au moins à la guerre des années 1980 contre l’Union Soviétique en Afghanistan, qui a favorisé la création d’Al-Qaïda sous la tutelle de la CIA.

Sotchi 2018

L’accord exigeait que la Turquie évince des terroristes tels que Jibhat al-Nusra, et permettait à la Turquie de mettre en place 12 postes d’observation à Idlib pour séparer les terroristes des civils non armés. Cependant, près de deux ans après la conclusion de l’accord, la Turquie n’a pas respecté ses engagements et Moscou a ouvertement accusé la Turquie d’aider les terroristes. Cela a conduit à l’offensive de l’Armée Arabe Syrienne à Idlib qui a commencé en décembre 2019 pour libérer les civils et éliminer tous les terroristes. Cette opération militaire est en cours et les Syriens, avec l’aide de la puissance aérienne russe, ont fait des progrès spectaculaires.

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Des combattants soutenus par la Turquie aident un camarade de combat blessé par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés à Idlib, en Syrie, le 1er mars 2020. Photo | AP

Les procès fantômes de la France

En janvier 2020, un tribunal de Paris a entendu des affaires contre des terroristes français en Syrie, mais la majorité des accusés étaient morts. Les médias français ont qualifié ce procès de « procès fantôme ».

Antoine Ory, l’un des avocats de la défense, a déclaré : « En France, en 2020, on refuse de rapatrier les vivants mais on juge les morts ». La France a pour politique de ne pas reprendre ses terroristes, même s’ils sont des milliers en Syrie.

La scène de Hatay

La frontière entre la Syrie et la Turquie est une ligne relativement droite d’est en ouest jusqu’au fleuve Oronte, puis elle s’abaisse soudainement et se dirige vers le sud sur environ 80 miles. Ce morceau de terre syrienne manifestement manquant a été donné à la Turquie par la France en 1939 pour assurer que la Turquie se battrait pour la France contre l’Allemagne d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale.

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La Turquie a arraché la province d’Alexandretta à la Syrie française en 1939 après un référendum truqué. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies va-t-il condamner ce changement territorial unilatéral ?

Liwa Iskanderoun pour les Syriens est maintenant appelée province de Hatay, elle comprend les villes d’Antakya et d’Iskenderun, qui étaient auparavant connues sous les noms d’Antioche et d’Alexandretta. Cette région se trouve du côté turc d’Idlib.

En 1939, la région était un mélange de nationalités, avec des Turcs, des Turkmènes, des Arabes sunnites, des Alaouites, des Arméniens et des Grecs. Leurs descendants parlent encore aujourd’hui l’arabe, contrairement au reste de la Turquie qui ne parle que le turc. Avant 2011, le Président turc Erdogan et le Président syrien Assad avaient une relation très étroite et un accord a été signé pour construire un barrage de l’amitié syro-turque de 28 millions de dollars sur le fleuve Oronte. Hatay a été transformé en un lieu de rassemblement pour les terroristes internationaux, dont les Français, qui ont afflué en Syrie pour participer à l’attaque USA-OTAN-UE contre la Syrie en vue d’un « changement de régime », et aujourd’hui le monde assiste à une possible guerre ouverte.

Traduit par Réseau International

mercredi, 04 mars 2020

In Memoriam Colin S. Gray

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In Memoriam

Colin S. Gray

Some days ago, on 27 February, Colin S. Gray (born in December 29, 1943) died. He was a British-American writer on geopolitics and professor of International Relations and Strategic Studies. He was not only a very well known academic, but he was also a government defence adviser both to the British and U.S. governments. Gray served from 1982 until 1987 in the Reagan Administration’s General Advisory Committee on Arms Control and Disarmament. He was a very prolific writer due to his 30 books on military history and strategic studies, as well as numerous articles.

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He was one of the most important, serious, influential and clear thinker on strategy and he was able to write on Cold War strategy as well as on the more fluid and problematic strategic environment of the 21st century (here some example 1 2 3). In contrast to other modern strategic thinkers, he did not neglect the importance of history. According to Gray, defining future threats is an impossible task, yet it is one that must be done. As the only sources of empirical evidence accessible are the past and the present, he studied the classics such as Thucydides and Clausewitz. In every books he wrote, there are several references to Clausewitz and his ideas. Probably the most important example of this approach is his book Strategy and Politics in which he delves into the question of the relationship between strategy, war and politics and he takes into account several of his main research questions: strategy and geography, strategy and history, culture.

While he wrote everything by hand he also developed ideas on cyber domain.

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It is impossible to take into account every books he wrote, however I would like to share with you some suggestions. Colin Gray co-edited with John Baylis and James J. Wirtz, Strategy in the Contemporary World. It is probably the finest comprehensive primer on strategic studies series out there and the most complete Strategic Studies handbook. Strategy and Defence Planning: Meeting the Challenge of Uncertainty explores and examines why and how security communities prepare for their future defence. According to Gray, defence planning is the product of interplay among political process, historical experience, and the logic of strategy. Political “ends”, strategic “ways”, and military “means” (a clear influence of Clausewitz) all fed by reigning assumptions, organize the subject well with a template that can serve any time, place, and circumstance. Modern Strategy deals with the argument that strategy, operations, and tactics aren’t really hierarchical and “not wholly distinctive”. It also takes into account both the explanation of why culture and the human dimension of strategy are often overlooked and the role of technology in warfare.

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«Der Griff nach Eurasien» - Interview mit Hermann Ploppa

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«Der Griff nach Eurasien»

Interview mit Hermann Ploppa

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Zeit-Fragen: Nach Ihren Büchern «Hitlers amerikanische Lehrer» und «Die Macher hinter den Kulissen» haben Sie sich in Ihrem neuen Buch, «Der Griff nach Eurasien»*, die Hintergründe des ewigen Krieges gegen Russland vorgenommen. Was hat Sie dazu bewogen, dieses Buch zu schreiben? Und was ist – in Stichworten – der rote Faden Ihres Buches?
Hermann Ploppa: Sie haben bereits auf meine ersten beiden Bücher hingewiesen. Bei der Recherche zu beiden Büchern ergaben sich derart viele Erkenntnisse sozusagen nebenbei über den tatsächlichen Ablauf des 20. Jahrhunderts, dass ich diese Erkenntnisse nicht ewig für mich behalten wollte. Das fing an mit der traditionellen Erzählung über die Ursachen für Hitlers Erfolg. Es war recht schnell klar, dass Hitler nicht durch sein «Charisma» oder seinen angeblich hypnotischen Blick und seine Redebegabung so schnell zu Geld und Macht gelangt ist. Und dass ihm auch nicht nur Mitgliedsbeiträge und die vereinzelten Spenden deutscher Industrieller zu Hilfe gekommen sind. Faschistische Organisationen sind auch keine weltanschaulichen Veranstaltungen, sondern schlicht und einfach Dienstleistungsunternehmen für Konzerne, Kartelle, Geheimdienste oder Militär. Die Nazis wurden von angloamerikanischen Konzernen mit unbeschreiblichen Geldsummen aufgeplustert, um Deutschland fest in die angloamerikanische Macht-Matrix hineinzuzwingen. Denn, und damit komme ich auf den roten Faden meines aktuellen Buches, Deutschland hatte traditionell enge Bindungen an Russland. Schon Preussen hatte Sonderbeziehungen zu Russ-land. Und nachdem Deutschland durch den Diktatfrieden von Versailles 1920 an seiner weiteren Entfaltung gehindert wurde, hatten weder die Reichsregierung noch die Reichswehr irgendwelche Bedenken, mit der neu entstandenen Sowjetunion engste, ja, man kann sagen intime Beziehungen durch den Vertrag von Rapallo 1922 einzugehen. Das beinhaltete Militärentwicklung bei der Luftfahrt wie auch bei Panzern. Und diese Politik wurde durch die Hitler-Diktatur abrupt und äusserst gewaltsam unterbrochen. Nach dem Zweiten Weltkrieg erzwangen die Westmächte die Spaltung Deutschlands, um Westdeutschland zu einem explosiven Sprungbrett für Atomwaffen und konventionelle Waffen zu machen. Mein Buch erzählt, wie trotz aller festen Bindungen der Bundesrepublik an die USA so ziemlich jeder Kanzler den Versuch unternahm, mit Frankreich oder der Sowjetunion gemeinsam wieder mehr nationale Souveränität zu erarbeiten.
Aktuell sind wir in einer schwierigen Situation. Denn zwischen Deutschland und Russ-land liegen mittlerweile die Nachfolgestaaten des Warschauer Pakts, deren Regierungen jetzt die aggressive Position der USA gegen Russland voll mittragen. Diese Staaten beginnen sich im Intermarium1 als besonders russlandfeindliche Front zu formieren. Deutschland befindet sich somit in einem gefährlichen Schwitzkasten: Nach Westen hin ergeben sich kaum neue Entwicklungsmöglichkeiten. Und von den dynamischen Zukunftsoptionen Eurasiens, Stichwort: Neue Seidenstrasse, kapselt sich die Bundesregierung ab, um statt dessen die russophobe Linie der USA zu unterstützen. Was nach meiner Einschätzung ein Selbstmordkommando ist.

Sie beginnen Ihr Buch mit einem Kapitel über den einflussreichen britischen Geographen Halford Mackinder und dessen Heartland-Theorie aus den Jahren vor dem Ersten Weltkrieg. Warum?
Alle schauen ja auf die Bemerkung von George Friedman beim Chicago Council on Foreign Relations, die Politik der USA sei immer darauf bedacht gewesen zu verhindern, dass sich Russland und Deutschland verbünden, um dann auf Augenhöhe zu den USA zu stehen. Nun, das ist nichts Neues. Genau diese Agenda verordnete der zu seiner Zeit ungeheuer einflussreiche britische Intellektuelle Halford Mackinder. Mackinder erkannte ganz klar, dass mit dem Fortschritt von Eisenbahn und Automobil den Engländern ihre Weltbeherrschung über die Meere nichts mehr bringt. Zum einen würden sie die Kontinentalplatte Eurasiens gerne selber ausbeuten mit ihren immensen Rohstoffen. Zum anderen wusste Mackinder, dass Grossbritannien das aus eigener Kraft nicht schaffen kann und deswegen eine Art von «Subunternehmer» auf dem Kontinent benötigte, der diese Eroberung für England bewerkstelligen sollte. Mackinder warnte auch ausdrücklich vor einem Bündnis Deutschlands mit Russland. Mackinders Agenda war das grosse Leitmotiv sowohl Englands wie auch der USA im 20. Jahrhundert. Dafür waren beide Staaten bereit, extreme Vernichtungskriege zu riskieren. Dass es nach dem Zweiten Weltkrieg keinen weiteren grossen Weltenbrand gegeben hat, verdanken wir lediglich äusserst glücklichen Zufällen.

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Welche Rolle beim «Griff nach Eurasien» hatten und haben die angelsächsischen Mächte und deren Wirtschafts- und Finanz-interessen insgesamt, also nicht nur Grossbritannien, sondern auch die USA usw.?
Grossbritannien und die USA erhoffen sich eine enorme Ausweitung ihrer wirtschaftlichen Potenz durch die Aneignung der Rohstoffe Eurasiens, und hier lockt ja auch ein grosses Potential an Abnehmern von Fertigprodukten. Dafür wurde der Erste Weltkrieg ausgefochten, um eine grössere Kontrolle über das eurasische Festland zu erlangen. Und dann hatte sich eine politisch vergleichsweise stabile Sowjetunion etabliert. Zum einen hat man nolens volens zunächst Handelsbeziehungen und dann sogar diplomatische Beziehungen mit den Sowjets aufgenommen. Hat aber auf der anderen Seite ständig versucht, mit militärischen und geheimdienstlichen Mitteln das verhasste kommunistische System zu vernichten.

Welche Rolle spielt heute die Nato?
Nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges versuchten sowohl Grossbritannien mit der Operation Unthinkable als auch die USA mit ihrer Operation Dropshot, die vom Krieg ausgelaugte Sowjetunion militärisch zu vernichten. Da sich diese Planung schnell als undurchführbar erwies, begann die Regierung der USA, zunächst die verwüsteten westeuropäischen Staaten, die in ihrer Einfluss-zone lagen, mit dem Marshallplan wieder fit zu machen. Kaum war dies bewerkstelligt, wurde auch schon die Nato gegründet. Die wieder erstarkten westeuropäischen Verbündeten mussten von diesem Zeitpunkt an selber für die Kosten einer antisowjetischen Aufrüstung aufkommen. Die Eroberung Eurasiens war ein US-amerikanisches Projekt, für dessen Kosten nun über die Nato im wesentlichen die mit den USA verbündeten Staaten mit eigenen Steuergeldern aufkommen müssen.

Die Rolle Deutschlands beim «Griff nach Eurasien» war und ist widersprüchlich: einerseits Zusammenarbeit mit Russland und auch mit der Sowjetunion, andererseits an vorderster Front beim Angriff auf Russland und die Sowjetunion. Wie ist das zu erklären?
Es ist ein Wechselspiel. Einerseits haben die USA in der Bundesrepublik Deutschland über die Jahrzehnte hinweg äusserst einflussreiche diskrete Netzwerke aufgebaut, aus denen sich die Eliten rekrutieren liessen. Jeder Bundeskanzler verdankt seine Karriere diesen transatlantischen Netzwerken. Andererseits erkennen diese Kanzler irgendwann, dass sie auch dem Gemeinwohl ihres Landes verpflichtet sind. Ganz besonders und zuerst verspüren sie eine Verpflichtung gegenüber der eigenen Wirtschaft. So geht Kanzler Ludwig Erhard auf die Kontaktangebote des sowjetischen Regierungschefs Chruschtschow ein, eine mögliche Wiedervereinigung zu koppeln an massive Entwicklungshilfe der Sowjetwirtschaft durch die deutsche Industrie. Noch weiter ging Erhards Vorgänger Konrad Adenauer. Der arbeitete schon seit 1958 an einer Vereinigung der Bundesrepublik mit Frankreich, um sogar ein eigenes europäisches Machtzentrum den USA entgegenzusetzen. Helmut Kohl wiederum war schon mit Gorbatschow einig über eine deutsch-sowjetische Zusammenarbeit. Das hätte die Bundesrepublik mit einem Schlag auf Augenhöhe mit den USA gebracht. Doch die Sowjetunion wurde von dem russischen Präsidenten Jelzin aufgelöst, und so löste sich auch diese Option in Luft auf. Kanzlerin Merkel versucht ein Stück weit den Weg nach Osten offenzuhalten durch die deutsche Mitgliedschaft in der Asiatischen Infrastruktur Investitionsbank. Allerdings trägt die Bundesregierung die aggressive Linie der USA gegen Russland voll mit, was langfristig für Deutschland übel ausgehen muss.

Sie nennen in Ihrem Buch auch Politiker, die versucht haben, sich dem US-amerikanischen Machtanspruch zu entziehen, und eigene Wege gehen wollten, zum Beispiel der von Ihnen schon genannte Nikita Chruschtschow, Charles de Gaulle und auch der ebenfalls schon erwähnte Konrad Adenauer, aber auch ein US-Präsident selbst, nämlich Dwight D. Eisenhower. Was hat deren Politik ausgezeichnet?
Ich habe in der Tat drei herausragende Politiker etwas ausführlicher betrachtet. Alle drei haben vornehmlich positive Leistungen vollbracht. Chruschtschow hat die soziale Lage der sowjetischen Bevölkerung erheblich verbessert und hat es obendrein mit der Entwicklung einer eigenen Interkontinentalrakete den USA praktisch unmöglich gemacht, die Sowjetunion anzugreifen. De Gaulle hat Frankreich im Zweiten Weltkrieg praktisch neu erfunden und im Kalten Krieg ständig daran gearbeitet, Europa unabhängig zu machen von den USA. Eisenhower hat durch sein enormes Prestige als Weltkriegsgeneral in seiner Eigenschaft als Präsident der USA atomare Schläge seitens der USA energisch vereitelt. Alle drei Persönlichkeiten sind grandios gescheitert. Ich zeige an ihrem Beispiel, dass sich moderne Gesellschaften nur noch durch Netzwerke regieren lassen, aber nicht mehr durch noch so grossartige Einzelpersönlichkeiten.

Sie schreiben, dass der Konfrontationsmodus nicht zwingend sei und dass es Alternativen zum «Tod der Lemminge» gibt. Welche Rolle können dabei die Bürgerinnen und Bürger der westlichen Länder spielen? Welche gangbaren Wege sehen Sie, dem «Griff nach Eurasien» etwas entgegenzusetzen?
Die Bürgerinnen und Bürger müssen tatsächlich viel, viel energischer ihre Interessen vertreten, als das bislang der Fall ist. Es reicht nicht, alle vier Jahre ein Kreuzchen zu machen beim amerikanisierten Wahlspektakel. Zunächst einmal gibt es noch existierende Reste früherer Teilhabe an der Gestaltung der Gesellschaft. Denn die Mit-Eigentümerschaft an der Wirtschaft ist ein integraler Bestandteil einer echten Mitbestimmung. Das haben Sie mit der Schweiz als Genossenschaftsstaat ganz wunderbar hinbekommen. Das haben wir in Deutschland auch, wenn auch in geringerem Ausmass, und das muss wiederbelebt werden. Ausserdem müssen wir in Deutschland auch die direkte Demokratie einführen, die ja bei Ihnen seit mehr als 150 Jahren wunderbar funktioniert. Wir müssen zudem die mittelständische Wirtschaft, die Geschäfte mit den eurasischen Staaten wie z. B. Russland und China macht, politisch unterstützen. Sich mit diesen Ländern wirtschaftlich zu verbinden, ist auch ein Stück Friedensarbeit. In der eurasischen Wirtschaft der Neuen Seidenstrasse liegt die Zukunft, nicht in der extrem künstlichen Anbindung an einen Partner, der durch achttausend Kilometer Ozean von uns getrennt ist und der offenkundig sich selbst und alle Bündnispartner mit in den Abgrund reisst. Wie heisst es in dem Märchen von den Bremer Stadtmusikanten: Was Besseres als den Tod findste immer.

Herr Ploppa, vielen Dank für das Gespräch. 

* Ploppa, Hermann. Der Griff nach Eurasien. Die Hintergründe des ewigen Krieges gegen Russland, Liepsen Verlag 2019, ISBN 978-3-9812703-4-1

1  Das «Intermarium» war ein vom polnischen Marschall Józef Piłsudski nach dem Ersten Weltkrieg unterbreitete Vorschlag eines konföderierten vorwiegend slawischen Staatsgebildes, das vom Schwarzen Meer bis zur Ostsee reichen sollte und sich strategisch sowohl gegen Deutschland als auch gegen die noch junge Sowjetunion richtete. Auf Bestreben Polens wurde 2016 an diese Initiative der Zwischenkriegsjahre angeknüpft, jetzt mit dem neuen Namen «Drei-Meere-Initiative». Mitglieder sind Bulgarien, Estland, Kroatien, Lettland, Litauen, Österreich, Polen, Rumänien, die Slowakei, Slowenien, Tschechien und Ungarn. Auf der Sicherheitskonferenz in München sagte der US-amerikanische Aussenminister Mike Pompeo dieser Initiative eine finanzielle Unterstützung von 1 Milliarde US-Dollar zu.

 

lundi, 02 mars 2020

Grenzsturm: Drei Thesen zur Lage

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Grenzsturm: Drei Thesen zur Lage

Angesichts des neuerlichen Andranges von Millionen „Flüchtlingen“ an der griechischen Grenze, eine zugespitzte Analyse zur zugespitzten Lage.

Der türkische Diktator Erdogan hat, wie schon lange vorausgesehen, von dem Druckmittel, dass ihm von Merkel & Co. überreicht wurde, Gebrauch gemacht und die Schleusen für Millionen illegale Einwanderer geöffnet. Verzweifelt versucht nun Griechenland die „Flüchtlinge“ an der Grenze aufzuhalten, wobei man bisher nur zu vorsichtigen Mitteln, wie z.B. Tränengas greift. In den etablierten Medien läuft die Mitleidspropaganda mit den üblichen Bildern wieder auf Hochtouren. Drei Thesen zur aktuellen Lage:

1) Das Ressentiment, dass viele Moslems gegenüber dem Westen haben, wird nicht in erster Linie durch die Lehren des Islams an sich genährt, sondern durch die seit Jahrzehnten andauernde, rücksichtslose Kriegstreiberei im islamischen Raum, die durch die USA und ihre NATO betrieben wird. Die geopolitischen Wünsche Israels haben hierbei, neben den Interessen einer Schicht von globalistischen Strategen, immer eine wichtige Rolle gespielt. Diese verheerenden, sinnlosen, ausschließlich Zerstörung und Chaos auslösenden Kriegsabenteuer sind der Hauptgrund für den Zustrom der „Flüchtlinge“ nach Europa.

Dominanz der Transatlantiker

Die Dominanz der „Transatlantiker“, also das hündische Befolgen der seit Ewigkeiten gleichen Strategien der US-amerikanischen Herrschaftskaste, die sich fest im Deep State breit verankert hat, muss zu Gunsten einer Politik, die ausschließlich die alleinigen Interessen Europas im Auge hat, gebrochen werden. Dabei gilt unsere Solidarität natürlich weiterhin dem amerikanischen Volk, mit dem wir im gleichen Boot sitzen und mit dem wir durch die Bande der Abstammung und der Kultur verwoben sind. Die verkrustete, unreformierbare amerikanische classe politique muss als Feind Europas identifiziert und politisch isoliert werden.

2) Wer die Kommentare in sozialen Medien verfolgt, wird sehen, wie viele Moslems jetzt angesichts der absoluten Hilflosigkeit Europas gegenüber diesem Ansturm voller hämischer Freude sind und aus dem Lachen gar nicht mehr herauskommen. Selbstbewusst und ohne jeden Genierer freuen sich nicht wenige über die unmännliche Wehrlosigkeit des verhassten Westens und fühlen sich als Gewinner und Eroberer.

Niemand braucht sich über die tagtäglichen Entladungen von Hass und Gewalt gegen Einheimische wundern. Die völlige Hilflosigkeit der Herkunftsländer gegenüber der amerikanischen Militärmaschinerie und die ständigen Demütigungen des eigenen Kulturkreises führen bei vielen „Flüchtlingen“ zum Bedürfnis, sich wahllos zu rächen und einen barbarischen Hass an Unbeteiligten auszulassen.

Die Logik des Krieges

Es ist irrsinnig zu glauben, man könnte jahrzehntelang Krieg in islamischen Ländern führen und gleichzeitig islamische Völker systematisch in Europa ansiedeln. Die Gewalt trifft auf beiden Seiten natürlich überwiegend individuell Unschuldige und Unbeteiligte. Das Ganze wird aber nicht abnehmen, sondern sich immer weiter intensivieren. Wer das nicht sehen kann, ist weltfremd und verkennt die Logik des Krieges.

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Die eingewanderten Täter sehen den weißen Mann an sich als Feind. Dabei ist es eben völlig unbedeutend, ob sich irgendein deutscher Grünwähler als „gut und tolerant“ begreift und die „Bereicherung“ toll findet. Der Hass geht gegen die Europäer an sich, völlig unabhängig von ihrem Pass oder ihrem Parteibuch. Wir werden von den Fremden als ethnische Einheit begriffen, die sich in erster Linie über die Abstammung definiert, auch wenn das die Europäer selber gerne aufgrund weltfremder Ideologien verleugnen. Diese Wahrheit anzuerkennen und daraus die nötigen Schlüsse zu ziehen, ist die wichtigste Frage der Identitätsdebatte.

3) Der unbegrenzte Ansturm nach Europa kann nur aufgehalten werden, wenn man gewillt ist die Grenze mit angemessenen Gewaltmitteln zu verteidigen und jede Form von „Asyl“ abzuschaffen. Die europäischen Regierungen müssen entscheiden, dass das Militär, wenn es nicht anders geht, die Grenze auch mit dem Einsatz von Schusswaffen zu sichern hat. Wenn diese Art der Verteidigung nicht erfolgt, wird angesichts der Kräfteverhältnisse der weitere, millionenfache Zuzug orientalischer Männer nicht verhindert werden können.

Die eine große Seinsfrage des Abendlandes

Das Ringen darum, ob die Europäer noch die notwendige seelische und moralische Stärke aufbringen können, das Selbstverständliche zu tun, und sich zu verteidigen, so wie man es Jahrtausende getan an, ist die große Frage unserer Zeit, denn es ist die eine große Seinsfrage der abendländischen Zivilisation. Hier haben wir die Zuspitzung der Lage, die zentrale humanontologische Unterscheidung, den „Begriff des Politischen“ nach Carl Schmitt, die Trennung zwischen uns und den anderen als existentielle Zuspitzung.

Diese alles dominierende Entscheidung zu treffen ist die größte Charakterprüfung unserer Zeit, die ein Wendepunkt der europäischen Geschichte sein wird. Wenn dieser Entschluss jedoch nicht erfolgt, wird damit der Untergang Europas unumkehrbar besiegelt. Die demographische Kippe und der damit folgende Kulturabbruch werden nicht mehr abzuwenden sein.

2016 erschien von Georg Immanuel Nagel das Buch: Die Auflösung. Wie Ideologien der Zersetzung Europa vernichten. Hier bestellen.

"Quelles réponses à la guerre du droit?"

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"Quelles réponses à la guerre du droit?"

par Me Olivier de Maison Rouge

 
Intervention de Me Olivier de Maison Rouge lors de la table ronde "Le droit, arme de puissance économique ?" organisée par le Cercle Droit & Liberté le 12 février 2020 à la Maison des Mines (75005 Paris).
 
Olivier de Maison Rouge est avocat d’affaires et docteur en droit. Il a également mené des études de sciences politiques et est spécialiste du droit de l’intelligence économique. Il a enseigné auprès de divers écoles et universités dont l'Ecole de Guerre Economique. Il est aussi l'auteur de nombreux articles et ouvrages sur la guerre économique dont "Penser la guerre économique : Bréviaire stratégique" paru chez VA Presses en 2018 et "Le droit du renseignement." Paru chez Lexis Nexis en 2016.
 

dimanche, 01 mars 2020

"Le droit américain, facteur de déstabilisation au Moyen-Orient" par Me Ardavan Amir-Aslani

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"Le droit américain, facteur de déstabilisation au Moyen-Orient" par Me Ardavan Amir-Aslani

 
Intervention de Me Ardavan Amir-Aslani lors de la table ronde "Le droit, arme de puissance économique ?" organisée par le Cercle Droit & Liberté le 12 février 2020 à la Maison des Mines (75005 Paris).
 
Ardavan Amir-Aslani est avocat franco-iranien et fondateur du cabinet Cohen Amir-Aslani. Il dispose d’une forte expertise en matière de réflexion stratégique et de direction de contentieux à l’échelle internationale notamment pour faits de corruption d’agents publics. Il est Chevalier de la légion d'honneur et est également essayiste et spécialiste de la géopolitique du Moyen-Orient. Il est l’auteur de nombreux ouvrages portant sur les relations internationales et notamment « Faire des affaires avec l’Iran » aux éditions Eyrolles.
 

The new art of war

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The new art of war

Ex: https://www.geopolitica.ru
 
Translating into Italian the work of the Russian political scientist Leonid Savin Coaching & conflicts was for me an experience that aroused mixed emotions. If on the one hand, in fact, you must necessarily face similar works to enrich the baggage of your knowledge and ability to understand the world around us, on the other hand, you exposes yourself to the risk, far from being merely potential, of the disenchantment in finding yourself deceived by those you trusted: this is what happened to me, when the miserable events of Italian politics mixed in August 2019 with my efforts to translate the chapter dedicated to the Ukrainian Maidan.
 
ccsavin_cover_0.jpgCoaching & conflicts deals with the theory concerning the “new art of war”, which is also the title of the Italian edition [1]: not only information and disinformation as they are generally understood but also, among other things, the set of methods by which a country can be affected economically and socially through the manipulation of its economy on international markets, so as to favor a change of government (or “regime”, just to use a word that makes so much bad anti-demokrats...). From these manipulations to the sadly known colored revolutions, perhaps followed by an external military intervention, the step may not be really immediate but still remains tragic: Libya docet, the Latins would say, and so also Syria even if right against the lions of Damascus the mechanism has jammed, showing its inevitable limits.
 
Reading and translating Savin's book I got the idea that the great puppeteers of our time, the United States of America dully stuck in their illusion of still living in an exquisitely unipolar world, succeeded in the crazy and visionary task to turn the generic ideas about war of Sun Tzu into a field operating manual. The world of Sun Tzu is two-dimensional, as are all agricultural and technological ones: in it, there is no Air Force that can be deployed against the enemy nor are possible any reconnaissance in the skies of an enemy country to gather valuable information or disturb its communications. In such a world, there are not even computers, Internet and computer networks that have allowed the diffusion of a different type of networks, the social ones, which today find wide application in the context we are talking about.
 
Sun Tzu believed that the best warrior is the one who wins a battle without having to fight it for real. But this belief, which today has become so well established in certain cirlces that it even generated concepts such as that of neocortical warfare, came from a person who had still fought with the sword in his hand and therefore knew the war not only by hearsay but also in the stench of spilled blood, in mutilations and infected wounds, in cries of anger and despair, in men who get dirty by fear and terror.
 
Sun Tzu tried to win without going to the open fight but did not refuse the need to wield weapons and place himself at the head of an army.
 
The Americans who, to bring down governments that they dislike because they do not obey their wishes, make a casual use of some social theories (gender and identity policies) and some war practices (the use of Islamic militants soaked in hatred religious as infantry that can be sacrificed on the ground) inevitably end up paying the price for their wicked choices when their society and the whole West increasingly show signs of an evident moral, human and material decline, which suggests more a Sodom and Gomorrah type end than a bright future of peace and prosperity.
 
I can only share Savin's wish that his book could be a “toolbox” for all those who really want to understand the changes of our time and maybe equip themselves with those useful tools not only to resist but also to reverse the destructive process or at least soothe it in part.
 
It was therefore a pleasure to find in the small but brave publishing house Idrovolanti Edizioni [2] and in its accountable for publishing, Daniele Dell'Orco, a sensitive shore to these hopes: what follows is my brief interview with Dell'Orco both on nature of Idrovolante Edizioni both on the reason that allowed the publication of the Italian edition [3] of Savin's book. Inevitably, Italy is also mentioned.
 
 
Q) Why a publishing house like Idrovolante Edizioni? Are you targeting any specific audience?
 
A) The name refers to a historical era, that of the first half of the twentieth century, in which Italy was at the forefront in the world in the development of aeronautical technologies but above all produced an unprecedented quantity of pilots and adventurers during the course of the history. Many of them, defying logic, risked their life (and in many cases lost it) for the sole purpose of experiencing uncommon emotions and making fun of the laws of gravity. The seaplanes built in Italy, commanded by the great Italian flyers, became known all over the world and gave our country a prestige probably without equal. And in the contemporary slumber, today's Italians are not aware of how exhilarating the idea that their grandparents and great-grandparents were basically ante litteram astronauts. In line with the name and its mission, first ethical and then editorial, Idrovolante Edizioni is aimed at those who consider themselves the custodians of the legacy of those characters who made us great, or simply to those who consider immaterial and solidity of spirit as a vocation.
 
41f3ZZ3zTGL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgQ) Why did you want to publish Leonid Savin's essay?
 
A) Geopolitics is a macro area that in Italy is perceived as far from the needs of people's daily lives. In reality it is the battlefield, diplomatic but sometimes also practical, in which many of the fates of the “common man” are decided without his being aware of it. Leonid Savin, a fine geopolitical analyst from a world that is in many ways obscure and demonized, such as the Russian one, offers ideas for a better understanding of many of those 2.0 conflicts taking place all over the world.
 
Q) Looking at Italy, do you think that the events that happened in our country in recent years are to be placed in an area of ​​“colored revolution”? If so, cui prodest?
 
A) Talking about a colored revolution would presuppose a movement destined to subvert an order of an often authoritarian nature. This is not the case with Italy, a country in which, however, popular sentiment has never translated into a movement in the streets and indeed has not even managed to translate into government representation. The experience of the yellow-green government, in fact, has failed and also in a hurry precisely because of the many “compromises” with the power that two parties such as the Northern League and the 5Stars Movement, already difficult to combine each other, found themselves forced to do by subverting in their populist narrative. It is no coincidence that the M5S is rapidly losing consensus while remaining in government and therefore still finding itself forced to change its connotations, while the League is managing to assert itself according to the opposition.
 
Q) What does it mean to be sovereign in Italy today and where is it possible to find a political response to sovereign requests and demands?
 
A) The concept of sovereignty is a re-edition in a contemporary key of patriotism, which in turn is used to sweeten the erroneously negative heritage that is hidden in the word nationalism. In reality, if from a philosophical-political point of view, sovereignism can take on meaning due to the transfer of sovereignty to which Italy has met with its entry into the European Union and the adoption of the Euro, from the point of view of politological view is related to a malpractice typical of our country where political class, or rather a part of the political class, is elected by the Italian people, swears on the Italian Constitution, occupies the chairs of the Italian institutions but politically acts against the needs and lacks of the Italian people. If in fact the sovereign demands, starting from the use of the term, are typical of the right-wing parties, almost everywhere at European and world level tend to adopt political measures functional to the well-being of their own people, including social democratic, liberal and progressive forces. The examples that come to my mind are those of Merkel and Macron, moderate and pro-European in theory but ultra-nationalist in practice, or even Trump himself, often considered an example of a sovereign leader but capable of adopting less nationalist and more “workfare” political measures of the Democrat Obama.
 
Q) What is "Nazione Futura" [Future Country] and why should it be part of your political project?
 
A) Nazione Futura is a cultural and metapolitical container, it does not have a political character of its own and therefore does not provide for a “political project”. It is a reference “for” politics, if anything. From the point of view of cultural, social and metapolitical promotion, it is present in over 40 Italian cities and organizes national and international events and initiatives, placing politicians, intellectuals, conservative-oriented professionals and local connotations around a table, going sometimes to replace and sometimes to support the work of traditional parties. The added value of Nazione Futura is that it connotes itself as a reference in the typical debates of the political agenda without having a party-like logic and without being an integral part of a party. It therefore makes use of a priceless faculty, namely that of being able to speak with anyone, support the right demands of anyone, and freely confront anyone.
 
Q) How do you see the future of our country in the medium and long term?
 
A) Our country is experiencing a moment of strong political, economic and anthropological decline. Something that we could define as cyclical, which throughout history has affected more or less vehemently all societies. However, the responses that came from politics are insufficient, and indeed they have accelerated this process and in some cases even gone along with it. Despite the difficulties that come from afar, politics would have, or should have, the tools to be able to manage the moment with courageous and forward-looking choices, perhaps even unpopular, but which in the medium-long term may prove useful to the country and even bring it to a position of strength. I give an example: the economic and financial condition of a country is the first instrument of sovereignty. Without economic stability, which must be created by politics, a State ends up at the mercy of others. Is there a public debt management problem? The answers must come from politics. Is there a problem of European constraints? Politics re-discuss them. Is there an employment problem? Politics studies adequate solutions to stimulate free initiative instead of proposing welfare choices and continue to harass VAT numbers. Politics can and must rediscover this role, otherwise it would be worthwhile to elect a bankruptcy trustee as prime minister.
 
 

samedi, 29 février 2020

Les Etats-Unis et les traités internationaux ou «Pourquoi se gêner?»

par Gérard Chesnel*

Ex: https://geopragma.fr

Le 31 janvier dernier, la Maison Blanche a publié un communiqué annonçant que « le Président Donald Trump avait annulé la politique de l’administration Obama interdisant aux forces militaires américaines d’employer des mines antipersonnel en dehors de la péninsule coréenne », en utilisant un argument assez fallacieux : les restrictions imposées par l’administration Obama pouvaient occasionner un « désavantage sévère » pendant un conflit. Dans un deuxième paragraphe, comme pour s’excuser, le communiqué précise que ces mines seraient à durée de vie limitée et qu’on s’efforcerait de réduire les dommages involontaires causés aux populations civiles et aux forces alliées.

Cette décision entre en conflit frontal avec la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de ce type d’armes. Elle n’a toutefois fait l’objet d’aucun commentaire à Berlin ou à Londres. La France, elle, a réagi par le truchement de la Commission Nationale pour l’élimination des mines antipersonnel, où le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères est représenté par un Ambassadeur. La CNEMA souligne qu’il s’agit d’un « grave recul sur un sujet qui fait le plus large consensus dans la communauté internationale, la Convention d’Ottawa ayant été ratifiée par 164 pays. Les Etats-Unis (qui ne l’avaient pas signée), la respectaient de fait et, en particulier depuis l’élection du Président Trump, avaient fortement augmenté leur contribution aux opérations de déminage dans le monde. Les Etats-Unis, dont les forces sont exposées comme les nôtres, en particulier au Moyen-Orient et au Sahel, à la prolifération des engins explosifs improvisés, ne devraient en aucun cas courir le risque d’affaiblir la lutte contre ces engins de mort, en justifiant leur utilisation quels que soient les précautions et les dispositifs imaginés pour protéger les populations civiles, qui inspirent les plus grands doutes ». Le communiqué de la CNEMA poursuit : « Cette décision est d’autant moins justifiée qu’un consensus s’est désormais établi dans la communauté militaire sur le peu d’intérêt militaire des mines antipersonnel, dont les dégâts pour les populations civiles sont sans commune mesure avec l’utilité opérationnelle ».

Alors pourquoi ? En fait, cette décision, même si elle vise au premier chef l’administration Obama, s’inscrit dans une longue tradition de non-engagement des Etats-Unis dans le moindre traité, la moindre convention qui pourrait limiter en quoi que ce soit leur liberté d’action. Cela remonte aux origines du pays. Dans son message d’adieu au Congrès en 1796, George Washington déclarait déjà : « Notre véritable politique doit être d’éviter des alliances permanentes avec quelque partie que ce soit du monde étranger ». Suivit peu après, en 1823, la fameuse « doctrine Monroe » et, près d’un siècle plus tard, le retentissant refus du Sénat de ratifier la convention créant la Société des Nations, dont pourtant le père était le président américain Woodrow Wilson.

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Ce refus de s’engager touche tous les domaines, du plus important au plus modeste.

  • Dans le domaine stratégico-militaire, certes les Etats-Unis ont accepté de signer, en 1972, le traité SALT I sur la limitation des armements stratégiques, mais ils avaient affaire à un interlocuteur de même force qu’eux, l’URSS. Ils ont signé également en 1972 le traité ABM interdisant les missiles anti-missiles mais l’ont dénoncé 30 ans plus tard. Et le traité SALT II (1979), même s’il a été respecté par les deux parties, n’a jamais été ratifié par Washington. De même, le traité START I sur la réduction des armes stratégiques a bien été signé en 1991 (et ratifié seulement en 1994) mais START II (1993) n’a jamais été ratifié. Le traité New START, signé en 2010 par les Présidents Obama et Medvedev, arrive à son terme en 2021 et le Président Trump a déjà fait savoir qu’il ne serait pas reconduit. Quant au traité INF sur les armes nucléaires à portée intermédiaire, il a bien été signé en 1987 mais il vient d’être dénoncé par Washington en août dernier, au prétexte que Moscou aurait accru ces dernières années ses capacités de manière incompatible avec le traité. Enfin, rappelons que les Etats-Unis n’ont signé ni la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel (1997), ni la Convention d’Oslo sur l’interdiction des armes à sous-munitions (2008). C’est pourtant Washington qui, dans les années 1970, a déversé sur le Laos des quantités phénoménales de ces « bombelettes » qui tuent encore aujourd’hui, en temps de paix, plus d’enfants que pendant la guerre.
  • Dans le domaine économique, les Etats-Unis ont refusé de signer la Convention de Montego Bay sur le Droit de la Mer (1973) qui crée notamment une zone économique exclusive de 200 milles autour des îles et au large des continents. Cela leur permet de continuer à piller nos ressources halieutiques notamment dans l’océan Pacifique, mais aussi dans l’océan Indien (dont le quart sud est en principe inclus dans notre ZEE).
  • Que dire de l’OMC ? Les Etats-Unis certes y ont adhéré lors de sa création en 1995 mais l’administration Trump bloque depuis deux ans la nomination de juges au tribunal d’arbitrage, entraînant sa paralysie et menaçant l’existence même de l’organisation.
  • Dans le domaine social, l’OIT a fait la liste des conventions non ratifiées par les Etats-Unis : il y en a 66. Parmi celles-ci, la convention sur le travail des enfants n’a pas, elle non plus, trouvé grâce aux yeux de Washington.
  • Pour couronner le tout, le Président Trump a dénoncé dès son élection l’accord sur le climat atteint lors de la COP 21 à Paris en 2015.

Hyper-puissance confite dans son égocentrisme, les Etats-Unis usent et abusent de leur force et de leurs monopoles. En français, on appelle cela « abus de position dominante ». Pour un Américain moyen, peu habitué aux termes juridiques même les plus simples, cela se traduit par : « Pourquoi se gêner ? »

*Gérard Chesnel, trésorier de Geopragma

mercredi, 26 février 2020

Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

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Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be


TABLE DES MATIÈRES

- Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

- Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

- Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques

- Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

- Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique"?

- ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse. Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle Route de la Soie

- La mondialisation à la chinoise, "un Cheval de Troye"?

- La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

- Sur les "révolutions de l'espace"

- Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

- Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

- Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

- Un bilan conceptuel

..........................................................................

Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

La montée en puissance  de la Chine, depuis la fin de la guerre froide, en termes économiques, politiques, diplomatiques et militaires,fera de celle-ci, selon nombre d' observateurs ,le plus grand protagoniste de l'histoire mondiale.

Cette émergence est susceptible de produire une inversion du rapport de prééminence entre les États-Unis, puissance dominante établie et  premier empire global de l'histoire et la Chine," Empire du milieu" ou État-civilisationnel, vieux de trois mille cinq cents ans et fort d'un milliard-quatre cents millions d'hommes.

A ce sujet, Chalmers Johnson, spécialiste de l'Asie, a soutenu la thèse d'une antinomie conceptuelle  entre "expansion impériale" et "adaptation régionale" et il a précisé, quant à  la conception de l'ordre mondial: "qu'on l'appelle "consensus de Washington", "soft power", ou "nation indispensable", cela aboutit toujours à la nécessité de maintenir un ordre mondial, inspiré, financé,et dirigé par les États-Unis."

Les tentatives américaines pour établir une hégémonie sur la Chine tendent vers des futurs explosifs et sont, en tous cas, vouées à l'échec."

En effet il n'y a pas de place dans le monde pour deux empires.

Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

Or, dès à présent, la contestation chinoise du "statu-quo" normatif, imposé par les États-Unis après la fin de la guerre froide, a déjà pris corps avec le rejet de l'universalité des  valeurs occidentales et de  la première menace ressentie par Béijin, qui est la menace idéologique du "regime change" et donc le défi intérieur de libéralisation du pouvoir et du pluralisme  politique, identifiés à la démocratie occidentale. (ex.Hong Kong)

Quant à l'Europe, le destin de celle-ci se jouera en Eurasie, tant sur le plan diplomatique que militaire. Quant au  premier, dans la capacité de la diplomatie européenne de dissocier la Russie de la Chine, quant au deuxième, par le rôle accru du Pacifique et de l'Indo-pacifique dans l'échiquier stratégique global.

Puisque le modèle de la stratégie dominante des deux derniers siècles a été celui de Clausewitz, la puissance de la terre qu'est Chung Kuo' se prépare à une politique d'affrontement  par une logistique, qui peut adopter Clausewitz sur terre, en cas de guerre conventionnelle, Mahan, sur les deux Océans, Pacifique et Indo-Pacifique, et Sun Tzu dans l'hypothèse d'un double front de combat, terrestre et maritime .

Dans ce contexte la logistique du système One Belt, One Road  devient l'élément décisif de l'épreuve de force probable entre les puissances de la terre et les puissances de la mer, au Nord, au Sud et à l'Ouest du continent européen.

Au même temps , la "limite" du conflit, entre guerre d'alternance hégémonique et guerre d'alternative civilisationnelle, deviendra la variable des ambitions et du combat des  acteurs aux prises,

Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques


Un rappel peut éclairer ce point non négligeable.

Si l'Europe et l' Asie appartiennent géographiquement à un même espace continental, l'Eurasie, un seul pays tache de les rapprocher par un immense réseau d'infrastructures routières, portuaires et numériques.

Ce pays est le Chung Kuo', l'héritier de l'Empire du milieu, dominant "tout ce qui est sous le ciel".

Puissance de la terre, la Chine, rivalisant avec la puissance de la mer, entend manœuvrer, en cas de conflit, par les lignes intérieures du continent, sans dépendre de la logique des flux et des reflux de la "société liquide".

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En Eurasie,marquée par la diversités des Etats et des institutions, la dominance continentale est passée de la Russie à la Chine et le resserrement des alliances prendra la forme d'une activation du réseau des routes de la soie,  modifiant le rapport des forces global.
 

En effet la guerre, selon Sun Tzu,  ne se gagne pas principalement à la guerre ou sur le terrain des combats, mais dans sa préparation.

Les risques  de conflit instaurent une politique ambivalente, de rivalité-partenariat et d'antagonisme.

Il s’agit d’une politique qui a pour enjeu le contrôle de l’Eurasie et de l’espace océanique indo-pacifique, articulant les deux stratégies complémentaires du Hearthland (1) et du Rimland.(2).

Les rivalités, qui secouent aujourd’hui l'Eurasie, ont forcé l’Est et l’Ouest à s’interroger sur un nouveau projet de sécurité en Europe, de stabilité stratégique et d’unité  de l’espace européen.

Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

Dans tout système international, le déclin de l’acteur hégémonique se signale par un resserrement des alliances militaires autour du leader.

Ainsi, dans la conjoncture actuelle, deux mouvements stratégiques rivaux s’esquissent au niveau planétaire :

– l’alliance sino-russe, assurant l’autonomie stratégique du Hearthland, en cas de conflit et promouvant, en temps de paix, la coopération intercontinentale en matière de grandes infrastructures, (projet OBOR -One Belt, One Road - avec la participation d’environ 70 pays)

– la stratégie du « containement» des puissances continentale, par les puissances maritimes du « Rimland » (Amérique, Japon, Australie, Inde, Europe etc.), comme ceinture péninsulaire extérieure à l’Eurasie.

Rappelons que les deux camps sont en rivalité déclarée et que  leurs buts stratégiques respectifs,ne sont pas de cerner des équilibres, fondés sur les concepts d’échanges et de coopération, mais de prévoir les ruptures stratégiques, sous la surface de la stabilisation apparente.

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Ainsi la  fin de la bipolarité, avec l’effondrement de l’empire soviétique, a engendré une source de tensions, entre les efforts centrifuges mis en œuvre par les États de proximité, « les étrangers proches », visant à s’affranchir  du  centre impérial et la réaction contraire de Moscou, pour reprendre son autorité à la périphérie, par une série d’alliances enveloppantes. (OTSC, OCS)

A l’Ouest c'est l’Alliance atlantique, aujourd'hui en crise,  qui a vocation à opérer la soudure de l’intérêt géopolitique d'Hégémon, dans l' immense étendue continentale entre l’Amérique et la Russie

Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique" ?

La question qui émerge du débat en cours  est de savoir si la "stabilité hégémonique" (R.Gilpin), qui a été assurée pendant soixante-dix ans par l’Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin de l'Empire et de la civilisation occidentale, ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-impérial dans le cadre toutefois, d'un système planétaire

L’interrogation connexe peut être formulée de manière plus abrupte et intempestive : "Quelle forme prendra-t-elle, cette transition ?"

La forme, déjà connue, d’une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron, calqué sur le XXe siècle, ou bien, la forme d’un changement d’ensemble de la civilisation, de l’idée de société et de la figure de l’homme, selon le modèle des "révolutions systémiques", de Stausz-Hupé, embrassant l’univers des relations ,socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues?

ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse.                                                                                                                                                

Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle  Route de la Soie

Pour mieux inscrire dans la géographie eurasienne, l’ambiguïté de la relation de rivalité-partenariat existante entre l'Empire du milieu et le reste du monde,sous la forme redoutable  d'une politique de coopération multilatérale, Xi Jinping a promus, en 2013 à Astana, la construction d'un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires rappelant les anciennes "voies de la soie",dans le but de rapprocher la Chine, l'Afrique et l'Europe, en traversant les pays d'Asie centrale

La mondialisation à la chinoise. Un "Cheval de Troie"?

Dans la perspective d'un ordre  global et à la recherche de formes d' équilibre et de stabilité à caractère planétaire, la Chine, poursuivant une quête d’indépendance stratégique et d'autosuffisance énergétique étend sa présence et sa projection de puissance vers le Sud-Est du Pacifique, l’Océan Indien, le Golfe et l'Afrique, afin de contrer les goulots d’étranglement de Malacca et échapper aux conditionnements extérieures maritimes, sous contrôle américain.

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Elle procède par les lignes internes, par la mise en place d'un corridor économique et par une route énergétique Chine-Pakistan-Golfe Persique, reliant le Port de Gwaidar, au pivot stratégique de Xinjiang.

Beijing adopte la gestion géopolitique des théâtres extérieures et resserre ses liens continentaux avec la Russie. L'influence chinoise est concrétisée par la construction d'une gigantesque "Route de la Soie", reliant le nord de la Chine à l'Europe, via le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Turkménistan.

Rien de semblable,depuis l'époque pré-impériale (VIIème siècle avant J.C.), lorsque commença la construction de la Grande Muraille, achevée par Quin (en 221 avant J.C.), après avoir conquis un à un l'ensemble des Royaumes combattants et avoir unifié ainsi  la Chine.

La similitude n'est pas pour dérouter, car l'idée d'unifier l'Eurasie n'est pas lointaine de l'esprit de Xi-Jinping.

Or Obor rassemble à un véritable "Cheval de Troie" de l'âge moderne, destiné à faire basculer l'Histoire du côté de l'Orient Chinois.

Cette entreprise colossale pourrait avoir  pour principe un précepte de Maître Sun Tzu: dans la guerre,"trompe l'ennemi sur tes intentions!" .

Ainsi, en  détournant l'attention des  ennemis de  la conquête de l'Eurasie,le plan de bataille du nouveau Qin Shi Huang consisterait à vaincre sans combattre, "sans ensanglanter la lame!".

La transition d'un système international  à l'autre ne peut comporter une dissertation sur la morale, ni sur la licéité de la guerre, juste ou inique, car la guerre est une réalité primordiale et il faut l'accepter comme un ensemble de confrontations , préparées de longue haleine.

La recherche de l'avantages par la ruse, ou par l'ordre apparent, ne peut cacher que nous combattons hors limites,et que  l'apparence de l'ordre , comme l'apparence du chaos est une conséquence de la force montante, dont dispose aujourd'hui l'Empire du milieu.

Obor, le nom des nouvelles routes de la soie, ne peut être autre chose que l'apparence de l'ordre, face au désordre  de l'Otan, dénoncé par Macron, à l'extrémité occidentale de l'Eurasie.

Un grand dessein non -militaire, destiné à faire capituler l'Occident

Avec Obor, la Chine entend manoeuvrer,à l'intérieur des terres, rivalisant dans tous les domaines, y compris les plus sophistiqués ( les numériques), avec la puissance thalassocratique dominante dans l'Océan Pacifique et indo-pacifique.

Or ce projet de modernisation et de mondialisation, présente l’entreprise de la Chine comme  pacifique, une "Initiative" et pas comme une "grande stratégie", pour éloigner toute allusion à la guerre.

En revanche cet immense vecteur d'hommes et de biens, constitue un incomparable outil de gains stratégiques et logistiques pour la mobilité des théâtres  et le transfert des forces.

Le transfert des forces du front de l"Est au front de l'Ouest par l'Allemagne, pendant la première et deuxième guerre mondiale a été rendu possible par un réseau ferroviaire moderne, à l'époque, et d'une redoutable efficacité militaire.

En Eurasie les fronts sont multiples et il n'y a plus une seule ligne de front, à alimenter en permanence, d'où la valeur accrue du transport multimodal

La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

Ainsi,en départageant les deux grandes  stratégies de Chung Kuo', terrestre et  maritime, Obor exprime la prépondérance décisionnelle, en cas de crise, de l'armée populaire sur le groupe dirigent, sur le comité centrale du parti et son  primat stratégique sur les  hauts commandements  des armées de terre, de mer et du ciel  , car elle influence  la liaison du peuple et des élites et rappelle l'épopée mythique de la "longue marche".

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En forte expansion par tonnage annuel ,la marine chinoise aura pour but le"dénis d'accès" des puissances de la mer vers le littoral et, plus loin vers le coeur des terres, le Hearthland de Halford MacKinder, pivot de l'Histoire, car l'empire du milieu, n'a pas vocation à passer d'une existence terrestre à une existence maritime et veut maintenir sur une base continentale la suprématie de Chung -Kuo'.

En réalité, "le jeu politique qui concerne les mers est déterminé par les États terriens." (Julien Freund, in "Terre et Mer" Carl.Schmitt, postface)

Par son tracé, en volutes de dragons, la nouvelle route de la soie  concrétise la géopolitique des partenariats que dessinent les sept corridors de ce grand " boa constrictor" et, par conséquent, la désignation des théâtres et les formes de combats coordonnés dans les trois continents, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, afin qu'ils soient  soudés par un réseau de couloirs routiers et maritimes, serrés par une seule main.

Pour atteindre la victoire un État doit avoir la possibilité d'occuper tout ou partie du territoire ennemi et seul la Chine est à la hauteur de cet exploit.

Sur les "révolutions de l'espace"

L'initiative chinoise est elle en train  de susciter une nouvelle révolution de l'espace, comparable, pour ses répercussions, à celles qui l'ont précédées?

Après l'âge de la mondialisation(1980-2019),menée par la logique de l'échange,ainsi que  par l'idéologie des droits de l'homme et d'un monde sans frontières, la Chine inaugure-t-elle une nouvelle phase historique, celle de la "continentalisation" du monde autour de l'Eurasie et d'une autre stabilisation  du pouvoir et  de l'économie?

L"élargissement des horizons du monde, provoqués par l'effondrement du système soviétique, a provoqué une mutation culturelle profonde et donné à l'Asie centrale  une vision "déterritorialisée" de l'univers socio-politique, aux possibilités illimités.

Avec les nouvelles routes de la soie, une autre conception de l'espace s'affirme, par laquelle la terre éclipse la mer et la contourne.

C'est un tournant, dans lequel l'humanité se déplace et un autre rapport s'instaure, plus autonome,  dans la relation entre villes et campagnes du monde, marquant la dépendance de certaines régions d'un moteur plus souple de planification, sous forme de partenariat, de projets de co-développement et d'autres maillage d'affaires

Ce ne sont plus "les écumeurs des mers" (pirates, corsaires, boucaniers et flibustiers), à la recherche d'aventures individuelles et lucratives, mais de vagues de terriens , en quête d'une autre stabilisation et existence sociétale.

La nouvelle dimension  de l'espace exige une autre organisation des terres, à l'échelle planétaire, et cette réorganisation sera naturellement belliqueuse.

Or, si la mer avait rendu possible le rêve de l'Amiral Mahan, d'une unification  des peuples de la mer (Grande Bretagne et États-Unis en 1904), et si les Hollandais à la fin du XVIème siècle,devinrent les "transporteurs" des autres pays d'Europe, par les perfectionnements apportés à un nouveau type de navire, pourvu de vergues, de quoi seront ils porteurs les chinois, si non d'un autre type de transports et de parcours terrestres irradiants.

Pourra-t-on encore faire la distinction entre étrangers et locaux, lorsque des dizaines de millions d'hommes , embarqués sur les rails, feront de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, un univers sinisé et une "République de Confucius", par une  prise de terre, massive, pacifique et commerçante ?

Au rétrécissement de l'espace européen, fera suite une conscience globale plus éveillée. qui donnera naissance à une nouvelle race, métissée, biologiquement et politiquement, où se confondront blancs, mongols et noirs, gardes rouges fanatiques, ultra-démocrates honkongais, hommes des triades, geishas européennes et arabo-musulmanes, progressistes  trans-gendres, trafiquants  violents et militaires aguerris, pour se disputer le butin de la croissance et le droit à une parole plus libre?

Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

Xi-Jinping veut reprendre l'hégémonie géopolitique du monde sur la base de la puissance terrestre et de la vieille tradition des Empires,par la voie des partenariats et non des alliances, qui seules permettent la constitution de blocs homogènes.

Or, le caractère terrestre a pris en Chine une signification culturelle et historique, à laquelle  les autres pays ne peuvent pas prétendre,celle de se percevoir au mileu du monde et de devoir régner "sur tout ce qui est sous le ciel".

Rien de semblable depuis l'Empire de Rome, lorsque les voies impériales et consulaires conduisaient toutes à Rome, "Caput Mundi" et règne du pouvoir  et de la loi.

La maîtrise de la logistique impressionnante d'Obor, dont la clé appartient à la Chine, s'imposera aux forces combattantes et dictera les formes de l'affrontement de demain, autrement dit , les conditions de la paix et de la guerre entre"Orient et Occident".

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Quel sera-t-il, dans ce cas, unique dans l'histoire, le rôle de l'Europe, en ce choc de continents et de civilisations?

Dans une période de mutations profondes et globales, quel espace d'autonomie et de manœuvre, culturel et civilisationnel restera-t-il à l'Europe, par rapport à la puissance extérieure dominante, au sein d'une Eurasie sinisée et d'un Rimland américanisé?

La liberté d'action de l'Europe ne pourra  se définir que par une inversion stratégique à l'Est, autrement dit, par le passage de l'isolement continental de la Russie à celui de la Chine.

C'est pourquoi ce résultat ne peut être obtenu par l'Otan, qui demeure une alliance défensive euro-atlantique, visant la Russe. dans un contexte global d'affrontement.

Si Obor représente la logique d'une ouverture atlantique de la Chine, atteignant  l'Europe, en réponse à la stratégie adverse d'isolement , l'esquisse géopolitique de Macron, concernant les blocages de l'Otan et la reprise du dialogue avec la Russie, laisse présager une ouverture euro-russe du Hearthland et une manœuvre diplomatique de désarticulation du partenariat chino-russe.

A terme, un" Yalta 2 ", influant sur le système international du XXIème siècle, sous espèce d'une "Doctrine Monroe" de l'Eurasie, comme zone d'influence européenne, entre l'Europe,la Russie et la Chine, aura pour but de maintenir le pluralisme étatique et non seulement démocratique en Asie centrale, afin qu'il ne se constitue pas un bloc hostile aux intérêts européens.

Ce plan déterminera aussi  la liberté des Océans Pacifique et Indo-Pacifique et libérera l'accès à  l"extrême Orient, de la part de  l'Australie et du Cône sud des Amériques.

Une nouvelle alliance euro-russe, en défense des intérêts des "grands espaces" schmittiens, sur les frontières de l'ancienne Union Soviétique, replacera l'affrontement hégémonique au cœur de l'Asie centrale,de manière à ne pas être pensé encore sur le modèle la guerre froide à l'Est du continent.

Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine au plan géopolitique, a eu pour but de jouer un rôle d’équilibrage et de contre-poids, au cœur de la masse continentale eurasienne et de repartir les zones d'influence entre les deux puissances dominantes, dans le cadre de la multipolarité.

Cette double poussée, virtuellement antinomique, est corrélée à l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui fait fonction de stabilisateur régional

Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

La stratégie de la future (et encore hypothétique armée européenne) devrait adopter une politique de recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe ( de Lisbonne à Vladivostock) et passer de la tentative de roll-back et d'isolement de la Russie ( par l'Otan), à une doctrine inversée du Hearthland, en isolant  la Chine qui représente la menace majeure pour la puissance thalassocratique extérieure.

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Celle-ci, comme Athènes dans les guerres du Péloponnèse,  ne pourra gagner au même temps et conjointement la Russie et la Chine, provoquant à l'Ouest l'effondrement définitif de  l'Europe et l'écroulement de la civilisation Occidentale.

La mort d'Athènes et de Rome ne grandiront point l'image créatrice et chaotique de l'Amérique post-impériale, comme héritière du berceau culturel de l'Occident.

Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

Le repositionnement des ambitions du triangle États-Unis, Russie et Chine, rééquilibrant la multipolarité actuelle, aurait pour but de rendre limité le règlement d'un conflit éventuel entre les États-Unis et la Chine, évitant une guerre discriminatoire , élargie à l'ensemble de la planète. 


L'affrontement à prévoir aurait alors pour limite l'alternance entre "peer competitors" ou candidats à l'hégémonie et non la structure générale du système international

Il laisserait  subsister les vieilles nations, leurs peuples et leurs mémoires,  dans une position subalterne,  donnant lieu à des métissages inconnus de liberté et de la soumission, au lieu de précipiter le dilemme d'une opposition existentielle entre l'Orient et l'Occident.

Cette limite aurait pour signification essentielle ,la préservation d'un"statu quo" civilisationnel entre les deux hémisphères,  évitant, entre-autre, une invasion des peuplades désordonnées  de l' hémisphère Sud vers  le Nord  de la planète, où une  seule civilisation, continentale et blanche, a promu les grandes découvertes et a fait évoluer le genre humain.

Un bilan conceptuel


Au moment où le Royaume Unis, avec le Brexit, embrasse à nouveau son insularité  et se tourne vers le grand large, les pays du continent voient réapparaître les figures protectrices des États-Nations (souverainisme  et populisme).  Dans ce cadre, l'Europe  considère qu'une conversion du continent à la mer et au libre-échange intégral, est impossible. Ses citoyens gardent la fidélité à leur habitat, essentiellement terrien et prétendent  le préserver et l'améliorer (campagnes écologiques)

En effet l'arcanum des réflexes européens est constitué par la terre et par l'ordre de l’État, le Léviathan.continental.

L'Europe ne garde pas le réflexe côtière de ses anciennes républiques maritimes (Gênes ou Venise), mais l"attachement des paysans, désormais périphériques, à leur terroir et à leur système de vie (Gilets Jaunes).

Dans ce contexte, dans lequel l'état de nature hobbesien ne peut être arbitré que par la violence et par le spectre du conflit, la conception thalassocratique de la guerre, visant le libre commerce, repose sur l'ubiquité du danger, désigné  par la puissance maritime, par le biais d'une alliance  océanique illimitée, l'Otan

C'est dans ce contexte que l'intervention de Macron sur la "mort cérébrale" de l'Alliance Atlantique, éclaire sur la conscience globale de la nouvelle conjoncture historique.

Face à la discorde sur la désignation de l'ennemi, il prend le parti de la terre (Russie) contre la mer (bloc thalassocratique) et sutout contre l'interventionnisme "illimité"et universel de la puissance de la mer (hégémon).

L'Iran, la Chine et la Corée du Nord n'obéissent pas aux figures obsidionales du"Mal", contre lesquelles une violence totale est justifiée et légitime, mais à des figures de "justi hostes", disposant des mêmes droits et des mêmes raisons de faire appel  à la guerre et contre lesquelles une violence illimitée est injustifiée.

En effet le "juste ennemi" est celui que l'on ne peut identifier à la figure du Mal , au nom d'un exclusivisme ou d'une intransigeance morales et dont on peut comprendre l'hostilité et les objectifs politiques, puisque demain il sera peut être un allié.

Puisque l'Eurasie occupe l'espace  historique de l'Allemagne et de la Russie réunies,  la lutte entre la puissance de la mer et la puissance de la terre prend la forme actuelle d'un affrontement entre l'atlantisme de certains pays européens et l'eurasisme de certains courants de pensée russes.

Ainsi, compte tenu de la double impossibilité, d'une domination mondiale unipolaire  et d'un État de l'humanité pacifié, qui suppose une neutralisation et une dépolitisation totale du monde, l'évolution planétaire va dans la direction d'un pluralisme des grands espaces (C.Schmitt), autrement dit, vers des sphères d'influence et des zones culturelles homogènes (Yalta 2), dont la cartographie  obéit , en large partie aux oppositions binaires de la terre et de la mer.

L'échec de la tentative d'instaurer un unipolarisme dominant et la montée en puissance des anciens empires  historiques comme, l'Inde, l'Iran, la Russie et la Chine, justifie la démarche de Macron vers  un nouveau pluralisme du monde autour d'une mère civilisationnelle commune à la Russie et l'Europe, l'Occident romain - orthodoxe.

Le caractère identitaire et irrévocable de cette distinction est au fond la reconnaissance d'une faille profonde entre l'Orient Russe et le grand Orient Chinois, dont les voies de la soie constituent les tentacules puissantes d'un dragon, tiré de son histoire et doué d'un feu existentiel et spirituel  trente cinq fois séculaire.

BRUXELLES le 23 Décembre 2019

jeudi, 20 février 2020

La Sibérie : coffre-fort de la Russie ou cœur de l’Eurasie ?

L’Europe : «de l’Atlantique à l’Oural» ou «de Lisbonne à Vladivostok» ?

par Maruice Rossin*

Lors du 50e anniversaire de la signature du traité de Rome, date de la fondation de l’Europe, Poutine écrivait que l’Europe ne pourrait pas vraiment être elle-même sans la Russie, et que, « en même temps », la Russie ne cesserait jamais de manifester son grand désir d’Europe. 

La Russie pourrait réveiller l’Europe pour réaliser avec elle une grande œuvre, la mise en valeur de l’espace sibérien. L’Europe s’étendra alors de Lisbonne à Vladivostok.

LES FAITS

Le 25 mai 2018 à Saint-Pétersbourg, dans un débat lors du Forum d’Affaires (SPIEF 2018), le président Macron énonce incidemment, comme une évidence, que « L’Europe va de l’Atlantique à l’Oural ». Le président du patronat russe, Alexandre Chokhine, lui coupe la parole pour rétorquer instinctivement : « non, l’Europe c’est de Lisbonne à Vladivostok ! ». Le président Poutine approuve pleinement cette répartie en confessant qu’il a été pris de court et qu’il allait faire la même réponse. 

Ces échanges posent deux problèmes fondamentaux,

  • la Russie est-elle européenne ?  De nombreux hommes politiques le pensent en particulier en Europe.
  • la Russie est-elle eurasiatique voire même asiatique ? La géographie de ses frontières l’impose.

L’occupation de l’espace sibérien apportera la réponse à ce dilemme, puisque la Russie, seule, ne pourra la réaliser.

ENJEUX

Far West ou Far East?

Dans un monde dominé de plus en plus par la finance internationale, l’existence de ressources minières gigantesques dans ses sous-sols associés à une population très faible – 2 habitants au km2 -, risque de faire de la Sibérie un objet de convoitise marchande plus que de respect historique et culturel. Cet attrait est d’autant plus fort que l’Asie densément peuplée, incapable de se nourrir,  est située à côté de vastes territoires agricoles, inoccupés et inexploités.

Pour la Chine, c’est le Far West: la Sibérie est trop grande, trop proche, trop riche et trop vide de population pour rester russe. Pékin souhaite-t-il l’occuper humainement, économiquement, et la réintégrer dans son espace vital au nom du pragmatisme et de l’histoire ?

Pour la Russie, c’est le Far East: la Sibérie a été jusqu’à aujourd’hui son coffre-fort. Deviendra-t-elle, par une association étroite avec l’Europe, le cœur de cette Eurasie chère au Président Poutine? Le destin de la Russie est lié au succès de la mise en valeur de ses provinces sibériennes, c’est-à-dire de 77 % de son territoire. L’Europe trouverait alors un rêve mobilisateur de ses excès, de ressources financières et humaines, dans une continuité historique avec la construction d’un monde nouveau qui lui redonnerait espoir et raison d’être.

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COMMENTAIRES PROSPECTIFS

« L’Europe de l’Atlantique à l’Oural » ou « l’Europe de Lisbonne à Vladivostok » ?

Si l’on parle de géographie figée dans la physique des reliefs, le président Macron a raison, mais il oublie les trois-quarts du territoire russe. Malgré toutes les sanctions, les groupes européens et en premier, français, restent très présents en Russie. La France était fin 2018 le 1er investisseur étranger en stock (17,1 Mds USD) soit 13% des flux d’IDE (1) entrants en Russie en 2018. Avec plus de 500 filiales françaises implantées (1200 entreprises ayant au moins un actionnaire français), la France est le premier employeur étranger en Russie (150.000+ salariés), devant l’Allemagne. 35 entreprises du CAC 40 sont présentes en Russie.

 Si l’on parle de politique et de vision du futur, si l’on pense à l’avenir et que l’on donne au mot « Europe » un sens large aussi visionnaire que celui d’un Pierre le Grand il y a 400 ans, alors le président Poutine a aussi raison.

La Sibérie : or doux, or noir, or bleu, or vert mais c’est également :

  • Un territoire de 13 millions km² (plus de 3 fois l’Europe des 27) et 38 millions habitants, mais occupé par les hommes depuis 200.000 ans,
  • Une diversité géographique liée à l’immensité de son espace dont l’exploitation varie avec le temps. Le réchauffement climatique ouvre d’énormes possibilités agricoles,
  • L’or bleu, avec le lac Baïkal et ses 20% des réserves d’eau douce du monde, avec 4 fleuves s’écoulant Sud-Nord de 4-6.000 km de long et 10-20.000 m3/seconde de débit, avec une voie maritime arctique maintenant ouverte. D’un transport actuel Ouest – Est avec le train, on va revenir au traditionnel Nord Sud plus conforme au relief et aux voies naturelles,
  • L’or vert avec l’agriculture, l’élevage et les forêts :
    • Des dizaines de millions d’hectares de terres favorables à la culture ou à l’élevage. Des forêts, avec 20% des réserves forestières et 50% des conifères du monde,
  • Une occupation humaine sous des formes variées, avec
    • Des peuples indigènes dispersés mais de grandes richesses culturelles, sauvés par les zibelines et « l’or doux de leur fourrure » qui, par le iassak (2) remplissait les caisses du tzar,
    • Une colonisation sur les 500 dernières années, forcée pour les uns (éloignement pour ls tzars, goulag pour les communistes), refuge pour les autres, mais toujours une forte implication de l’Etat central. Stolypin avec sa politique volontariste, déplaça 4 millions de personnes en 10 ans, et sauva ces territoires russes des invasions étrangères en 1919. 
    • Une dépopulation dramatique depuis les années 1990 correspondant à un désengagement de l’Etat.
  • L’or noir, avec Farman Soulmanov qui découvre le 21 juin 1960, que « la Sibérie flotte sur une mer de pétrole dont il est le premier explorateur navigateur ». (E Hoessli), auquel s’ajoutent toutes les richesses minières de la planète, métaux précieux ou non, c’est le coffre-fort.

Russie : la Sibérie ne pourra pas rester le coffre-fort russe où l’on prélève ce dont on a besoin. Il faudra impérativement l’intégrer dans l’espace russe. C’est le grand pari du président Poutine : mobiliser les ressources de toutes origines pour sa mise en valeur… tout en en restant le maître du jeu et en imposant priorités et rythme du mouvement.  La Sibérie se développera-t-elle en restant russe grâce au concept d’Eurasie développé par le président Poutine, qui proposent une alternative à la globalisation mondiale de l’économie dominée par les Anglo-Saxons (FMI, BIRD, OMC…), avec ou sans l’Europe ?

Chine : les Chinois ont la mémoire longue et raisonnent dans la durée. La mise en valeur de l’Extrême-Orient russe nécessite des investissements importants et la stabilisation de la région  par l’occupation de son espace part des paysans. La Chine possède les deux – fonds et hommes -, et en grandes quantités. Les IDE chinois en Russie sont dirigés en priorité au-delà de la frontière de la province du Heilongjiang. Le ministère du Commerce chinois estimait en 2017 que les investissements cumulés chinois en agriculture, forêts et pêches s’élevaient à plus de 3 milliards de $ jusqu’en 2016. Les paysans et éleveurs chinois ont commencé à traverser le fleuve Amourdès les années 1990, ils ont été organisés par des officiels de Heilongjiang avec des campagnes mixtes russo-chinoises. En 2011, c’étaient 6,9 millions de mou (ou 480 000 ha) de terres russes concernées par ce schéma. Malgré les difficultés bureaucratiques rencontrées par les producteurs pour exporter leurs produits sur la Chine (soja, maïs, colza), le mouvement est lancé et on est passé de 8 000 tonnes d’huile végétale exportées en 2011 à 220.000 tonnes en 2015/2016, et même 1 million de tonnes de soja en 2017. 

Si l’on connaît approximativement les sommes investies par la Chine en Sibérie, on ne connait pas le nombre de Chinois qui s’y sont installés. Les chiffres, selon les sources et les objectifs recherchés, varient entre 150 000 et 15 millions. La Chine veut « réoccuper » les terres grâce aux hommes qui les cultiveront et investir conjointement dans l’exploitation des richesses minières et énergétiques. L’État central participe directement dans les investissements financiers importants, et organise, via ses régions limitrophes, les mouvements de colonisation des terres inoccupées russes voisines. C’est une stratégie qui s’inscrit dans la durée. Elle pourrait être gagnante.

Europe : l’Europe gère les actions et contradictions des 27 économies et peuples nationaux avec une boussole plus orientée vers le soleil couchant et le grand large atlantique, que vers le soleil levant et les richesses sans limites de ce continent « Eurasie » assis sur la chaîne de l’Oural. Les actions comme celles de Total vont dans la continuité de l’utilisation du coffre-fort sibérien, et non dans celui de la création de nouvelles richesses durables dans ses territoires désertifiés. Et pourtant, l’Europe – à commencer par la France – dispose d’un potentiel humain exceptionnel pour risquer et gagner le défi de la mise en valeur de l’espace naturel sibérien. Si l’État du Heilongjiang organise la colonisation des terres russes voisines avec méthode et succès, il n’en est pas de même pour les États Européens. L’homme seul peut rêver. Pour que le rêve devienne réalité, il faut organiser la colonisation de ces espaces nouveaux.

La mise en valeur de l’espace sibérien ou le nouveau Far East de l’Europe.

  • Un espace aussi vaste ne peut être défendu durablement que par une occupation économique et humaine de son espace rural, dans l’esprit des paroles du Président Poutine : … pour la défense du territoire, « l’agriculture, c’est plus important que les fusils ».
  • De nombreuses missions scientifiques ont sillonné la Sibérie depuis Pierre le Grand on dispose de très nombreuses informations scientifiques et humaines. « Le savoir d’avant est fondamental pour le construire d’après ». Au début du vingtième siècle, la Sibérie a été un grand producteur et exportateur de blé, de lait et elle peut le redevenir. « L’ensemble des exportations est construite sur la croissance du beurre sibérien » (Stolypine (3)), on taxait les céréales sibériennes, trop compétitives par rapport aux productions de la Russie européenne.
  • On ne sait pas quelles productions domineront le marché dans 50 ans – soja et palme, qui dominent le marché des corps gras aujourd’hui étaient quasi-inconnus il y a 40 ans -. La Sibérie dispose d’un réservoir de génétique aussi important que celui de ses ressources minières. Soja et blé viennent de Sibérie. Et les scientifiques soviétiques puis russes, dans la lignée de Vavilov, disposent de collections de ressources végétales incomparables.
  • Une chose est certaine : la nouvelle agriculture sibérienne ne sera pas une copie de l’agriculture de la Beauce ou de Krasnodar, il faudra l’inventer.
  • Avant la conquête russe, les steppes sibériennes étaient parcourues par des dizaines de millions de vaches et de chevaux yakoutes, outre les millions de rennes plus au nord. Ne dit-on pas que, là-haut, c’est le renne qui a domestiqué l’homme et lui a permis d’occuper ces espaces du grand nord.
  • Réoccuper la Sibérie, c’est définir une « colonisation » de son espace, en fixant les zones prioritaires, avec des schémas de financement adaptés, en inventant des modes de production propres à ces territoires nouveaux et suffisamment souples pour qu’ils puissent se définir au fur et à mesure de leur implantation : en quelques mots établir une dynamique entre la science, la finance et l’homme, ce dernier étant le plus important, donc le premier à mobiliser.
  • La France dispose d’un monde agricole avec des ressources humaines qui ne peuvent s’exprimer, faute d’espace. Dans le domaine spécifique de l’élevage, elle dispose du premier troupeau de bovins européen dont l’adaptation aux conditions sibériennes a été couronnée de succès, et le gouverneur de Tioumen, Sergeï Sobianin, promoteur de cette opération, déclarait en 2002, « les bêtes, c’est bien, c’est un succès, mais ce dont nous avons besoin maintenant, ce sont de bergers, nous les invitons à venir s’installer… ». D’autres Européens – Hollandais, Allemands – sont intéressés par cette aventure comme leurs ancêtres le furent il y a un à deux siècles par l’épopée du Far West américain!
  • Dans le monde actuel en crise, on a aussi d’autres groupes prêts à s’établir pour courir la nouvelle conquête de l’occupation de l’espace rural, comme les Boers d’Afrique du Sud, comme les Argentins en instabilité politique et économique chronique…. dès que le pays d’accueil, stable, montre son souhait de recevoir ces nouveaux défricheurs et garantit qu’ils pourront exprimer leur capacité de construire une agriculture nouvelle dans la durée. 

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CONCLUSION

La Sibérie peut faire rêver en 2020, non seulement par l’exploitation de ses richesses minières, mais aussi par l’occupation de son espace géographique. Le monde de demain en aura besoin, car l’or bleu et l’or vert seront les piliers de la croissance future.

Les appétits des voisins immédiats sont immenses, c’est bien là le danger. L’Europe, un géant économique, peut trouver avec une politique coordonnée avec celle de la Russie, un domaine où, elle montrera qu’elle sait encore construire un avenir pour ses citoyens qui ont l’impression, aujourd’hui, d’être dans une impasse. Débridons leur capacité de produire et aidons-les à s’exprimer là où il y a des besoins pour de nombreuses années encore : en Sibérie, dans le Far East !

La Sibérie et l’Europe : Éléments de contexte  

Interprétation géographique

Du point de vue de la géographie physique, la Russie s’étend sur une superficie totale de 17,1 millions de kilomètres carrés, dont 13,1 millions km2 constituent la Sibérie, ce qui signifie que 77 % du territoire russe se situe en Asie, si on admet que la chaine de l’Oural sépare l’Asie de l’Europe. À titre de comparaison, les États-Unis s’étendent sur 9,63 millions km2 et l’Europe des 28 (comprenant le Royaume Uni) avec ses 4,49 millions km2 représente à peine le tiers de la Sibérie russe. Dire alors que la Russie va de l’Atlantique à l’Oural revient ignorer 77 % de son territoire, ou mieux encore affirmer que les 13,1 millions de km2sont de fait des terrae nullius, alors que ces terres sont russes.

Interprétation historique et politique

Il faut se plonger dans l’histoire pour mieux comprendre la géographie et le sens politique attaché à l’expression « de l’Atlantique à l’Oural ». On comprendra alors pourquoi la frontière de l’Europe s’arrête à la chaîne de l’Oural pour les uns et va jusqu’à Vladivostok pour les autres, tout en sachant que l’Oural est plus proche de Lisbonne (6 000 km) qu’il ne l’est de Vladivostok (7 700 km), lui-même encore très éloigné de l’extrémité du territoire russe de la Tchoukotka qui borde le détroit de Bering.

• Ivan le Terrible (1530-1584) fut le premier tzar à s’intéresser à la Sibérie. Après avoir fait tomber le verrou tatare en 1552 avec la prise de Kazan, il confia la responsabilité de la marche vers l’Est à un riche entrepreneur venu du Nord, un Pomor (4) de la famille Stroganov. Ce fut donc un oligarque intéressé par le développement de ses affaires, qui le premier traversa cette chaîne de montagne de l’Oural et entreprit la conquête du khanat de Sibir avec les Cosaques venus du sud. Les nouveaux territoires étaient riches en fourrures et en minerais de toutes sortes, ils remplissaient les caisses de l’État. À titre comparatif, le Mayflower débarqua les premiers colons anglais en Amérique en 1624.

• Pierre le Grand (1689-1725), organisa l’empire russe avec une boussole qui était la science universelle dans tous les domaines, en particulier dans celui de la géographie. C’est son géographe officiel Vassili Tatitchev qui plaça la limite entre Europe et Asie sur les monts Oural. 

 Était-ce une décision purement de géographie physique sans raison politique, car il y a bien une chaîne de montagne qui marque la séparation des deux continents – Europe et Asie -,  avec des grandes plaines de part et d’autre de cette ligne naturelle ? 

Était-ce une décision politique prise dès le 18e siècle par un visionnaire comme Pierre le Grand sut l’être, avec :

– d’un côté l’affirmation d’appartenir à l’Europe avec la construction de la ville de Saint-Petersbourg, 

– de l’autre l’affirmation d’être un territoire asiatique au-delà des frontières de l’Oural avec de nouveaux territoires allant jusqu’au Pacifique, occupés et protégés par les Cosaques ? 

Les Cosaques avaient atteint l’océan Pacifique avec la mer d’Okhotsk bien avant la naissance de Pierre le Grand. Pierre aurait été l’initiateur de cette première décision politique plaçant la Russie à la fois en Europe et en Asie, ce qui aboutira plus tard au concept politique plus général de l’Eurasie, si cher au président Poutine. Ou faut-il y voir une vision maléfique du pouvoir russe comme le pense le think tank européen Thomas-More qui imagine que l’Europe a été arbitrairement délimitée à l’est par l’Oural par Tchikhatev-Pierre le Grand, pour que la Russie se trouve à cheval sur deux continents, et de ce fait, devenue la puissance continentale bi-continentale, elle irait dominer le monde en commençant par avaler la petite Europe ?

• Le général De Gaulle a utilisé la formulation « de l’Atlantique à l’Oural », qui sonne tel l’olifant, lors d’un discours prononcé à Strasbourg en novembre 1959 : « Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde ! » De Gaulle, plus tard, en 1965 avait expliqué le sens qu’il entendait par cette formule : « Pour que cette Europe soit possible, il faut de grands changements. D’abord que l’Union soviétique ne soit plus ce qu’elle est, mais la Russie. Ensuite que la Chine menace ses frontières orientales, donc la Sibérie. Et que peut-il advenir dans un certain nombre d’années ? La formule permet de montrer aux Russes que la création d’une Union européenne occidentale n’est pas dirigée contre eux, n’est pas un acte de guerre froide ; elle entretient un certain espoir chez les Allemands de l’Est, les Tchèques, les Polonais, les Hongrois. Elle ne constitue cependant qu’une anticipation historique. » Ainsi De Gaulle voyait dans « l’Atlantique à l’Oural » une manière pour le continent de redevenir « l’élément principal de notre civilisation ». Ainsi De Gaulle :

– soit faisait l’impasse sur quatre siècles de l’histoire de la Russie en passant par les pertes et profits du 3/4 de son territoire, 

– soit imaginait que la mise en valeur de ces nouvelles terres serait la grande œuvre de l’Europe de demain, comme le lui susurrait Kroutchev à Rambouillet quelques années plus tôt2

• Plus tard, le président Sarkozy imaginera un autre « projet de civilisation », avec l’Union de la Méditerranée qui devrait être le « pivot de l’Eurafrique, ce grand rêve capable de soulever le monde. » Autant la chancelière allemande Angela Merkel épousait les grandes lignes de la tradition allemande avec les relations Est-Ouest, une voie rapide pour accroître les échanges avec la Chine, puissance économique mondiale, autant elle avait des doutes sur l’axe Nord-Sud. L’Allemagne préférait les Routes de la soie avec l’Eurasie aux voies d’ébène et de coton avec l’Eurafrique.

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La Sibérie peut faire rêver en 2020, non seulement par l’exploitation de ses richesses minières, mais aussi par l’occupation de son espace géographique. Le monde de demain en aura besoin, car l’or bleu et l’or vert seront les piliers de la croissance de demain.  

Les appétits des voisins immédiats sont immenses, c’est bien là le danger. L’Europe, un géant économique, peut trouver avec une politique coordonnée avec celle de la Russie, un domaine où elle montrera qu’elle sait encore construire un avenir pour ses citoyens qui ont l’impression, aujourd’hui d’être dans une impasse. Débridons leur capacité de produire et aidons-les à s’exprimer là où il y a des besoins pour de nombreuses années encore, en Sibérie, dans le Far East !

De coffre-fort de la Russie, la Sibérie sera devenue le cœur de l’Eurasie russe, battant au rythme de l’Europe

Notes :

(1) IDE : investissements directs étrangers

(2) le iassak (Ясак) ou l’impôt prélevé sur les fourrures (l’or doux), pour le compte du tzar.

(3) Piotr Stolypine : Premier Ministre de Nicolas II, promoteur de la colonisation rurale en Sibérie.

(4) les Pomors sont des colons russes vivant dans le bassin de la mer Blanche.

*Maurice Rossin : Contributeur invité.

Monsieur Rossin est ingénieur agronome. Il a créé, dirigé et conseillé différentes sociétés privées ou étatiques en Afrique, en Amérique Latine, en Asie centrale et en Europe. Il fut également conseillé agricole à l’ambassade de France à Moscou de 2003 à 2007.  

Steun voor NAVO brokkelt af: Meerderheid wil geen hulp aan lidstaat met militair conflict met Rusland

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Steun voor NAVO brokkelt af: Meerderheid wil geen hulp aan lidstaat met militair conflict met Rusland

Ex: https://www.xandernieuws.net

Sinds president Bill Clinton is de NAVO een agressieve alliantie geworden waarmee vooral Amerikaanse geopolitieke doelstellingen worden gerealiseerd. (Afbeelding: (2)).

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De steun voor de NAVO / NATO onder de bevolking van de lidstaten is aan het afbrokkelen. In 11 van de 16 landen zegt een (relatieve en/of absolute) meerderheid geen steun te willen verlenen als een lidstaat in een militair conflict verzeild raakt, vooral niet als dat Rusland is. De –zoals we vaker schrijven: overwegend helaas nog immer naïeve- Nederlanders staan bovenaan in het korte lijstje waar de meerderheid zo’n oorlog wèl steunt, in procenten zelfs nog boven de VS.

‘North Atlantic Terror Organization’

Na de Val van het IJzeren Gordijn en het Warschaupact transformeerde het Atlantische bondgenootschap zich onder president Bill Clinton van een defensieve naar een agressieve, imperialistische  alliantie, die zich weinig aantrok van internationale wetten. Dit leidde al snel tot de even illegale als schandalige oorlog tegen Joegoslavië / Servië, waar de moslims heimelijk werden bewapend om grote slachtpartijen aan te richten onder de overwegende christelijke Servische bevolking, wat een bloedige burgeroorlog in gang zette. Dat leverde de NATO de bijnaam North Atlantic Terror Organization op.

Sinds begin deze eeuw volgden de steun aan de zinloze, verwoestende Amerikaanse oorlogen in of tegen Afghanistan, Irak, Libië en Syrië, waarbij zoveel burgerslachtoffers vielen, dat dit de perfecte voedingsbodem bleek voor de snelle opkomst van islamitische terreurgroepen zoals het reeds bestaande Al Qaeda, en later ISIS. De Westerse globalisten grepen de grotendeels door henzelf gecreëerde chaos en ellende vervolgens maar al te gretig aan om een enorme migrantenstroom naar Europa te faciliteren, en zelfs aan te moedigen.

Meerderheid wil geen hulp aan lidstaat met militair conflict met Rusland

Met uitzondering van Nederland, de VS, Canada, Groot Brittannië en Litouwen is een meerderheid van de bevolking in 11 van de 16 landen –waaronder Frankrijk, Duitsland en Spanje- inmiddels TEGEN het volgens de artikelen van de NAVO verplicht te hulp schieten van lidstaten die in een militair conflict terecht komen, vooral als de tegenstander Rusland is.  Zelfs in de voormalige Oostblok landen Polen, Tsjechië, Hongarije, Slowakije en Bulgarije, die decennialang hebben moeten zuchten onder het Sovjet juk, is een meerderheid tegen. Bulgarije spant daarbij de kroon met 69% tegenstanders, en slechts 12% voorstanders.

Het gemiddelde van de 16 landen komt uit op 50% tegen militaire hulp, en 38% voor. Op de algemenere keuzevraag of mensen positief of negatief tegen de NAVO als organisatie staan, is in meer landen een meerderheid te vinden (de genoemde vijf landen plus Duitsland, Polen en Italië). Opvallend is dat in de VS slechts 52% het bondgenootschap positief vindt. Onder Republikeinen is dat zelfs maar 45%. President Trump heeft regelmatig de onvrede van de Amerikanen over het niet nakomen van de afgesproken 2% defensie uitgaven door bijna alle Europese lidstaten verwoord.

Gekeken naar de politieke kleur van mensen staat ‘rechts’ duidelijk veel positiever tegenover de VS, de NAVO en militair ingrijpen in andere landen, dan ‘links’. (Toch zullen vermoedelijk maar weinig mensen deze website ervan beschuldigen links te zijn.)

Turken alleen op papier nog NAVO lid, in realiteit vijand

Het zal niemand verbazen dat het percentage voorstanders van de NAVO in Turkije het laagst is: 21%. Dat land is alleen nog op papier lid, maar heeft zich in realiteit onder de islamistische dictator Erdogan als een vijand van het Westen ontpopt.

De onverminderde steun van Europa en de NAVO voor de zich almaar agressiever opstellende Turken zou een reden kunnen zijn waarom slechts 25% van de Griekse bevolking de NAVO nog een warm hart toedraagt.

NAVO op termijn vervangen door alliantie met Rusland?

Is er nog een toekomst voor de NAVO weggelegd? De burgers in de meeste lidstaten willen zowel met Amerika als Rusland goede betrekkingen onderhouden. Daarentegen wil slechts een zeer kleine minderheid van 4% van de Nederlanders en 5% van de Britten dit eveneens. De burgers in deze landen leunen nog overweldigend naar de Verenigde Staten toe.

De tendens lijkt echter dat langzamerhand steeds meer Europeanen de eindeloze Amerikaanse / NAVO oorlogen zat beginnen te worden. Dat is hoopgevend, aangezien de Westerse mainstream media nog stevig in de grip van de Transatlantici zijn, en daardoor uitsluitend eenzijdige pro-NAVO en anti-Rusland propaganda blijven verspreiden.

De tijd lijkt daarom rijp om eens goed na te gaan denken over een nieuwe Europese koers, misschien los van de VS, en een die kan leiden tot een broodnodige veel betere band –en op termijn zelfs alliantie- met het land dat al een enorm deel van de Europese energie levert: Rusland. Dat zal de veiligheid en stabiliteit op ons continent enorm ten goede komen. Grootschalige, overduidelijk op oorlog tegen Rusland gerichte NAVO oefeningen zoals het in gang gezette Europe Defender 20, zullen echter niet echt helpen om het Kremlin ervan te overtuigen dat wij vreedzame intenties hebben, en niet uit zijn op een grootschalig militair conflict.

Xander

(1) Pew Research via Zero Hedge
(2) Afbeelding: WikiMedia Commons, auteur Staff Sgt. Keith Anderson, bron https://www.dvidshub.net/image/1657360 , As a work of the U.S. federal government, the image is in the public domain.

Zie ook o.a.:

31-01: Duitse soldaten moeten tijdens militaire oefening eigen auto gebruiken omdat 80% pantservoertuigen kapot is
16-01: 15 Turkse F-16’s schonden dinsdag 91 keer Griekse luchtruim en voerden schijnaanvallen uit
08-01: Oekraïense oud-kolonel: MH-17 ramp opgezet door Britse geheime dienst en Poroshenko

mercredi, 19 février 2020

L’autre droite polonaise

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L’autre droite polonaise

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Quatre faits majeurs ont marqué les élections générales du 13 octobre dernier. La majorité gouvernementale constituée autour du PiS (Droit et Justice) de Jaroslaw Kaczynski est reconduite, ce qui est en soi un événement majeur depuis la fin du régime communiste en 1990.

Si le PiS et ses alliés remportent la majorité absolue des sièges à la Diète, cette entente ne dispose que de 48 sièges sur cent au Sénat désormais présidé par un opposant de centre-droit. Disparue à l’occasion des élections précédentes, l’Alliance de la gauche démocratique retrouve une représentation parlementaire de 49 sièges. Animée par les agrariens du Parti paysan qui sert souvent de force d’appoint aux gouvernements de droite comme de gauche, la Coalition polonaise (30 députés) réunit les centristes de l’Union des démocrates européens, les libéraux-sociaux du Parti démocratique, les régionalistes de Silésie ensemble et les anciens populistes de Kukiz’15 désormais ralliés à la démocratie directe, au conservatisme libéral et à l’intégration européenne.

Mais la surprise provient de la Confédération, véritable cauchemar de Kaczynski qui n’a pas empêché l’émergence sur sa droite d’un pôle authentiquement radical. Lancée le 6 décembre 2018, la Confédération Liberté et Indépendance avait récolté aux élections européennes de mai dernier 621 188 voix et 4,55 %. Aux législatives, ce cartel obtient 1 256 953 voix, soit 6,81 % et onze députés. Grâce à un usage massif et réfléchi des réseaux sociaux, il devient la troisième force politique chez les moins de trente ans. Pour le Sénat, en raison du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour, elle ne rassemble que 144 124 bulletins (0,79 %).

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La Confédération Liberté et Indépendance soutient la sortie de la Pologne de l’Union européenne. Cet ensemble souverainiste s’oppose aussi à l’avortement, au féminisme et à la vague LGBTXYZ. Plutôt climatosceptique, il préconise l’emploi simultané du charbon et des énergie renouvelables. C’est enfin une alliance électorale de sept mouvements, trois majeurs et quatre mineurs. Parmi ces derniers, mentionnons l’Association nationale STOP NOP pour la connaissance de la vaccination qui rejette les campagnes de vaccination obligatoire, les protestataires anti-bureaucratiques relativement « poujadistes » du Parti des chauffeurs qui exige un code de la route moins répressif et des infrastructures routières plus sûres, l’Union des familles chrétiennes qui défend la vie et le catholicisme traditionnel, et, rassemblant d’anciens activistes de la Ligue des familles polonaises et de Samoobrona, la Ligue nationale, un temps proche du PiS, dont le discours se réfère à la doctrine sociale de l’Église et au solidarisme de troisième voie.

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Examinons maintenant ses principaux piliers. Avec un élu, la Confédération de la Couronne polonaise dédiée à Dieu et à la Vierge Marie, est une formation monarchiste sans prétendant, car le royaume de Pologne fut jusqu’en 1772 une monarchie élective. Avec cinq députés chacun, le mouvement KORWIN et le Mouvement national en sont les deux moteurs. KORWIN est l’acronyme polonais de Coalition pour la restauration de la liberté et de l’espoir de la République, clin d’œil évident à son président-fondateur, l’ancien député européen loufoque Janusz Korwin-Mikke de sensibilité libertarienne minarchiste (un État réduit à ses seules prérogatives régaliennes). Lointain héritier du Parti national-démocrate du penseur nationaliste Roman Dmowski (1864 – 1939), le Mouvement national lutte pour une Pologne subsidiariste et ethniquement homogène.

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Roman Dmowski

La Confédération Liberté et Indépendance s’oppose avec force à la politique étrangère catastrophique, atlantiste et pro-occidentale, du PiS. Sur les traces du pro-russe Roman Dmowski, elle a proposé à la Russie de partager l’Ukraine : l’Est dont le Donbass reviendrait à Moscou, l’Ouest, y compris la Galicie, à la Pologne. Elle reprend à son compte la vision géopolitique du grand rival de Dmowski, le maréchal Pilsudski. Elle se justifie par le fait que la Pologne accueille déjà des centaines de milliers d’immigrants d’origine ukrainienne. Si pour certains, l’ukrainien ne serait qu’une variante dialectale du russe, la Confédération estime qu’il s’agit d’une variante paysanne du polonais. Aucun ne s’est demandé si l’ukrainien ne serait pas plutôt la langue-mère du polonais, du russe et du bélarussien…

Si la Confédération Liberté et Indépendance ne sombre pas dans de vaines querelles de personnes, elle pourra à terme vraiment représenter une alternative crédible à Jaroslaw Kaczynski. Encore faudrait-il qu’elle délaisse une bonne fois pour toute l’impression persistante d’amateurisme politique.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 159, mise en ligne sur TV Libertés, le 10 février 2020.

Déconstruction allemande

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Déconstruction allemande

Ex: http://www.dedefensa.org

Plus qu’“à l’Allemande”, nous parlons d’une “déconstruction allemande”, avec l’essentiel de l’expression mis sur le mot “déconstruction”. L’Allemagne elle-même, malgré toutes ses vertus et ses nombreux fleurons, n’a en effet rien d’exceptionnel ni de spécifique dans la crise qui la frappe. Les éléments qui la composent sont similaires à ceux qu’on trouve dans la crise française, dans la crise italienne, dans l’évolution hongroise ou l’évolution polonaise, etc. Il s’agit de l’acte de déconstruction qui joue désormais à fond contre le Système, et qui s’appuie comme sur un levier sur les courants populistes de toutes sortes s’affirmant de différentes façons dans tous ces pays.

Comme on le lit ci-dessous, c’est la démission d’ Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) de la présidence de la CDU qui porte la crise allemande à entrer dans le domaine de son paroxysme. Les éléments crisiques de ce que nous nommons “tourbillon crisique“ ont ceci de particulier par rapport au concept classique de “crise” que leur paroxysme n’est pas un instant de réalisation de toutes les tensions, mais au contraire un épisode de bonne durée, et parfois de longue durée. Ainsi en est-il du “tourbillon crisique” européen, et en son sein la crise allemande est effectivement entrée dans sa phase paroxystique puisque Merkel s’en va avec les élections législatives de 2021, que son successeur désigné AKK prend la décision brutale d’abandonner, que son renoncement est dû au caractère désormais ingouvernable, incohérent, etc., du parti conservateur CDU qui verrouillait jusqu’ici la vie politique allemande.

Forteresse équilibre et référence obligée en Europe, exemple à la fois économique et politique de puissance domestiquée, désormais meneuse de l’Europe depuis la longue agonie (à partir de Sarko, de façon accélérée) de toute ambition française à affirmer une souveraineté régalienne au coeur de l'Europe, l’Allemagne est entrée dans une crise ontologique qui est elle-même en train de pulvériser le “modèle allemand”. La digue a cédé devant la poussée populiste qui n’est évidemment rien d’autre qu’un outil maniée par les forces de résistance et de dissidence, nécessairement antiSystème en raison des positions respectives des uns et des autres. L’originalité de la situation est que la CDU est menacée par des tentations populistes sur ses deux ailes, – sur la droite avec l’AfD, sur la gauche avec Der Linke.

Les étiquettes politiques n’ont évidemment pas grande importance, tout comme le terme “populiste” utilisé à hue et à dia. Ces identifications répondent en général à l’ambition classique et purement défensive de la “diabolisation” des forces contestatrices du Système, pour tenter de retarder le plus possible les instants de vérité de l’effondrement des structures du Système. C’est en cela qu’il s’agit bien d’une bataille de déconstruction, mais d’une déconstruction paradoxale comme nous le notions hier, – avec le terme “déconstructuration” où la puissance déstructurante du Système, qui s’appuie sur ses propres structures pour se déchaîner, et, n’y trouvant plus de structures antiSystème à attaquer mais prisonnière de sa mécanique déstructurante, en vient à s’attaquer à ses propres structures, à se déstructurer elle-même :

« [...C]ette “déconstructuration” passant par l’évolution irrésistible de la surpuissance à l’autodestruction en finissant par une attaque de “déconstructuration” prenant pour cible ultime, – puisque rien d’autre ne subsiste et que la “déconstructuration” est la seule activité possible de cette surpuissance, – les structures et les constructions que le Système avait édifiées pour déstructurer et déconstruire le monde. »

Sans doute la crise allemande, qui atteint brusquement son paroxysme, est-elle la plus grave en Europe, parce qu’elle touche le pays-leader de l'ensemble européen d’une part, et que d’autre part elle touche un pays qui est complètement étranger à l’instabilités depuis sa refonte complète de 1945-1950. Au contraire de la France et de l’Italie par exemple, qui ont l’habitude des crises internes et de l’instabilité, l’Allemagne a surtout connu des crises externes. Ces crises avaient lieu dans le cadre des rapports Est-Ouest en Europe, ce cadre délimité par la position et l’action de l’URSS et la division en deux Allemagnes (RFA à l’Ouest et RDA à l’Est). D’une façon assez logique, ces crises alimentées de l’extérieur renforçaient la stabilité structurelle de la situation intérieure allemande (ouest-allemande), encouragée par les pressions des puissances “occupantes” (les USA particulièrement).

La situation est fondamentalement différente aujourd’hui, et la crise allemande se greffe dans son opérationnalité sur la crise européenne comme par un effet mimétique (alors que les autres crises nationales sont des crises à tendance eurosceptique et anti-européiste). L’Allemagne de l’après-guerre devenue Allemagne réunifiée a été conçue avec la nécessité d’un ou de plusieurs “tuteurs” (les USA, l’OTAN, l’UE) qui contribuaient indirectement mais décisivement à sa stabilité intérieur (à sa structuration intérieure). Bien entendu, les crises déstructurantes que connaissent ces “tuteurs” eux-mêmes contribuent à la fragilisation de l’Allemagne, à sa vulnérabilité aux poussées déstructurantes.

La crise allemande désormais ouverte comme une plaie béante est une crise typique de notre époque, une “crise sans but”, qui n’a pas été provoquée par l’une ou l’autre ambition, l’une ou l’autre stratégie (celle du fasciste de service, par exemple, comme on aime à le proclamer) qui apparaîtrait alors comme une structure alternative à la structure en train d’être détruite. C’est une “crise de destruction”, dont le but et l’ambition se satisfont de la destruction des structures en place ; l’ironie étant que cette sorte de “crise sans but” sinon la destruction est typique des crises suscitées par le Système, et qu’elle se fait aujourd’hui (comme d’autres parallèlement à elle) contre le Système. 

Ci-dessous, un article de RT-français du 11 février 2020, rapportant succinctement les circonstances de la crise qui a conduit à la démission d’AKK.

dedefensa.org

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AKK s'en va, la CDU en crise

Coup de tonnerre politique en Allemagne. Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée AKK, ne sera pas candidate à la succession d’Angela Merkel à la chancellerie et va abandonner la présidence du parti conservateur d'ici quelques mois, le temps de trouver un successeur qui sera en même temps candidat à la chancellerie. 

Lors d'une réunion dans la matinée de la direction du parti démocrate-chrétien CDU de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer a justifié sa décision par la tentation d'une partie de son camp de s'allier avec le parti de droite radicale AfD (Alternative pour l’Allemagne). «Une partie de la CDU a une relation non clarifiée avec l’AfD», a-t-elle déclaré. En outre, une frange du CDU est également partisane d'un rapprochement avec le parti de gauche radicale Die Linke, alors que AKK rejette clairement toute alliance avec l'une ou l'autre de ces formations.

Si aucun lien entre la CDU et la gauche de Die Linke n’a – pour l'heure – été établi, une partie significative des conservateurs prône en revanche ouvertement un rapprochement avec l’AfD. C’est le cas de la Werte Union, un cercle de conservateurs au sein de la CDU auquel avait fait face Annegret Kramp-Karrenbauer lors du dernier congrès du parti, à Leipzig.

Cet abandon est une conséquence directe de l'élection du président de la région de Thuringe, le 5 février, grâce aux voix coalisées du parti anti-immigration de l'AfD et de l'aile droite du parti d'Angela Merkel. A la surprise générale, le candidat du petit parti libéral FDP, Thomas Kemmerich, avait été désigné à une très courte majorité pour diriger la Thuringe, provoquant la colère de nombreux responsables politiques. La chancelière allemande avait alors fustigé «un acte impardonnable», et le secrétaire général du parti, Paul Ziemiak, avait accusé la CDU régionale d'avoir «enfreint» les règles édictées au plan national en mêlant leurs votes à ceux «de nazis». 

C'est dans ce contexte que Thomas Kemmerich a annoncé sa démission... moins de 24h après son élection. «La démission est inévitable [...] nous avons décidé de demander la dissolution du parlement de Thuringe», a-t-il déclaré le 6 février, lors d'une conférence de presse. De nouvelles élections régionales anticipées doivent bientôt être organisées.

Sans tête d'affiche à un an des élections législatives 2021, la droite allemande sort de facto affaiblie par ces deux épisodes. L'un des proches de la chancelière, le ministre de l'Economie Peter Altmaier, a parlé d'une «situation extrêmement grave» pour le parti conservateur allemand d'Angela Merkel, l'Union chrétienne-démocrate (CDU). «Il en va de notre avenir», a-t-il affirmé, tandis que la dirigeante des écologistes a parlé d'une «situation dramatique» pour le pays. 

Le départ annoncé d'AKK constitue également un revers majeur pour Angela Merkel, qui avait placé en orbite cette femme partageant peu ou prou, malgré quelques différences de fond, le même cap politique de droite «modérée». 

«Il est possible que la fin de la chancelière se rapproche», juge le quotidien Süddeutsche Zeitung, alors que le dernier mandat en cours d'Angela Merkel, entamé en 2018, est rythmé par des crises incessantes au sein de sa fragile coalition avec les sociaux-démocrates ou à l'intérieur de son propre parti. 

Parmi les potentiels successeurs à AKK, une personnalité se détache : le conservateur Friedrich Merz, vaincu de peu par l'ex-future présidente du CDU. Celui-ci a récemment acté son départ du conseil d’administration de la branche allemande de BlackRock. Objectif : revenir sur le devant de la scène politique allemande en vue de 2021 avec une ligne plus à droite.

mardi, 18 février 2020

L’Otan prépare son déploiement au Moyen-Orient élargi

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Stoltenberg s'entretenant avec des militaires irakiens

L’Otan prépare son déploiement au Moyen-Orient élargi

Ex: http://www.zejournal.mobi

En définitive, ce devrait bien être l’Otan qui investira le monde arabe après le retrait du CentCom (Commandement central des États-Unis au Moyen-Orient). L’Allemagne pourrait jouer le rôle de leader au sein de l’Alliance.

Le secrétaire général, Jens Stoltenberg, espère :

  1. déployer l’Alliance en Tunisie et faire durer éternellement la guerre en Libye ;
  2. déployer l’Alliance en Irak et en Jordanie et faire durer éternellement la guerre en Syrie.

Le 1er février 2020, la Turquie s’est soudainement rapprochée de l’Otan dont elle est membre et est entrée en conflit avec la Russie en Syrie. Elle a en outre repris le transfert des jihadistes de Syrie vers la Libye via la Tunisie.

Le 12 février 2020, les ministres de la Défense de l’Otan ont décidé, dans un premier temps, de renforcer leur « mission d’assistance » en Irak bien que le Parlement irakien a exigé le retrait des troupes étrangères.

Jens Stoltenberg prépare ce plan depuis plus de six mois. Ainsi a-t-il conclu des accords secrets avec le roi Abdallah de Jordanie et le ministre tunisien des Affaires étrangères qu’il a longuement reçus à Bruxelles.


- Source : Réseau Voltaire

lundi, 17 février 2020

Michel FOUCHER : Le retour des frontières

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Michel FOUCHER : Le retour des frontières

 
 
 
Le géographe et ambassadeur Michel Foucher présente une vaste réflexion sur "Le retour des frontières", titre d'un ouvrage qu'il a publié chez CNRS éditions (2016). Signalons qu'il vient de publier un remarquable numéro de la Documentation photographique : "Les frontières", CNRS éditions 2020 (n°8133). C'est à cette occasion, et en soutien aux enseignants de spécialité HGGSP que Diploweb met en ligne cette vidéo d'une conférence conduite en 2016, en partenariat avec GEM.
 
Extrait du résumé par Joséphine Boucher pour Diploweb.com Qu’est-ce qu’une frontière ? Lorsqu’elle est internationale, c’est une institution. Bien plus qu’une simple ligne de sable ou une crête de montagne, elle fait l’objet de traités et est soumise à un processus défini, du dépôt du dossier du traité de délimitation aux Nations Unies aux démarcations sur le terrain par des commissions dédiées. Il s’agit donc d’une véritable institution du droit international qui sert à définir et à délimiter le périmètre de l’exercice d’une souveraineté étatique. À la frontière s’exercent de multiples fonctions de souveraineté, juridiques, régaliennes, fiscales, douanières, qu’elles soient réelles ou plus symboliques.
 
C’est l’un des paramètres de l’identité collective et de la citoyenneté, et qui permet au plan symbolique de distinguer le dedans et le dehors, lesquels sont des éléments constitutifs de toute communauté humaine. Il y a là deux aspects fondamentaux de la question de la frontière, à savoir la question des limites et celle de l’attachement, de l’appartenance symbolique à une collectivité.
 
C’est d’ailleurs l’une des difficultés de ce malaise de la construction européenne comme acteur stratégique et politique, suite à ce refus de définition. L’Union européenne n’est en effet pas capable de politique extérieure car elle n’a jamais défini la limite entre le dedans et le dehors, sa seule politique extérieure étant celle de l’élargissement. Après avoir défini ce qui fait une frontière, qu’en est-il désormais du retour des frontières ? Il s’agit en fait d’une nouvelle visibilité de ces tracés, même si, rappelons-le, l’invisibilité n’est pas synonyme d’effacement. À cette étape, il convient de déconstruire les idées fausses qui ont pu être émises sur les frontières.
 
La première est celle du discours d’un monde sans frontières permis par une globalisation néo-libérale. Toute régulation serait un obstacle, la politique et les Etats seraient des freins à la bonne marche de l’économie, et au gouvernement se substituerait la gouvernance, c’est-à-dire gouverner sans politique. Or aujourd’hui, les phénomènes de dé-mondialisation et le retour d’un certain protectionnisme témoignent d’une volonté de se protéger, qui n’est pas forcément, rappelons-le, un cloisonnement. L’autre dérive sur la problématique frontalière était d’assimiler la question des frontières à la barrière, au mur, en particulier anti-migratoire. Il est important de ne pas confondre migrations et frontières.
 
La deuxième partie de cette conférence a été construite pour aborder l’actualité de ces questions de frontières via une chronique et des exemples de diverses régions du monde, afin de repérer à partir de différentes sources ce qu’il s’y passe concrètement, pour en faire une analyse et en tirer des enseignements plus généraux sur la réaffirmation des frontières. (...) Enfin, il convient de s’intéresser plus particulièrement à la problématique du voisinage européen, et ce aussi au-delà des questions migratoires. Aucune autre région du monde n’a un tel environnement stratégique. En effet, en cartographiant précisément les conflits sur la base objective des rapports réguliers de l’ « International Crisis Group », il apparaît que sur les 75 conflits, crises graves et guerres ouvertes répertoriées par l’ONG dans le monde au printemps 2016, 85% se trouvent dans un rayon de 3 à 6 h de vol de Paris. Les questions frontalières jouent de fait à 3 échelles : nationale, infra-nationale et régionale. (...)
 
Pour conclure, ce retour des frontières dans les faits et dans les consciences est une bonne nouvelle, à condition d’en user avec discernement. Si abolir des frontières revient à faire disparaître des Etats, les franchir aisément ne les annule pas. La frontière, invention humaine, est aussi un refuge et une ressource pour qui vit des différences et peut élaborer des micro-stratégies. Le retour des frontières est certes un phénomène avéré aujourd’hui, mais il ne signifie pas pour autant le repli sur soi ; la bonne frontière est la frontière agréée ouverte, et pas le refus du monde ni la négation ultra ou néo-libérale de l’importance symbolique et réelle des frontières. Où placer le curseur entre solidarité et responsabilité ? Entre liberté et sécurité ? Ce sont là de véritables difficultés et questions à se poser actuellement. Donnée politique inscrite dans l’espace, la frontière est donc un sujet véritablement et éminemment politique.
 
Images et montage : Fabien Herbert

dimanche, 16 février 2020

Hegemon américain: le chant des sirènes

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Hegemon américain: le chant des sirènes

 
 
par Pepe Escobar
Ex: http://www.zejournal.mobi

Une grande partie de l’Occident libéral considère l’interprétation américaine de la civilisation comme une sorte de loi immuable de la nature. Mais, et si cette interprétation était au bord d’une rupture irréparable ?

Michael Vlahos a exposé que les États-Unis ne sont pas un simple État-nation mais un « leader de système » (un "hegemon") – « une puissance civilisationnelle comme Rome, Byzance et l’Empire ottoman ». Et, faut-il ajouter, la Chine – qu’il n’a pas mentionnée. Un leader de système est « un cadre identitaire universaliste lié à un État. Cette position est utile car les États-Unis possèdent clairement ce cadre identitaire aujourd’hui ».

414CnrU9NyL._SX313_BO1,204,203,200_.jpgDans un essai virulent, Alastair Crooke, notre indéfectible allié issu du renseignement, approfondit la manière dont cette « vision civilisationnelle » a été « déployée avec force à travers le monde » comme une expression inévitable de la Destinée manifeste [1] des Américains : non seulement politiquement – avec tout l’attirail de l’individualisme et du néo-libéralisme occidentaux, mais aussi en combinaison avec « les valeurs du judéo-christianisme ». [2]

Crooke note également à quel point l’élite du pays croit dur comme fer que sa victoire dans la Guerre froide a « affirmé de façon spectaculaire » la supériorité de la vision civilisationnelle américaine.

Eh bien, la tragédie post-moderne – du point de vue des élites américaines – est que cela pourrait bientôt ne plus être le cas. La sordide guerre civile qui fait rage à Washington depuis trois ans – avec le monde entier comme spectateurs stupéfaits – a encore accéléré le malaise.

Souvenons-nous de la Pax Mongolica

Il est inquiétant de constater que la Pax Americana est peut-être condamnée à une existence historique plus courte que la Pax Mongolica – créée après que Gengis Khan, le chef d’une nation nomade, eut entrepris de conquérir le monde.

Genghis a d’abord investi dans une offensive commerciale pour s’emparer des Routes de la Soie, écrasant les Kara-Kitais du Turkestan oriental, conquérant le Khorezm islamique et annexant Boukhara, Samarcande, la Bactriane, le Khorassan et l’Afghanistan. Les Mongols ont atteint la périphérie de Vienne en 1241 et l’Adriatique un an plus tard.

Cette superpuissance de l’époque s’étendait du Pacifique à l’Adriatique. Il est difficile de s’imaginer le choc pour la Chrétienté occidentale. Le pape Grégoire X n’avait qu’une seule idée, qui étaient ces conquérants du monde et pouvaient-ils être christianisés ?

Parallèlement, seule une victoire des Mamelouks égyptiens en Galilée, en 1260, a sauvé l’Islam d’une annexion à la Pax Mongolica.

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La Pax Mongolica – une puissance unique, organisée, efficace et tolérante – a coïncidé historiquement avec l’âge d’or des Routes de la soie. [3] Kubilai Khan – le maître de Marco Polo – voulait être plus chinois que les Chinois. Il voulait prouver que les conquérants nomades, devenus sédentaires, pouvaient apprendre les règles de l’administration, du commerce, de la littérature et même de la navigation.

Pourtant, à la mort de Kubilai Khan, l’empire s’est fragmenté en khanats rivaux. L’Islam en a tiré profit. Tout a changé. Un siècle plus tard, les Mongols de Chine, de Perse, de Russie et d’Asie centrale n’avaient déjà plus rien à voir avec leurs ancêtres cavaliers.

Un saut dans le jeune XXIe siècle montre que l’initiative, historiquement, se trouve à nouveau du côté de la Chine, à travers le Heartland et le Rimland. Les entreprises qui changent le monde et les règles du jeu ne sont plus originaires d’Occident, comme ce fut le cas du XVIe siècle à la fin du XXe siècle.

Malgré tous les vœux pieux pour que le coronavirus fasse dérailler le « siècle chinois », qui sera en fait le siècle eurasiatique, et au milieu du tsunami myope de la diabolisation des nouvelles Routes de la soie, il est toujours facile d’oublier que la mise en œuvre d’une myriade de projets chinois n’a même pas encore commencé.

C’est en 2021 que tous ces corridors et axes de développement continental devraient s’accélérer à travers l’Asie du Sud-Est, l’océan Indien, l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Ouest, la Russie et l’Europe, parallèlement à la Route maritime de la soie, qui prépare un véritable collier de perles eurasiennes, de Dalian [en Chine, NdT] jusqu’au Pirée en passant par Trieste, Venise, Gênes, Hambourg et Rotterdam.

Pour la première fois depuis deux millénaires, la Chine est en mesure de combiner le dynamisme de l’expansion politique et économique à la fois sur le plan continental et maritime, ce que l’État n’avait pas connu depuis le court périple expéditionnaire mené par l’amiral Zheng He dans l’océan Indien, au début du XVe siècle. L’Eurasie, dans un passé récent, vivait sous le joug colonial occidental et soviétique. Aujourd’hui, elle passe à la multipolarité – dans une série de permutations complexes et évolutives emmenées par la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, l’Inde, le Pakistan et le Kazakhstan.

Aucun des acteurs ne se fait d’illusions sur les obsessions du « leader du système » : empêcher l’Eurasie de s’unir sous une seule puissance – ou une coalition telle que le partenariat stratégique Russie-Chine ; veiller à ce que l’Europe reste sous l’hégémonie des États-Unis ; empêcher l’Asie du Sud-Ouest – le « Grand Moyen-Orient », si vous préférez – d’être liée aux puissances eurasiennes ; et empêcher par tous les moyens la Russie-Chine d’avoir un accès facile aux voies maritimes et aux corridors commerciaux.

Le message de l’Iran

Pendant ce temps, un soupçon s’installe : le plan de l’Iran, en écho à la guerre du Donbass de 2014, pourrait consister à aspirer les néocons américains dans un chaudron à la russe, [4] au cas où leur obsession du changement de régime deviendrait encore plus hystérique.

Il existe une possibilité sérieuse pour que, sous pression maximale, Téhéran abandonne définitivement le JCPOA ainsi que le TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires), invitant ainsi ouvertement une attaque américaine.

En l’état actuel des choses, Téhéran a envoyé deux messages très clairs. La précision de l’attaque de missiles sur la base américaine d’Ayn Al-Asad en Irak, en réponse à l’assassinat ciblé du général de division Qassem Soleimani, signifie qu’aucune base du vaste réseau militaire américain n’est désormais invulnérable.

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Et le brouillard des dénis de non-déni qui entoure la destruction du Battlefield Airborne Communications Node de la CIA (BACN) – essentiellement un nid à espions volant – à Ghazni, en Afghanistan, est également porteur d’un message.

La star de la CIA Mike d’Andrea, connu sous les noms « Ayatollah Mike », le « Croque-mort », le « Prince noir », ou tout ce qui précède à la fois, peut ou non avoir fait partie des victimes. Indépendamment du fait qu’aucune source du gouvernement américain ne confirmera ou ne niera jamais que l’Ayatollah Mike soit mort ou vivant, ou même qu’il existe, le message reste le même : vos soldats et vos espions sont également vulnérables.

Depuis Pearl Harbor, aucune nation n’avait osé prendre de haut le leader du système de façon aussi flagrante que l’a fait l’Iran en Irak. Vlahos a mentionné une chose que j’ai pu constater par moi-même en 2003, à savoir que « les jeunes soldats américains qualifiaient les Irakiens ‘d’Indiens’, comme si la Mésopotamie était le Far West ». La Mésopotamie est l’un des principaux berceaux de la civilisation telle que nous la connaissons. Eh bien, en fin de compte, les 2 000 milliards de dollars dépensés pour bombarder l’Irak en vue d’y apporter la démocratie n’ont pas joué en faveur de la vision civilisationnelle du « leader du système ».

Les sirènes et la dolce vita

Ajoutons maintenant de l’esthétique à notre politique « civilisationnelle ». Chaque fois que je visite Venise – qui est en elle-même un reflet vivant de la fragilité des empires et du déclin de l’Occident – je choisis certaines étapes des Cantos, le chef-d’œuvre d’Ezra Pound.

En décembre dernier, après de nombreuses années, je suis retourné à l’église Santa Maria dei Miracoli, également connue sous le nom de « La boîte à bijoux », qui joue un rôle de premier plan dans les Cantos. En arrivant, j’ai dit à la signora gardienne que j’étais venu pour voir « Les sirènes ». Avec un sourire complice, elle a éclairé mon chemin le long de la nef jusqu’à l’escalier central. Et elles étaient là, sculptées sur des piliers des deux côtés d’un balcon : « des colonnes de cristal, des acanthes, des sirènes sur les chapiteaux », comme on peut le lire dans le Canto 20.

monumento_funebre_al_doge_andrea_vendramin_02.jpgCes sirènes ont été sculptées par Tullio et Antonio Lombardo, fils de Pietro Lombardo, maîtres vénitiens de la fin du XVe et du début du XVIe siècle – « et Tullio Romano a sculpté les sirènes, comme le dit l’ancienne gardienne : de sorte que depuis lors, personne n’a pu en sculpter d’autres pour la boîte à bijoux, Santa Maria dei Miracoli », comme on peut le lire dans le Canto 76.

Pound s’est trompé sur les noms des créateurs des sirènes, mais là n’est pas la question. La question est la façon dont Pound voyait les sirènes comme l’incarnation d’une culture forte – « la perception de tout un âge, d’une accumulation de savoirs et d’une séquence de causes, est entrée dans un assemblage de détails dont il serait impossible de parler en termes de portée », comme l’écrit Pound dans Guide to Kulchur.

Autant que ses chefs-d’œuvre chéris de Giovanni Bellini et Piero della Francesca, Pound a bien compris que ces sirènes étaient l’antithèse de l’usura – « l’art » de prêter de l’argent à des taux d’intérêt exorbitants, qui non seulement prive une culture du meilleur de l’art, comme le décrit Pound, mais qui est aussi l’un des piliers de la financiarisation et de la marchandisation totales de la vie elle-même, un processus que Pound avait brillamment prévu lorsqu’il a écrit dans Hugh Selwyn Mauberley que, « toutes les choses sont en perpétuel changement, a dit le Sage Héraclite ; mais une vulgarité bon marché régnera tout au long de nos jours.” [5]

aff_dolce_vita-1.jpgLa dolce vita aura 60 ans en 2020. Tout comme les sirènes de Pound, le tour de force aujourd’hui légendaire de Fellini à Rome est comme un palimpseste en celluloïd noir et blanc d’une époque révolue, la naissance des Swingin’ Sixties. Marcello (Marcello Mastroianni) et Maddalena (Anouk Aimée), impossiblement cool et chic, apparaissent comme la dernière femme et le dernier homme avant le déluge de « vulgarité bon marché ». À la fin, Fellini nous montre Marcello désespéré par la laideur et, oui, la vulgarité qui s’immiscent dans son magnifique mini-univers – l’esquisse de la culture trash fabriquée et vendue par le ‘leader du système’ qui allait rapidement nous engloutir tous.

Pound était un non-conformiste américain humain, trop humain, au génie classique débridé. Le ‘leader du système’ l’a mal interprété, l’a traité en traître, l’a mis en cage à Pise et l’a envoyé dans un hôpital psychiatrique aux États-Unis. Je me demande encore s’il a pu voir et apprécier La dolce vita dans les années 1960, avant de mourir à Venise en 1972. Après tout, il y avait un petit cinéma à quelques pas de la maison de la rue Querini, où il vivait avec Olga Rudge.

« Marcello ! » Nous sommes encore hantés par le chant de sirène d’Anita Ekberg, debout dans la Fontana di Trevi. Aujourd’hui, toujours otages de la vision civilisationnelle du ‘leader du système’ en déliquescence, nous réussissons à peine à jeter, comme l’a mémorablement écrit TS Eliot, « un demi-regard en arrière, par-dessus notre épaule, vers la terreur primitive ».

Traduction et introduction Entelekheia

Note de la traduction:

[1] Sur la « Destinée manifeste », doctrine fondatrice des USA, voir l’article : Aux origines de l’exceptionnalisme des USA : la « Destinée manifeste »

[2] « les valeurs du judéo-christianisme » : en fait, les valeurs protestantes. Voir à ce sujet Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904-1905), en libre téléchargement ici. 

[3] L’entreprise commerciale historique des « Routes de la soie » (IIe siècle av.J.C. – XIVe siècle après J.C.) s’appelait encore récemment la Route de la soie, au singulier. Mais sa réouverture par Xi Jinping a fait émerger un problème : le public la voyait comme une route unique, de Chine jusqu’au cœur de l’Europe, et non comme ce qu’elle était en réalité, un réseau dense de routes, de relais, de carrefours et de pistes caravanières étendues à partir de Chine sur toute l’Asie centrale, l’Europe centrale et le Moyen-Orient. De sorte que le pluriel a été adopté pour mieux la définir.

[4] Le chaudron à la russe est une tactique militaire qui consiste à prendre l’adversaire en tenaille, puis à l’encercler. Elle a été notamment illustrée par la bataille de Debaltsevo, dans le Donbass ukrainien en 2015, où les armées des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk avaient piégé des centaines de soldats de l’armée de Porochenko dans un chaudron de ce type.

[5] Selon le pré-socratique Héraclite (fin du VIe siècle av. J.-C.), rien n’était immuable, toutes choses étant soumises à des changements continuels. Pour Pound donc, dans le monde à venir qu’il prévoyait au début du XXe siècle, seule la vulgarité bon marché allait être immuable.

Erdogan, un néo-sultan ottoman mal inspiré

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Erdogan, un néo-sultan ottoman mal inspiré

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il serait temps de cesser de considérer Recep Tayyip Erdogan comme un allié fiable de la Russie, de l'Iran et de la Syrie dans leur lutte contre le terrorisme islamique

Nous avons plusieurs fois observé qu'en envoyant des militaires dans le nord-ouest de la Syrie, dans la région d'Idlib, sous contrôle de l'organisation Hayat Tahrir al Shams qui se veut héritière d'Al Qaida, il comptait y rester après que cette dernière en aurait été chassée.

Comme il se croit héritier de l'Empire ottoman, il rêve de reconstituer ce dernier dans cette partie de la Syrie. Sa légitimité n'aurait pu alors être contestée. Malheureusement les territoires autour d'Alep et d'Idlib avaient été depuis la fin des guerres mondiales attribués à Damas. Aujourd'hui, Bashar al Assad entend en récupérer la propriété. Il dispose contrairement à ce que l'on croit souvent d'une armée efficace et bien armée. Devant celle-ci les détachements turcs ne font pas le poids. Il a donc entrepris de s'y installer après en avoir chassé les islamistes.

La présence turque contrarie bien entendu cet objectif. Bashar al Assad ne s'embarrasse pas de scrupules et a décidé de la combattre, si besoin est militairement. Ses forces ont repris, le 11 février, aux jihadistes le dernier tronçon d'une autoroute clé entre Damas et Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Précédemment, cinq soldats turcs avaient été tués lors de l'attaque d'un poste d'observation turc. Ce terme de poste d'observation est un euphémisme employé par Erdogan pour désigner un début d'installation militaire. Peu après huit militaires turcs ont été tués dans un bombardement d'artillerie syrien autour d'Idlib. Des émissaires russes viennent d'y être envoyés pour calmer le jeu. Mais on peut douter qu'ils soient écoutés.

Vladimir Poutine dispose de suffisamment de moyens de pression sur Bashar al Assad, dont il a restauré le pouvoir, pour l'obliger à éviter les risques d'affrontement avec les Turcs. S'il ne le fait pas, c'est probablement parce qu'il considère que la reconstitution de l'Empire Ottoman dans cette région ne correspond pas aux intérêts politiques de la Russie.

Ces derniers temps, la progression rapide des forces syriennes, appuyées par l'aviation russe et les milices pro-iraniennes, a provoqué l'exode de près de 700 000 personnes au cours des dix dernières semaines, selon les agences humanitaires. Il est compréhensible qu'Erdogan refuse désormais de les accueillir.
 

Sur ce sujet, on pourra consulter un article de Pepe Escobar dans Asiatimes en date du 13 février:
https://www.asiatimes.com/2020/02/article/its-time-to-rec...

Notes

1) A Benghazi, en Libye, comme dans d'autres villes de la région, des images murales apparaissent, présentant Erdogan comme un allié d'Isis. 

2) Selon la Russie (le centre de réconciliation qui est sur place) il n'y a aucun exode de civils vers l'extérieur. Au contraire les civils cherchent à rejoindre les zones sous contrôle du gouvernement officiel.

samedi, 15 février 2020

Jean-François Fiorina s’entretient avec Olivier Zajec

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Jean-François Fiorina s’entretient avec Olivier Zajec

Ex: http://notes-geopolitiques.com

Constamment mise à jour et rééditée, l’Introduction à l’analyse géopolitique d’Olivier Zajec (Le Rocher, 2018), publiée pour la première fois en 2013, est en passe de devenir un classique, et son auteur l’une des figures universitaires marquantes de sa génération.

Très impliqué dans la réflexion stratégique, c’est aussi un pédagogue qui excelle dans l’art de sensibiliser le grand public aux questions complexes, comme l’illustre son superbe album de 2017, Frontières (Chronique Editions).

Il n’en était que plus indiqué pour nous parler de son parcours, de sa vision de la géopolitique, et des évolutions que connaît cette discipline, instrument indispensable, résume-t-il, pour « saisir l’alterité » et comprendre les transformations du monde.

Comment en êtes-vous venu à la géopolitique, puis avez-vous choisi d’orienter votre enseignement vers cette discipline ?

Je suis venu à la géopolitique par l’histoire (maîtrise puis agrégation), avant de choisir la science politique comme enseignant-chercheur, à l’issue de ma thèse.

Plus j’enseigne la géopolitique et les Relations internationales, que ce soit à mes étudiants de master à Lyon 3, ou aux officiers dans les écoles de guerre, en France comme à l’étranger, et plus le socle historique m’apparaît comme indispensable.

En règle générale, les géopoliticiens qui ne se préoccupent que d’économie ou de science politique – pour ne rien dire de ceux qui ont un agenda purement idéologique – ont tendance à privilégier les dynamiques par rapport aux inerties, même inconsciemment.

La géopolitique est l’art de pondérer ces deux forces, en tenant compte des conditionnements culturels et spatiaux.

L’histoire, qui donne l’intuition de la longue durée, de ce qui est « lent à couler, à se transformer », comme l’écrivait Braudel, est donc l’une des ancres référentielles majeures de la géopolitique.

Il n’y a pas d’analyse socio-spatiale utile sans prise en compte de la longue durée.

Pour comprendre notre monde, où s’entremêlent sans cesse passé et présent, mémoires et espoirs, coopération et compétition, peut-être vaut-il mieux lire René Grousset que Robert Kaplan.

Vous avez consacré votre thèse à Nicholas Spykman. Sa pensée ou à tout le moins sa méthode d’analyse sont-elles toujours utiles aujourd’hui ?

63318573_14150726.jpgSpykman est un personnage assez fascinant. De nombreux auteurs de géographie politique le classent parmi les géopoliticiens « matérialistes », uniquement préoccupés de quantification des facteurs de force, en particulier militaires, et obnubilés par les déterminismes liés à la localisation des acteurs étatiques.

Tous les manuels répètent ce topos. C’est malheureusement une perspective complètement faussée, qui montre à quel point l’historiographie des concepts et théories géopolitiques est parfois mal connue en France, malgré les travaux récents de Martin Motte, de Pascal Vénier, de Florian Louis, de Philippe Boulanger et d’autres auteurs.

L’originalité de Spykman réside en premier lieu dans sa formation sociologique, laquelle prend racine dans la thèse de doctorat qu’il consacre à la sociologie de Georg Simmel en 1923, et qui fut lue avec profit dans l’entre-deux guerres par de nombreux sociologues, philosophes et spécialistes de relations internationales, parmi lesquels le jeune Aron, comme je l’ai montré dans une biographie publiée en 2016.

Cette culture sociologique, fondée sur une intégration fonctionnelle des interactions, des distances et du conflit, contribue à faire de Spykman un cas singulier chez les politistes et les « géopoliticiens » de l’entre-deux guerres : « Je suis, répétera-t-il souvent, un théoricien social, l’un de ceux qui adaptent un peu de leur théorie sociale dans le domaine des relations internationales… »

Spykman, en raison de son éducation au regard sociologique, sera de fait l’un des rares pionniers des Relations internationales à penser le mot relations au même titre que le mot international.

C’est extrêmement moderne, presque constructiviste, et cela se passe à la fin des années 1920 !

La géopolitique de ce globe-trotter polyglotte est en réalité une géo-sociologie, une modélisation socio-spatiale qui fait la différence entre l’aspect quantitatif de la force, et l’aspect qualitatif de la puissance.

Son concept de « rimland », par exemple, privilégie l’équilibre à l’opposition. Contrairement à ce que répètent les manuels à ce propos, c’est Mackinder, beaucoup plus que Spykman, qui inspire le containment de la Guerre froide.

Spykman est mort prématurément en 1943. En quoi est-il utile dans le monde multipolaire qui est déjà le nôtre ?

D’abord, par sa méthode. Pour lui, la géostructure demeure bien la plus permanente des réalités de la politique internationale.

Mais il est également le premier, des décennies avant la Critical Geopolitics, à faire reposer sa théorie des Relations internationales sur un socle « social ». C’est d’une géopolitique interstitielle et contextualisée de ce type dont nous avons aujourd’hui besoin, me semble-t-il. La géopolitique n’est pas une « science » déterministe.

C’est une méthode d’approche des conditionnements de la scène internationale.

Elle nous suggère des modèles, plutôt que de nous imposer des lois. C’est cette approche dont Spykman a été le pionnier négligé.

Redécouvrir la géopolitique à travers son regard est extrêmement enrichissant.

Par quels autres auteurs, anciens ou actuels, avez-vous été marqué ?

Bien entendu, en matière de géopolitique, il faut connaître et redécouvrir les « classiques » : Ratzel, Mackinder, Mahan, Haushofer, pour s’apercevoir tout à la fois de la richesse de leur pensée (les Allemands, Ratzel surtout, ont été caricaturés) mais également… de leurs limites. Mahan n’est pas très profond, il a beaucoup emprunté.

Mackinder a un regard qui embrasse les continents et brasse les époques, mais son anglo-centrisme outré lui fait exagérer la dichotomie terre-mer d’une manière excessive.

Les auteurs les plus intéressants, anciens ou nouveaux, sont pour moi ceux qui se situent généralement aux marges de la géopolitique.

Par exemple le sociologue Robert Park et son concept de Human Ecology, l’approche d’économie géographique de l’économiste Paul Krugman, ou le travail pionnier et extrêmement pénétrant réalisé sur les frontières par le géographe Michel Foucher.

Pour la synthèse entre géopolitique et stratégie, Coutau-Bégarie doit être lu et relu, car nul n’est plus clair et synthétique.

Le terme « géopolitique » est aujourd’hui très utilisé, souvent de manière extensive, et parfois abusive. Tout ne se résume pas à la géopolitique. A contrario, certains auteurs considèrent aujourd’hui que la mondialisation, parce qu’elle ôte de l’influence aux Etats, donc relativise l’importance politique du territoire, rend la géopolitique, sinon obsolète, en tout cas moins légitime. Comment vous situez-vous dans ce débat ? Et d’une manière générale, dans quelle(s) direction(s) la géopolitique évolue-t-elle aujourd’hui ?

71skiYG2LXL.jpgL’interdépendance économique est certes une réalité. Elle l’était aussi à la veille de 1914.

Son extension ne vaut nullement garantie d’un futur pacifique. Ainsi que le rappelait Hassner dans une optique tout aronienne, « l’universalité ne saurait faire fi de la pluralité, le cosmopolitique de l’interétatique, donc de la rivalité et du conflit ».

La géopolitique a un bel avenir devant elle, contrairement à certaines théories performatives à obsolescence programmée qui promettent, semble-t-il, de disparaître avec les cohortes les plus idéologisées de la génération du baby-boom.

Les années 1990-2000 ont été marquées par une illusion intellectuelle, parfois fortement polarisée idéologiquement.

Après avoir diagnostiqué la fin de la géographie (O’Brien), de l’histoire (Fukuyama), ou des frontières (Ohmae), les analystes transnationalistes ou libéraux-institutionnalistes semblent aujourd’hui sur la défensive.

Sans sous-estimer la force des phénomènes globaux de convergence normative, il nous faut effectivement constater que, dans la société internationale contemporaine, les dynamiques de différenciation politiques semblent bien progresser au rythme même des dynamiques d’uniformisation technologiques.

Je fais souvent la comparaison avec le processus de mise à feu thermonucléaire, fondé sur la fission-fusion : nous voyons en effet à l’oeuvre dans la géopolitique mondiale une concomitance de la fusion globale (économique, financière et technologique) et des fissions locales (culturelles et identitaires).

La première s’accélère, les autres se multiplient. Mal régulé, ce mélange peut libérer des forces explosives d’une intensité accrue.

Le plus urgent, pour préserver la paix, est sans doute de considérer avec attention les mutations dynamiques de la structure internationale actuelle, en estimant à leur juste poids les agendas politiques et culturels des acteurs qui la polarisent.

Certains auteurs voudraient que le monde à venir ne soient fait que de lieux et d’espaces interconnectés d’où les appartenances auraient quasi-disparu.

C’est une dangereuse illusion, qui sous-estime la centralité renouvelée du politique dans notre monde réticulé où la connexion, je le répète souvent aux étudiants, n’est pas forcément le lien.

Entre le local et le global, il y aura toujours des territoires politiquement appropriés, représentés et défendus par des États.

Ces derniers utiliseront le droit et la technologie comme des instruments et non des fins en soi, de manière à augmenter leur influence et densifier leur puissance, au nom de leur autonomie stratégique et de leur liberté d’action.

C’est la raison pour laquelle la géopolitique est aussi intéressante : interprétative et non explicative, elle permet de tempérer nos projections, en modélisant les conditionnements qui agiront sur les matrices de coopération, de compétition et d’opposition de cette nouvelle scène internationale.

En ce sens, les analyses que l’on pourrait appeler « statophobes » voilent la réalité des relations internationales.

Il y a, me semble-t-il, un immense désir d’État dans le monde. Mais des États réformés. Représentatifs. Respectueux de leurs peuples. Que veulent d’ailleurs ces derniers ?

Une connexion au niveau global qui ne détériore pas le respect de leur identité au niveau local.

L’État, à la charnière du global et du local, est donc consubstantiel à la mondialisation, parce que dans un monde accéléré, on attend de lui qu’il assure la paix et la sécurité sur un territoire, en produisant du commun plutôt que de se soumettre aux seules lois du marché.

Sur ce point de la place des États dans la mondialisation, vous avez parfaitement raison de dire que tout ne se résume pas à la géopolitique. Il faut aussi, entre autres, se tourner vers la théorie des relations internationales.

Comme le rappelle ainsi avec raison Michael Williams, reprenant en cela des avertissements similaires du constructiviste Alexander Wendt, « Il est important de noter que l’État demeure une limite – non la limite de la communauté politique. Reconnaître la centralité continue des acteurs étatiques n’empêche en aucune manière le développement – et l’étude analytique – d’autres formes d’ordres, d’institutions, de solidarités transversales et de transformations par-delà les frontières ».

affolement-monde-beandeau.pngDans son récent essai, L’affolement du monde, Thomas Gomart dit que nous vivons un moment « machiavélien », au sens où l’analyse des rapports de force, qui était passée au second plan à l’ère des grandes conférences sur le désarmement, reprend une importance fondamentale dès lors que les trois principales puissances, Etats-Unis, Russie et Chine, réarment comme jamais. Après avoir contribué à stabiliser le monde, ce que le général Gallois appelait « le pouvoir égalisateur de l’atome » est-il en train de devenir obsolète ?

L’analyse de Thomas Gomart est fondamentalement juste. Il faut également lire les développements qu’il a récemment consacrés à la notion d’intérêt national.

En étant sur une ligne pour l’essentiel complémentaire, j’aurais simplement tendance à dire que le moment que nous vivons est sans doute autant « clausewitzien » que « machiavélien ».

Machiavel raisonne en termes de rapports de force transactionnels. Il faut le compléter avec les aspects interactionnels de la théorie réaliste de la guerre clausewitzienne. Celle-ci ne peut pas être restreinte à la stratégie dite « classique ».

Relire Clausewitz, c’est comprendre l’importance de distinguer, pour reprendre son expression, les genres de guerres dans lesquels s’engagent ou auxquelles se préparent les États, et les relations stratégiques qui en découlent au niveau international.

Ceux qui ont négligé Clausewitz pendant la parenthèse idéaliste des années 1990-2000 ont eu tendance à oublier que De la Guerre était un ouvrage de théorie sociale, fondée non pas sur les seuls rapports de force, mais sur la dialectique des intérêts et des volontés.

Et précisément, la dissuasion nucléaire est une dialectique, avant d’être un rapport de force. Les Français l’ont parfaitement compris avec leur concept de stricte suffisance.

La dissuasion reste plus que jamais pertinente et stabilisatrice dans le monde qui vient. Simplement, elle ne peut pas résoudre tous les problèmes.

Sous la voûte nucléaire qui nous garantit des guerres absolues, un considérable espace de conflits potentiels – y compris de guerres majeures – demeure, qu’il faut anticiper et auxquels il faut se préparer en renforçant l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe.

Que peut apporter une culture géopolitique aux futurs managers qui auront à évoluer dans une économie mondialisée ?

Le sens des permanences, qui seul donne l’intelligence des transformations. Et je ne vois pas d’aptitude professionnelle qui soit plus précieuse aujourd’hui.

Que faudrait-il enseigner concrètement aux étudiants en matière de géopolitique ?

Je constate depuis une dizaine d’années, à l’occasion des cours et des conférences que je donne en stratégie, géopolitique ou relations internationales, que le niveau de culture historique, artistique, religieuse et surtout littéraire décroît de manière dramatique. Ce n’est pas un lamento régressif.

C’est un fait brut, massif, inquiétant. Or, il ne peut y avoir de compréhension, d’interprétation, de saisie de ce qui porte l’autre, de ses traumatismes historiques, de ce qui l’attache à un territoire, sans prise en compte de sa matrice spirituelle, de ses modes de représentation du bien et du mal, du beau et du laid, du juste et de l’injuste.

On ne saisit pas la spécificité iranienne sans connaître sa poésie millénaire. Balzac permet toujours de comprendre ce pays déconcertant qu’est la France. Kennan – l’un de mes auteurs préférés – conseillait au Département d’Etat de lire Tchekhov plutôt que les briefs de la CIA pour mieux comprendre les Russes.

Sans les humanités, nous analysons à vide.

9782707178329.jpgDu point de vue des apprentissages, la « géopolitique » n’y fera rien, ni l’économie, ni la « communication ».

Le rejet de la culture générale dans les écoles qui forment les élites françaises est une stupidité sans nom. L’économie, le marketing, sont importants. Mais c’est la culture, pas l’économie, qui nous empêche de nous jeter les uns sur les autres.

La culture n’est pas un produit de nos déterminismes sociaux, elle n’est pas un outil de reproduction de ces derniers, c’est au contraire ce qui permet de leur échapper. Elle est tout ce qui peut parfois paraître inutile de prime abord.

Mais c’est cette culture générale qui donne son prix à une analyse géopolitique, à une dissertation d’économie, à un policy paper de think-tank, parce qu’elle permet de lever le nez des chiffres ou des oracles liés aux taux de croissance, au débit internet, ou au nombre de porte-avions.

Je conseillerais aux étudiants en géopolitique de ne pas utiliser exclusivement les méthodologies instrumentales et quantifiées qu’on leur présente parfois comme plus efficaces, et d’investir aussi dans les outils d’analyse qui permettent d’approfondir l’inquantifiable des vies humaines.

Simone Weil avait saisi cette dimension lorsqu’elle écrivait que « La perte du passé, collective ou individuelle, est la grande tragédie humaine, et nous avons jeté le nôtre comme un enfant déchire une rose. C’est avant tout pour éviter cette perte, concluait-elle, que les peuples résistent désespérément à la conquête. »

Lire cette phrase, la retenir, la méditer, permet de mieux comprendre la raison pour laquelle un petit pays peut résister à un grand pendant si longtemps.

La géopolitique, méthode d’approche multidisciplinaire des Relations internationales, permet de mieux saisir l’altérité.

À condition de l’ouvrir à l’histoire et à la littérature : celles-ci nous fournissent les clés d’un passé qui, en transmettant ce qui fut, nous murmure parfois ce qui sera.

Comment a été reçu votre dernier livre ?

Frontières, paru en 2017, a été bien reçu. Je suis très fier que l’Armée de terre l’ait distingué par le prix « L’Épée ».

Mieux nous comprendrons la nécessité fonctionnelle et indépassable des frontières, moins il y aura de murs dans le monde.

Faire de la géopolitique, c’est également, me semble-t-il, comprendre ce type de paradoxes.

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Pour en savoir plus sur Olivier Zajec:

Olivier Zajec, 43 ans, est maître de conférences en science politique à la faculté de droit de l’université Jean Moulin – Lyon III (EA 4586), où il a fondé et dirige l’Institut d’études de stratégie et de défense (IESD).

Agrégé et docteur en Histoire des relations internationales (Paris-IV Sorbonne), diplômé de l’École Spéciale Militaire de Saint Cyr et de Sciences-Po Paris, il est membre du Conseil scientifique et chef du cours de géopolitique de l’École de Guerre (Paris) depuis 2015.

Conférencier à l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale (IHEDN), à Paris Sorbonne Université Abou Dhabi (PSUAD) et au Centre des Hautes Études Militaires (CHEM), il est chargé de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée (ISC, Paris) et directeur adjoint de la revue Stratégique.

En même temps, il collabore régulièrement à diverses publications de défense et de relations internationales : Le Monde diplomatique, Défense et sécurité internationale (DSI), Res Militaris, Conflits, La Revue de Défense nationale.

Il prépare actuellement un ouvrage consacré aux fonctions politiques de la guerre dans les relations internationales.

Olivier Zajec est l’auteur de nombreux articles et de divers ouvrages, dont :

La Mesure de la Force. Traité de stratégie de l’École de Guerre, (avec Martin Motte, Jérôme de Lespinois et Georges-Henri Soutou), Paris, Tallandier, avril 2018 (voir CLES, HS 81, janvier 2019, notre entretien avec Martin Motte) ;

Frontières. Des confins d’autrefois aux murs d’aujourd’hui, Paris, Éditions Chronique, septembre 2017 (Prix « L’Épée » 2018) ;

French Military Operations, dans Hugo Meijer and Marco Wyss (dir.), The Handbook on European Armed Forces, Oxford University Press ;

La formation des élites militaires : un enjeu de politique publique, Stratégique, n° 116, août 2017 ;

Introduction à l’analyse géopolitique. Histoire, outils, méthodes, quatrième édition revue et augmentée, Paris, Éditions du Rocher, septembre 2018 ;

La formation des élites militaires : un enjeu de politique publique, Stratégique, n° 116, août 2017 ;

Hyperconnectivité et souveraineté : les nouveaux paradoxes opérationnels de la puissance aérienne, Défense et sécurité internationale, septembre 2017 ;

Security studies et pensée stratégique française : de la vision globale à la myopie contextuelle, Res Militaris. Revue européenne d’études militaires, hors-série France : opérations récentes, enjeux futurs, décembre 2016 ;

Nicholas J. Spykman, l’invention de la géopolitique américaine, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, mars 2016 (Prix Albert Thibaudet 2016) ;

Carl von Clausewitz en son temps : die Natur des Mannes, lecture critique de Bruno Colson, Clausewitz, Paris, Perrin, 2016, Stratégique, n° 114, décembre 2016.